Par Hamid Mecheri
Le gouvernement va repousser encore une fois d’une année l’obligation faite aux commerçants de mettre à la disposition des consommateurs des terminaux de paiement électronique (TPE) pour leur permettre d’opter pour un règlement électronique de leurs achat et réduire ainsi l’utilisation de cash, premier facteur de la prolifération de l’informel en Algérie.
Une disposition prévue dans le PLF 2022, dont l’article 170 a justifié ce report par la nécessaire préparation des producteurs nationaux de mettre sur le marché suffisamment de terminaux de paiement électronique (TPE) et éviter ainsi l’importation massive de ces appareils.
Pour l’expert en économie, le professeur Slimane Nacer, l’ajournement de l’entrée en vigueur de la généralisation de payement électronique devrait probablement avoir un impact sur les efforts du gouvernementdans la lutte contre le secteur informel, qui tente d’attirer l’importante masse monétaire se trouvant hors circuit bancaire afin d’en bénéficier pour servir l’économie nationale.
L’entrée en vigueur de la disposition de l’obligation des commerçants et autres institutions de mettre à la disposition des clients des moyens pour le payement électronique a été prévu pour une date limite fixée, une première fois, au 31/12/2018 (LF 2018), puis elle a été reportée plus d’une fois, et maintenant elle est reportée au 31/12/2022.
Le professeur Slimane Nacer a considéré que l’imposition de la généralisation de payement électronique est beaucoup plus efficace que la finance islamique et l’emprunt obligataire, pour attirer la masse monétaire circulant hors des circuits des banques, notamment sur le marché parallèle, véritable « casse-tête aux gouvernements successifs ».
« Nous avons dit, à plusieurs reprises, que les cartes actuellement utilisées, comme “Eddahabya” pour la Poste et les cartes de payement interbancaires (CIB), ne sont pas des cartes de crédit. Ce qui signifie que les détenteurs de ces cartes ne les utilisent pas dans un processus de paiement à moins qu’il aient un solde à la poste ou en banque », a-t-il expliqué.
« Alors que lorsque le paiement est obligatoire par carte, son propriétaire est obligé de fournir son solde avec de l’argent pour utiliser sa carte, puis l’argent passera automatiquement des coffre-fort et des maisons à la poste et aux banques », a-t-il ajouté.
Le frein de la généralisation obligatoire des TPE
L’expert en économie a suggéré au gouvernement l’adoption d’une démarche graduel et progressive pour l’utilisation des TPE, au lieu d’une généralisation obligatoire qui se boutera à chaque fois par un repoussement des délais de mise en vigueur.
« Il est vrai que le fait d’imposer la carte de payement dans tous les domaines est une tâche difficile et pratiquement impossible, comme dans les marchés de légumes et de fruits et les marchés populaires, mais il a été possible d’imposer son utilisation dans certains domaines comme le paiement des factures d’électricité et de gaz, l’eau, les forfaits et les téléphones portables, Internet, les stations-service, les supermarchés.. etc., comme étape préliminaire pour imposer son utilisation dans le reste des secteurs », a-t-il estimé.
Pour rappel, l’annonce du ministère du Commerce, l’année dernière, de l’obligation de la généralisation de payement électronique pour les commerces en détails et en gros, a été rencontré par le doute et scepticisme de plusieurs experts et opérateurs économiques.
Ils arguent qu’il n’est pas faisable de doter l’ensemble des commerçants de pays de quantités nécessaires de TPE, une opération qui sera lourdement coûteuse pour le gouvernement étant donné que ces appareils seront distribués gratuitement.
L’autre raison est liée à mentalité régnante des Algériens qui utilisent le cash à large échelle, et se montrent souvent méfiants quand aux risques de magouilles et escroqueries qui encourent l’utilisation des cartes bancaires pour payer leurs achats.
Une opération de sensibilisation pour accompagner les efforts de l’introduction de payement électronique est ainsi très nécessaire.