Le NSD-S, pôle stratégique sud de l’OTAN, inclut le Sahel dans son champ d’action

L’Algérie vigilante à son continuum maghrébo-sahélien

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Dans une discrétion totale, l’Otan a créé, au début du deuxième trimestre de 2024, le pôle stratégique sud de l’OTAN, connu sous le nom de pôle NSD-S, et qui sera greffé au commandement interallié des forces alliées basées à Naples. L’objectif en est d’identifier les opportunités et les défis liés à l’Afrique du Nord, au Moyen-Orient, au Sahel, à l’Afrique subsaharienne et aux régions adjacentes, tout en contribuant à la coordination des efforts de l’OTAN dans la région.

Dans ce sillage, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a nommé Javier Colomina, qui était sous-secrétaire général adjoint pour les affaires politiques et la politique de sécurité, représentant spécial et point de contact de l’OTAN pour le Sud.

Si l’OTAN a un programme de partenariat établi avec plusieurs pays d’Afrique du Nord limitrophes du Sahel, dont l’Algérie, l’espace sahélien a échappé jusque-là à son intérêt. L’activité de la Chine, mais aussi et surtout celle de la Russie semblent avoir justifié cette nouvelle architecture.

    Pourtant, l’immixtion de l’Otan en Afrique n’est pas vue d’un œil de bienveillance, loin s’en faut. L’antécédent libyen est encore frais et dans toutes les mémoires africaines pour en oublier les dégâts occasionnés.

    Entre le début et la fin de l’année 2012, la situation sécuritaire en Libye et dans la région du Sahel a évolué rapidement. Les développements de l’intervention militaire franco-otanienne ont été catastrophiques, culminant avec le pic de l’assassinat d’un chef d’Etat d’un pays prospère qu’ils ont réduit à un espace de guerres intestines ininterrompues depuis plus de treize longues années.

   Aujourd’hui, pour l’OTAN, le Programme NSD-S HUB se concentre sur l’Afrique du Nord, le Sahel, l’Afrique subsaharienne et le Moyen-Orient, ainsi que sur les régions, les eaux et l’espace aérien adjacents, tout en intégrant les tendances transnationales affectant l’ensemble des régions.

    Comme il fallait trouver un motif crédible qui cacherait les motifs réels de cette greffe du Sahel dans le champ d’activité de l’Otan, lors de leur réunion tenue à Bruxelles les 4 et 5 avril 2024, les ministres des Affaires étrangères de l’OTAN ont examiné les conclusions d’un groupe d’experts indépendants sur l’approche de l’OTAN à l’égard de ses voisins du sud. Dans son rapport, l’équipe d’experts met en avant la relation entre la sécurité des pays voisins de l’OTAN – Afrique du Nord, Moyen-Orient, Sahel et régions voisines – et la sécurité des pays de l’OTAN. Ce rapport souligne également que les défis profondément enracinés dans ces régions sont désormais exacerbés par la concurrence stratégique mondiale et les multiplicateurs de menaces tels que le changement climatique.

     Le groupe d’experts estime que l’OTAN doit continuer de suivre une approche globale fondée sur le dialogue, la communication et la coopération pratique avec les organisations internationales et régionales et avec les pays partenaires. Selon lui, l’organisation devrait concentrer ses efforts sur des domaines tels que la lutte contre le terrorisme, la sécurité maritime, la résilience, la sécurité climatique, les femmes, la paix et la sécurité.

    Beaucoup d’experts africains demeurent dubitatifs et se demandent si la volonté de l’OTAN de contrecarrer le duopole sino-russe ne va pas transposer la guerre de basse et de moyenne intensité de l’Europe vers la triple région maghrébo-saharo-sahélienne…

Fayçal Oukaci