Le projet de loi de finances pour 2025 en Algérie, actuellement en préparation, présente un budget ambitieux tout en faisant face à d’importants défis économiques. Ce texte, qui sera soumis à l’Assemblée populaire nationale, prévoit des recettes budgétaires de 8 523,1 milliards de dinars (environ 63 milliards de dollars) pour des dépenses de 16 794,6 milliards de dinars (124 milliards de dollars), soit un déficit budgétaire de 8 271,5 milliards de dinars (61 milliards de dollars), représentant 21,8% du PIB.
Une croissance économique modérée
Le gouvernement algérien table sur une croissance économique de 4,5% en 2025, tirée principalement par les secteurs hors hydrocarbures. L’agriculture devrait connaître une croissance de 4,4%, l’industrie de 6,2% et les services de 5,3%. Le secteur des hydrocarbures, pilier traditionnel de l’économie algérienne, devrait croître plus modestement de 2,4%.
Cette projection de croissance s’inscrit dans un contexte de diversification économique, l’Algérie cherchant à réduire sa dépendance aux hydrocarbures. Le PIB hors hydrocarbures devrait ainsi croître de 5% en 2025, contre 4,5% pour le PIB global.
Des recettes fiscales en hausse
Les recettes budgétaires prévues pour 2025 s’appuient sur une augmentation significative des recettes fiscales hors hydrocarbures. Celles-ci devraient atteindre 4 156,9 milliards de dinars, soit 11% du PIB. Cette progression reflète les efforts du gouvernement pour élargir l’assiette fiscale et améliorer le recouvrement des impôts.
La fiscalité pétrolière, bien qu’en légère baisse par rapport aux années précédentes, reste une source importante de revenus avec 3 454 milliards de dinars prévus, soit 9,1% du PIB.
Les dépenses budgétaires pour 2025 sont fixées à 16 794,6 milliards de dinars, soit 44,4% du PIB. Ce niveau élevé de dépenses publiques traduit la volonté du gouvernement de soutenir la croissance économique et de maintenir les programmes sociaux malgré les contraintes budgétaires.
Les principaux postes de dépenses concernent l’éducation nationale (1 716,2 milliards de dinars), la défense nationale (3 349,5 milliards de dinars), la santé (1 041 milliards de dinars) et le travail, l’emploi et la sécurité sociale (836,3 milliards de dinars).
Un déficit budgétaire important
Le projet de loi de finances pour 2025 prévoit un déficit budgétaire de 8 271,5 milliards de dinars, soit 21,8% du PIB. Ce niveau élevé de déficit soulève des questions sur la soutenabilité à long terme des finances publiques algériennes. Le gouvernement devra trouver un équilibre délicat entre le soutien à la croissance économique et la maîtrise des dépenses publiques.
Un prix de référence conservateur
L’un des aspects les plus frappants de ce projet de loi est le choix d’un prix référentiel du baril de pétrole fixé à 60 dollars pour la période 2024-2026, alors que sur le marché international, le cours du baril ne descend pas en dessous de 80 dollars depuis plus de deux ans. Cette décision de sous-estimer volontairement les recettes pétrolières potentielles soulève plusieurs questions et implications pour l’économie algérienne.
Cette approche conservatrice dans l’estimation des revenus pétroliers témoigne d’une volonté de prudence budgétaire de la part du gouvernement algérien. En fixant un prix de référence nettement inférieur au cours actuel du marché, l’Algérie se prémunit contre d’éventuelles fluctuations à la baisse du prix du pétrole, qui pourraient survenir dans les années à venir.
Cette stratégie pourrait avoir des conséquences positives sur la réduction du déficit budgétaire. En effet, si les prix du pétrole se maintiennent au-dessus des 80 dollars le baril, l’Algérie pourrait bénéficier de recettes supplémentaires significatives, non prises en compte dans les prévisions budgétaires. Ces revenus additionnels pourraient contribuer à réduire le déficit budgétaire, estimé à 21,8% du PIB dans le projet de loi de finances pour 2025.
Par exemple, avec un prix du baril à 80 dollars au lieu de 60 dollars, les recettes de la fiscalité pétrolière pourraient augmenter d’environ 33%, passant de 3 454 milliards de dinars à près de 4 605 milliards de dinars. Cette augmentation potentielle de plus de 1 150 milliards de dinars pourrait réduire le déficit budgétaire de près de 14%, le faisant passer de 21,8% à environ 18,8% du PIB.