Deux navires chinois affrétés par le groupe algérien Cevital n’ont pas pu accoster dans le port de Béjaïa. Refusés par l’administration portuaire, ils ont tous deux été contraints de venir faire escale dans des ports européens pour y faire stocker la marchandise se trouvant à bord. L’industriel attend de pouvoir renvoyer en Algérie le matériel destiné à la construction d’une usine de trituration.
Le 3 février, le navire « Tian Le », de l’armateur Cosco, embarque dans le port de Changshu une cargaison de 964 tonnes (représentant 7.445 m3) de matériel destiné à la construction par le groupe Cevital d’une unité de trituration de graines oléagineuses dans la wilaya de Béjaïa. Le conventionnel est refusé mi-mars par l’autorité portuaire du port de Béjaïa (EPB). Il quitte donc les eaux territoriales du pays pour faire escale à Anvers, le 15 avril, où il débarque son matériel. Mi-avril, le « Da Cui Yun », un autre navire de l’armateur chinois, prévu pour faire escale le 13 mai dans le port de Béjaïa avec des colis hors gabarit pour le même industriel, est également refusé par les autorités portuaires algériennes. Il est donc dérouté, selon Franck Looten, directeur des achats fret du pôle industrie chez Cevital pour venir décharger sa cargaison en Darse 3 de Fos. 640 tonnes sont débarquées par le manutentionnaire Sosersid et stockées, en attente d’être réexpédiées vers le port de Béjaïa.
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« Des cargaisons stockées à Fos et à Anvers en attente de réexpédition »
Dans un courrier adressé à la direction générale du groupe Cevital Spa, l’entreprise portuaire de Béjaïa a indiqué qu’elle avait refusé de laisser accoster le « Tian Le » en raison d’absence d’informations fournies quant à la nature des équipements transportés, leur destination finale et leur lieu d’installation. L’industriel a répondu qu’il s’agissait d’équipements industriels ayant obtenu « un agrément de l’ANDI » (dispositif de l’Agence nationale de développement de l’investissement) ainsi que « les autorisations d’achat en franchise de droits de douane et de TVA délivrées par la DGE (Direction des grandes entreprises) ».
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Action en référé auprès du tribunal de Béjaïa
Pour ce qui est du lieu d’installation, l’industriel a répondu que « ces équipements (avaient) vocation à être installés dans la wilaya de Béjaïa, le lieu d’installation finale dépendant des autorisations qui seront données par les autorités locales ». Enfin, il a été affirmé au PDG de l’EPB que « ces demandes d’informations préalables sur la nature et la destination des marchandises (…) n’entraient pas dans les prérogatives du port de Béjaïa et de son premier responsable ».
Devant le refus de l’autorité portuaire de laisser accoster le navire de l’armateur Cosco, malgré ces explications, une action en référé a été introduite auprès du tribunal de Béjaïa. Ce dernier a donné raison au groupe Cevital par une ordonnance en référé du 27 mars 2017, ordonnant à l’EPB de décharger les équipements. Cette décision a été annulée le lendemain 28 mars 2017, par une juge dépêchée d’Alger vers Béjaïa.
Les navires sont donc restés tous deux bloqués en rade de Béjaïa avant d’être contraints de se détourner vers Anvers ou Fos pour y décharger les équipements. Un matériel qui est aujourd’hui stocké dans les deux ports européens dans l’attente d’une solution au problème.
Vincent Calabrèse (l’antenne)
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