Le gouvernement est désormais autorisé à emprunter l’argent de l’étranger selon l’avant-projet de loi de finances 2025 qui autorisé désormais le FNI à contracter des prêts servant à financer des projets dans l’industrie…
A partir de l’année prochaine, le Fonds national d’investissement (FNI) est autorisé à négocier avec les banques internationales les modalités de l’accord des prêts bancaires. Selon le texte de l’avant-projet de loi de finances 2025, le recours au financement extérieur «doit être sélectif» et «bien encadré envers des investissements publics» et surtout profitables à des projets productifs, générateurs de rentabilité durable et des impacts positifs sur la situation macroéconomique du pays. Ainsi selon l’article195 de l’avant-projet de loi de finances et par dérogation aux dispositions de la loi n° 23-07 du 21 juin 2023 relative aux règles de la comptabilité publique et de gestion financière, les dépenses à caractère définitif au titre des opérations d’équipement public bénéficiant d’un financement extérieur, «peuvent être exécutés par le Fonds national d’investissement (FNI)». Cette décision entre dans le cadre de la stratégie de l’État pour la diversification des ressources budgétaires et au vu des besoins de financement importants pour la réalisation des projets d’investissement d’une importance économique majeure, et compte tenu de la participation de l’Algérie auprès des institutions financières internationales de développement. Aussi, il est opportun dans la conjoncture actuelle d’«envisager le recours au financement extérieur pour financer ces projets d’investissements, auprès des bailleurs de fonds internationaux multilatéraux et bilatéraux pour accompagner l’émergence de l’économie nationale», souligne le texte. Le financement externe va permettre d’«accéder à des fonds supplémentaires au-delà des ressources internes», ce qui peut être crucial pour financer les projets aux besoins importants et contribuer au développement durable de l’économie. Les dépenses à caractère définitif au titre des opérations d’équipement public bénéficiant d’un financement extérieur, peuvent être exécutées par le FNI. La mise en place de ces financements se fera par le biais du FNI du fait du large potentiel et l’expérience dans l’accompagnement du Trésor pour le financement des projets d’investissement économique. Le recours au financement extérieur a le potentiel de stimuler la croissance économique à condition qu’il serve à financer des investissements.
Les principales étapes de la dette algérienne depuis 1970
L’Algérie avait commencé à recourir à l’endettement extérieur depuis l’ère Boumediene pour financer les fameux plans quadriennaux. Entre 1973 et 1980, la période s’est caractérisée par un recours massif aux capitaux extérieurs destinés à financer en priorité les programmes d’investissements réalisés dans le secteur industriel. Durant cette date, le volume de la dette a progressé rapidement, passant de 3 à 19 milliards de dollars. Entre 1985 et 1990, le stock de la dette a augmenté de 16,5 milliards de dollars à 28,4 milliards de dollars. Néanmoins l’Algérie a continué à rembourser sa dette. Lourdement endettée durant la décennie noire des années 1990 (sa dette a atteint 32 milliards de dollars), l’Algérie a dû passer sous la tutelle du FMI pour cessation de paiement. Un épisode difficile qui a marqué le pays et que les autorités algériennes se sont jurées de ne pas revivre. En 1994, le montant de sa dette atteignit 29, 6 milliards de dollars et 33 milliards de dollars en 1996. Dans l’incapacité à honorer sa dette, l’Algérie s’est trouvée dans l’obligation de recourir au rééchelonnement de sa dette auprès du FMI. Ainsi trois rééchelonnements sont réalisés en 1994 et 1995. En 2006, l’Algérie reprenait le contrôle total de sa dette extérieure. Les autorités avaient opté en 1991. Ainsi, l’Algérie commençait par un remboursement anticipé de 1,1 milliard à la Banque européenne d’investissement et à la Banque africaine de développement, suivi en novembre 2005 du rachat total et anticipé des emprunts auprès du FMI et complété par le remboursement de 10½ milliards de dollars aux créanciers du club de Paris et du club de Londres. Depuis 1999, profitant de l’envolée des cours du brut, l’Algérie a engrangé près de 800 milliards de dollars, remboursé ses dettes, et même prêté 5 milliards de dollars au FMI en 2012.
Said Farhi