Le général Hassan et la mémoire de la République

Edito

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Par : Mohamed Mouloudj

L’installation du général Hassan à la tête de la Direction générale de la sécurité intérieure marque bien plus qu’un simple mouvement dans l’organigramme sécuritaire du pays. Elle constitue un moment fort, un acte chargé de signification, un signal politique, moral et institutionnel. Car ce retour est d’abord et avant tout une réhabilitation. Une réhabilitation professionnelle, certes, mais aussi humaine, Républicaine et symbolique. C’est la République qui, par ce geste, reconnaît l’un de ses enfants les plus loyaux, les plus compétents et les plus marquants de ces dernières décennies. Le général Hassan a longtemps été l’un des piliers du renseignement militaire, notamment à travers son action décisive dans la lutte contre le terrorisme. Il n’a jamais été un homme de lumière, encore moins de mise en scène. Il a toujours agi dans l’ombre, là où se jouent souvent les équilibres les plus fragiles, là où l’efficacité se mesure en silence, et où les succès ne se proclament pas. Sa carrière, bâtie sur le terrain, dans les régions les plus sensibles du pays, l’a forgé en stratège averti, en connaisseur précis des réalités sécuritaires de l’Algérie. Et pourtant, malgré cette trajectoire exemplaire, le général Hassan a connu la disgrâce et l’isolement. Il a été accusé, condamné, et enfermé pendant cinq longues années. Une page sombre, lourde, qui reste inscrite dans la mémoire collective de ceux qui savent ce que cet homme a représenté pour la stabilité de l’État à
des moments critiques. Mais voilà que la République, qui montre ici sa capacité à se redresser. Elle avait déjà réparé une première injustice sur le plan judiciaire, elle répare aujourd’hui l’injustice sur le plan professionnel. Le retour du général Hassan à un poste aussi stratégique n’est donc pas anodin. Il est porteur d’un double message. Le premier s’adresse à ceux qui ont servi l’État avec fidélité : la République ne vous oublie pas. Même lorsqu’elle vous écarte, elle finit par reconnaître vos mérites. Le second message est plus pragmatique, lié au contexte actuel. A l’heure où nos frontières sont plus que jamais menacées, notamment au Sud, l’Etat choisit de faire appel à l’expérience, à la compétence et à la connaissance des Hommes et du terrain. Il choisit un homme qui sait ce que signifie défendre un pays, non pas dans les discours, mais dans les faits. Car le général Hassan n’est pas un responsable quelconque.
Il est porteur d’une légitimité construite sur des décennies d’engagement. Il a une aura que l’on ne décrète pas, une autorité que l’on ne peut contrefaire. Cette autorité vient du respect que lui portent ses pairs, du sérieux de son travail, et de sa capacité à anticiper les menaces. Ce n’est pas seulement un officier qui revient. C’est une mémoire, une méthode, une rigueur qui sont rappelées au service de la Nation. En réintégrant le général Hassan à ce poste- clé, l’État fait un choix fort, celui de l’efficacité et de la continuité. Le général
Hassan, par son retour, incarne donc une République qui, même tardivement, sait se souvenir de ses hommes de devoir. Il incarne aussi cette résilience nationale, ce refus de céder à l’oubli ou à la fatalité. L’histoire jugera.

M. M.