Le PLF en prévoit des dettes, mais d’une tout autre nature

Vers un endettement extérieur pour investir

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L’histoire de l’Algérie avec l’endettement extérieur est un cas d’école. L’on se souvient de 1984 à 1999, le pays s’est endetté pour cause d’une grave crise économique. Chute des prix des hydrocarbures, mauvaise gestion, train de vie au-dessus des moyens financiers du pays, l’endettement auprès des instances financières internationales n’était pas assez facile. Entre endettement proprement dit et le rééchelonnement imposé par les instances monétaires mondiales, le pays s’est retrouvé dépourvu de la décision qui devait être la sienne. Dans les années 1980, le pays a bénéficié de revenus pétroliers qui ont permis une croissance rapide. Cependant, la chute des prix du pétrole à la fin de cette décennie a engendré une crise économique sévère, poussant l’Algérie à s’endetter pour stabiliser son économie et financer des projets de développement. En 1990, la dette extérieure avait atteint environ 28 milliards de dollars, entraînant des mesures d’austérité qui ont eu des répercussions sur la population, avec des coupes dans les dépenses publiques et des hausses de prix. À partir de 1994, l’Algérie a adopté des programmes d’ajustement structurel imposés par le FMI, visant à réduire la dette à travers des réformes économiques. Toutefois, ces programmes ont souvent été critiqués pour leurs effets néfastes sur le tissu social, entraînant des tensions politiques et des mouvements sociaux. Face à cette crise, l’Algérie a entrepris des renégociations de sa dette avec ses créanciers, soutenues par la hausse des prix du pétrole dans les années 1990, permettant une certaine stabilisation et une réduction progressive de la dette. Cette situation historique éclaire les récentes mesures, telles que celles introduites dans l’article 200 de la loi de finances complémentaire pour 2020. Cet article souligne l’importance de définir des secteurs stratégiques pour l’économie algérienne, avec une attention particulière à la production d’engrais. L’intégration de ce secteur dans la liste des secteurs stratégiques vise à garantir l’autosuffisance alimentaire et à réduire la dépendance vis-à-vis des importations, reflétant une volonté de l’État d’exercer un contrôle accru sur des domaines clés de l’économie. L’article 52 de la même loi permet à l’État d’exercer un droit de préemption sur les cessions d’actions dans ces secteurs stratégiques, garantissant ainsi que les intérêts nationaux restent protégés face aux investissements étrangers. Cela s’inscrit dans une démarche visant à éviter les erreurs du passé où des secteurs clés ont été ouverts à des investisseurs étrangers sans protections suffisantes pour l’économie nationale. En somme, l’analyse des dettes algériennes entre 1984 et 1999 met en lumière des leçons essentielles pour les décideurs actuels, soulignant l’importance de bâtir une économie plus résiliente et autonome à travers des réformes stratégiques. Avec sa modification dans l’avant-projet de loi de finance 2025, les hautes autorités du pays ont pensé élargir le champ d’action de l’endettement à l’extérieur en y introduisant, outre les industries militaires et les engrais, d’autres secteurs d’activités jugés stratégiques. « Cette mesure vise à modifier les dispositions de l’article 50 de la loi de finances complémentaire pour 2020, modifiées et complétées, à l’effet de compléter la liste des secteurs stratégiques en intégrant l’activité de production des engrais, et ce, afin de permettre à l’État algérien d’exercer le droit de préemption au sens de l’article 52 de la LFC 2020. En effet, l’article 52 de la LFC pour 2020 stipule que, toute cession d’actions ou de parts sociales, détenues dans le capital social d’une société de droit algérien exerçant dans l’un des secteurs stratégiques, réalisée au profit de personnes physiques ou morales étrangères, est subordonnée à l’autorisation préalable des services habilités », stipule le texte de la LFC 2020. 

L. H