Alors que les besoins de financement en Afriques en matière de climat sont estimés à hauteur de 277 milliards de dollars, seulement une somme de 13,3 millions de dollars a été débloquée par le Conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement (BAD) au profit du guichet d’action climatique relevant du Fonds africain de développement (FAD), filiale du groupe de la BAD, qui va lancer une deuxième opération de financement des projets climatiques éparpillés sur 37 pays africains à faible revenu. L’opération a été annoncée à l’occasion des Assemblées annuelles du groupe de la BAD qui se déroulent du 27 au 31 de ce mois à Nairobi, la capitale kényane, et ce, dans le but de réaliser des projets permettant l’accélération de la résilience face au changement climatique, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre à travers la promotion des investissements dans différents secteurs économiques. A travers cette opération, le FAD espère collecter plus de 4 milliards de dollars auprès des Etats, institutions et organismes gouvernementaux et non gouvernementaux, appelés à soumettre leurs propositions avant juillet prochain, selon les explications du vice-président de la BAD chargé de l’énergie, le climat et la croissance verte, Kevin Kariuki, lors d’une session spéciale des donateurs du Guichet d’action climatique relevant du Fonds. A noter que depuis sa création en 1972, le FAD vient combler l’important déficit de financement climatique en Afrique qui est de l’ordre de 60 milliards de dollars par an, et contribue à promouvoir le développement économique et social dans les pays d’Afrique les plus vulnérables, en octroyant des financements concessionnels du groupe de la BAD, dédié à la mise en œuvre des projets et des programmes, outre l’assistance technique pour mener des études et des activités de renforcement des capacités. Les ressources de ce fonds proviennent principalement des pays donateurs et qui sont reconstituées tous les trois ans. Pour sa part, le FAD a créé le guichet d’action climatique en Afrique lors du 16e cycle de reconstitution de ses ressources. Il a comme mission principale de soutenir les projets destinés aux secteurs de l’agriculture, la sécurité alimentaire, la sécurité de l’eau, l’information climatique et alerte précoce, transport et infrastructures verts, énergie verte et efficacité énergétique. En ce qui concerne l’assistance technique, ce guichet aide les pays à élaborer des politiques et des stratégies nationales en matière de climat et l’amélioration de l’environnement des investissements. Dans un précédent rapport, la Banque mondiale a souligné que le réchauffement climatique a causé pour le continent africain une perte de terres cultivables, une baisse de la production agricole, une sous-alimentation qui risque d’empirer, une hausse des risques de sécheresse et une baisse des prises de poissons. Cette situation a entraîné une extrême pauvreté avec des conséquences désastreuses dans plusieurs pays africains. En outre, la Banque mondiale a établi depuis 2020 un business plan pour le climat en Afrique, en sollicitant la collaboration des gouvernements africains et les institutions internationales pour relever les défis du changement climatique. Une enveloppe financière de 8,5 milliards de dollars est parvenue en 2020 de l’association internationale de développement (IDA), pour financer quelques projets, et le reste provient de diverses sources bilatérales et multilatérales pour venir en aide au continent le plus pauvre. Le rapport précise que d’autres sources dédiées au financement de la lutte contre le changement climatique pour un coût d’environ 21 milliards de dollars ont été allouées pour différents projets et dont les résultats plus poussés pourraient être obtenus en 2025. Il est à rappeler que la première opération de financement du FAD avait permis de financer 359 projets pour un montant de 4 milliards de dollars. De son côté, la BAD s’est engagée à allouer au moins 40% de ses investissements annuels, soit un montant de 25 milliards de dollars, au financement destiné à la lutte contre les changements climatiques au cours de la période 2020-2025.
Naima Allouche