Dans le même sillage de la création de la banque des BRICS en 2015, la dernière initiative du lancement d’une bourse des céréales par le même groupe poursuit son petit bonhomme de chemin. Du reste, lors de leur dernier sommet annuel en Russie, les Brics ont acté le lancement de leur propre bourse des céréales, qui pourrait ensuite être étendue aux oléagineux et aux légumineuses. L’un des objectifs de cette proposition n’est autre que le renforcement du poids des pays membres de cette organisation sur le marché mondial et de rivaliser avec les bourses d’Euronext et de Chicago.Récemment, la Russie a annoncé une décision majeure qui va certainement provoquer des chamboulements importants dans les relations commerciales avec plusieurs pays, puisque, désormais, Moscou va livrer directement ses céréales à treize nations, parmi lesquelles figure l’Algérie, sans passer par des intermédiaires étrangers. Cependant la Russie, malgré la guerre et les sanctions, représente un quart des exportations mondiales de blé. Force est de constater que depuis les événements économiques engendrés par l’avènement de la Covid 19, l’Algérie, qui était très dépendante des fournisseurs européens et américains en céréales, a tenté de diversifier ses fournisseurs, et bien entendu la Russie constitue un fournisseur fiable. Des chiffres du marché des céréales en Afrique du Nord et au Moyen-Orient montrent un revirement en faveur de la Russie. A ce propos, le docteur en économie Mohamed Achir, économiste et enseignant-chercheur à l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, a expliqué sur les ondes de Sputnik Afrique la situation. «Le marché des céréales est un marché stratégique. L’Algérie, l’Égypte, enfin toute l’Afrique, ont besoin de céréales. Nous sommes de grands consommateurs de céréales», rappelle d’abord Achir. «Certains pays n’ont pas obéi à ce que l’on appelle l’extraterritorialité de la loi américaine, qui interdit à certains pays du monde de travailleravec la Russie suite aux sanctions. La Russie a quand même su trouver des solutions», détaille l’économiste. «Je pense que les relations politiques et sécuritaires qui sont au beau fixe entre l’Algérie et la Russie constituent quand même un facteur permettant l’approfondissement des relations économiques et un passage à des relations économiques qualitatives». L’Algérie, comme d’autres pays, a augmenté ses achats de blé russe durant la campagne 2023-2024. En effet, les importations algériennes ont grimpé de 9 % pour atteindre un niveau record de 2,34 millions de tonnes durant la même campagne, selon les données de l’Agence nationale russe d’exportation de produits agricoles Agro Export. De ce fait, la Russie a fourni près d’un tiers des besoins en blé de l’Algérie, dont les importations devraient s’élever à 8 millions de tonnes, sur les 14 millions de tonnes de céréales (blé, maïs et orge) que devrait importer le pays durant la même saison, selon les prévisions de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Par ailleurs, les importations de maïs devraient atteindre un niveau proche de la moyenne, soit 4 millions de tonnes, et celles d’orge, légèrement inférieures à 1 million de tonnes, destinées à l’alimentation animale, selon la FAO, qui indique que pour la campagne 2024-2025, le volume des importations céréalières devrait augmenter légèrement avec des prévisions de l’ordre de 14,1 millions de tonnes. Pour rappel, depuis 2020, l’Algérie autorise l’importation de blé tendre présentant un pourcentage de dégâts d’insectes plus élevé (de 0,2 % à 0,5 % et une nouvelle augmentation à 1 % fin 2021) dans le but d’augmenter le nombre de pays potentiels fournisseurs de blé. Depuis, la Russie a augmenté ses exportations de blé vers le pays et elle est actuellement l’un des principaux fournisseurs de blé.
Rabah Karali