Le « nomadisme politique » : une pratique controversée au cœur desdébats politiques algériens

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Le phénomène du « nomadisme politique », qui désigne le passage des militants d’un parti à un autre, suscite des réactions contrastées parmi les responsables politiques en Algérie. Entre quête de stabilité institutionnelle et recherche de cohérence idéologique, ce sujet
alimente le débat sur l’avenir du paysage politique algérien. FatehBoutbig, président du du Front El Moustakbal, reconnaît la réalité de cette pratique tout en pointant ses conséquences négatives. Selon lui : « Il n’y a pas de honte à passer d’un parti à un autre, mais le véritable problème réside dans la perpétuation de certaines pratiques et attitudes qui nuisent au processus politique et à la confiance des citoyens. Nous, au Front El Moustakbal, sommes conscients de ce problème d’instabilité des militants dans les partis politiques. Nous voulons réformer la vie politique en bâtissant des assemblées élues solides, à travers des débats constructifs, des délibérations efficaces et une stabilité institutionnelle. »
Pour Boutbig, la priorité est d’assurer un cadre institutionnel stable et de garantir une confiance renouvelée des citoyens envers leurs
représentants.
Saïd Nefissi, vice président du parti Mouvement El-Bina, nuance la critique en insistant sur les motivations des militants, «  Les convictions des gens évoluent. Lorsqu’une personne cherche l’intérêt national et découvre un programme plus fort et plus adapté, cela peut justifier son changement de parti. Cependant, si ce nomadisme est motivé par des intérêts personnels ou des ambitions électorales, cela devient problématique. Il est essentiel de ne pas juger hâtivement et de comprendre les motivations réelles des militants. » Cette distinction souligne la complexité du phénomène, oscillant entre choix personnel légitime et opportunisme politique.

Pour Abdelkader Bengrina, président du Mouvement El-Bina, le problème réside également dans la perception des partis politiques en
tant qu’organismes administratifs plutôt que comme des acteurs sociaux , « Les partis et associations doivent être des médiateurs
sociaux entre le pouvoir et les citoyens, conformément à la démocratie participative locale consacrée par la nouvelle constitution.
Malheureusement, les partis sont souvent traités comme des structures administratives dépendant du ministère de l’Intérieur, au lieu de jouer leur véritable rôle de lien entre les différentes strates de la société. »
Bengrina plaide pour une redéfinition du rôle des partis politiques, afin qu’ils puissent remplir pleinement leur mission de représentation et de médiation sociale.
Le débat sur le nomadisme politique révèle un enjeu plus profond, la nécessité de réformer les pratiques et les structures politiques en
Algérie. La construction d’un paysage politique stable et crédible passe par le renforcement des programmes idéologiques cohérents, une meilleure définition des missions des partis politiques, la promotion d’une démocratie participative basée sur la confiance des citoyens.
En somme, le nomadisme politique, bien qu’il reflète des réalités variées, soulève des interrogations sur la stabilité des institutions et la
qualité du processus démocratique. Réformer ces pratiques pourrait être une étape essentielle pour consolider la confiance des citoyens
envers leurs représentants et garantir un avenir politique plus stable et prometteur en Algérie.
Sonia.H