Le Hezbollah libanais a annoncé lundi avoir tiré des obus et des missiles guidés
contre deux casernes israéliennes en Galilée, en réponse à des frappes
israéliennes qui ont visé ses positions dans le Liban Sud, signe qu’un nouveau
front de confrontation s’est ouvert sur le flanc Nord avec l’ennemi israélien.
L’objectif du Hezbollah et du Jihad islamique, faction palestinienne qui s’est
jointe aussi à l’offensive, est, selon l’organisation chiite, d’assister et de se
solidariser «avec la résistance palestinienne victorieuse et le peuple
palestinien», et de libérer les fermes libanaises de Chebaa (d’une superficie de
39 km 2 , entre le Liban et le plateau du Golan) occupées et annexées par l’Etat
sioniste depuis 1967.
L’assistance militaire de ces deux factions qui opèrent depuis le Sud Liban est
vitale pour permettre au Mouvement du libération palestinienne (Hamas) de
continuer ses actions sur les colonies israéliennes dans les territoires occupés,
et de desserrer l’étau autour d’elle à Ghaza, face aux bombardements à grande
échelle lancés par l’aviation sioniste.
Samedi 7 octobre à l’aube, le Hamas et d’autres factions palestiniennes à Ghaza
ont lancé l’opération «Déluge d’Al-Aqsa», en réponse aux attaques continues
des forces israéliennes et des colons contre le peuple palestinien, ses biens et
ses lieux saints, en particulier la mosquée Al Aqsa.
Hier, le Jihad islamique a affirmé qu’un groupe de ses combattants a tué deux
officiers israéliens et blessé cinq soldats lors de sa prise d’assaut d’un site
militaire à la frontière libanaise.
«Dans le cadre de la bataille en cours de ‘‘Déluge d’Al-Aqsa”, nous annonçons
qu’un groupe de nos combattants des Brigades Al-Quds a réussi, hier [avant-
hier, lundi], à percer l’un des sites de l’occupant dans le nord de la Palestine
occupée, et a mené un affrontement armé à partir du point zéro, qui a entraîné
la mort de deux officiers, dont le commandant adjoint de la 300 e brigade de
l’armée d’occupation, et cinq soldats atteints de blessures diverses», a souligné
la faction de résistance palestinienne dans un communiqué diffusé hier.
Elle a ajouté que l’opération avait également entraîné la mort de deux de ses
membres.
Plus tard, l’armée israélienne a confirmé l’information, reconnaissant que le
lieutenant-colonel Alim Abdullah, 40 ans, du village druze de Yanou-Jat,
commandant adjoint de la brigade 300, de la 91 e Division, a été tué lors
d’affrontements avec le Jihad islamique, à la frontière libanaise, tandis que cinq
autres Israéliens ont été blessés.
L’officier israélien a été tué sur un site militaire en Galilée occidentale lors
d’affrontements armés avec des combattants arrivés du Sud Liban, près des
zones frontalières avec Israël.
Les combattants ont tenté de faire sauter le mur de séparation en béton
lorsqu’ils ont atteint la frontière et se sont accrochés directement avec les
forces israéliennes dans après-midi de lundi.
Dans une interview à l’Agence de presse du monde arabe, le dirigeant du Jihad
islamique au Liban a indiqué que «l’opération de ce matin au Liban (lundi)
porte plus d’un message et est venue confirmer le droit de libérer les terres du
Liban et en réponse à Netanyahu, qui a parlé du front “du Nord” hier»,
ajoutant : «La résistance au Sud Liban fait partie du champ de bataille qui se
déroule actuellement, et les choses peuvent évoluer à tout moment».
Plus tôt lundi, des avions militaires israéliens ont procédé à plusieurs frappes
aériennes sur le Sud Liban, tuant trois membres du Hezbollah, qui a répondu en
ciblant les sites frontaliers israéliens avec des obus et missiles.
Le Hezbollah a déclaré dans un communiqué que «des groupes de la résistance
islamique» ont tiré des missiles guidés sur Israël, visant les casernes Pranit et
Avivim de l’armée israélienne, «à la suite de l’attaque israélienne contre des
villes et villages libanais» et de la mort de certains de ses membres.
Plusieurs médias ont rapporté que pendant des heures, plusieurs explosions
ont été entendues alors que des hélicoptères israéliens lançaient une frappe
aérienne près de la frontière avec le Liban.
De nombreuses maisons et magasins ont été endommagés et certains
habitants ont fui vers la ville de Sidon, à environ 60 kilomètres de la frontière.
Des incendies ont également été constatés dans l’une des zones ciblées par le
raid, selon des images diffusées par les médias libanais.
L’Agence nationale de presse a déclaré que les incendies avaient été provoqués
par des bombes israéliennes au phosphore.
L’armée libanaise a déclaré que dans la périphérie, Dhahira, Aïta al-Shaab et
d’autres zones frontalières ont été «les cibles de bombardements aériens et de
l’artillerie», et a exhorté les citoyens à éviter les zones limitrophes à la
frontière.
L’agence de presse nationale libanaise officielle a rapporté que de grandes
explosions ont retenti dans les villages d’Arqoub et Hasbaya depuis hier matin,
résultant du ciblage des centres (des forces israéliennes) à Ruwaisat al-Alam et
du site radar suite à de violents bombardements d’artillerie.
Elle a souligné que cela était accompagné d’un avion de reconnaissance
israélien violant l’espace aérien libanais au-dessus des fermes de Chebaa et
effectuant des missions exploratoires au-dessus d’Arqoub et Hasbaya.
Le même média a souligné que «deux enfants libanais ont été blessés à Kafr
Shuba avec des blessures sur tout le corps causées par des fragments de verre
dispersés à la suite du bombardement israélien de leur ville, et ils ont été
transférés à l’hôpital gouvernemental de Marjayoun pour y être soignés».
Dans une démarche traduisant sa crainte que le Hezbollah n’ouvre un
deuxième front dans le Nord d’Israël, le Pentagone (ministère américain de la
Défense) a mis en garde le mouvement libanais contre les conséquences d’une
«mauvaise décision» d’ouvrir un deuxième front avec Israël, qui mène des
affrontements avec le Hamas dans la bande de Ghaza.
Dans une déclaration aux journalistes, un responsable du Pentagone a exprimé
«sa profonde inquiétude quant à la possibilité que le Hezbollah prenne la
mauvaise décision en choisissant d’ouvrir un deuxième front dans ce conflit». Il
a ajouté que l’une des raisons qui ont poussé Washington à «déployer un
porte-avions en Méditerranée orientale était de faire comprendre aux
organisations régionales soutenues par l’Iran, comme le Hezbollah, la nécessité
de ne pas remettre en question l’engagement du gouvernement américain à
soutenir les capacités de défense d’Israël». Il faut savoir que les Etats-Unis ont
commencé dès dimanche à déployer une aide militaire en Israël. De nouvelles
munitions ont été envoyées et leur groupe aéronaval du porte-avions «USS
Gerald Ford», le plus gros navire de guerre du monde, a été dépêché
également.
Hamid Mecheri