Le Directeur de la Chambre de la pêche d’Alger à propos de la sardine

«Le ministre a ordonné une enquête sur les raisons du retard de la saison»

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Des prix jamais atteints en dépit d’une abondance de poisson qui devait nous offrir de grandes quantités de sardines grâce aux conditions climatiques favorables en cette période (juin jusqu’à fin octobre), et dont l’activité demeure intensive pour contribuer aussi à la baisse des prix. Malheureusement, les habitants d’Alger se voient toujours privés d’un aliment irrésistiblement goûteux alors que l’on est en pleine période de haute production. D’habitude, plus la quantité pêchée augmente, plus les prix baissent ; maiscette saison, les familles algériennes à faible revenu ne peuvent se permettre d’acheter de la sardine puisqu’elle coûte excessivement cher.Depuis le début de la saison, le prix d’un kilogramme de sardines oscille entre 1000 et 1500 DA à travers tous les marchés et les poissonneries d’Alger-centre, Aïn Benian, El Harrach et Bab El Oued. Pourtant, le ministre l’a déclaré à maintes reprises, notamment lors de la rencontre d’évaluation du 1er trimestre 2024 de l’activité de la pêche et des productions halieutiques du 25 avril dernier que le prix de la sardine sera plus ou moins raisonnable dès l’approche de la saison. Chose qui n’a pas été constatée au cours de notre sortie à travers plusieurs points de vente.La sardine s’est envolée pour atteindre un niveau record, jamais à la portée des bourses moyennes. Les consommateurs s’inquiètent de cette situation, alors que la capacité de production annuelle de la sardine varie entre 6000 et 7000 tonnes entre le mois de mai et novembre, ce qui participe à la baisse des prix automatiquement. Contactés, certains commerçants de poissons affirment que la cherté du poisson dépend des mareyeurs ou les armateurs, nous ne sommes pas responsables de la hausse des prix de la sardine. «Normalement en cette période del’année, nous vendons le poisson à bas prix pour faire profiter le simple citoyen, mais malheureusement nous ne sommes que des petits commerçants et nous-mêmes l’achetons à un prix fort», nous révèle un jeune poissonnier du marché de Ain Benian. Par contre, un citoyen rencontré a souligné qu’il s’étonne de cette flambée de la sardine en cette saison, en soulignant que cette situation est due au manque de contrôle des services spécialisés malgré l’abondance du produit. Un autre jeune s’est exprimé avec sarcasme, sollicitant les responsables du secteur de commercialiser la sardine à l’unité en raison de sa valeur nutritive en omega 3 pour satisfaire nos besoins alimentaires. Il est à noter qu’en application des instructions du président de la République, Abdelmadjd Tebboune, relatives à l’amélioration des conditions socio-professionnelles des pêcheurs, les pouvoirs publics ont pris plusieurs dispositions portant sur l’accompagnement des professionnels du secteur sur tous les plans afin de les inciter à augmenter les capacités de production pour assurer une autosuffisance alimentaire en la matière. Mais est-ce le prix à payer par les familles algériennes démunies ? Pour rappel, le port d’Alger compte quelque 60 sardiniers dont les rendements varient de 10 à 40 tonnes/jour, selon les conditions climatiques.

Naima Allouche

Selon le Directeur de la Chambre de la pêche et desproductionshalieutiques d’Alger, Yacine Belalia«le ministre du  secteur a donné instruction pour enquêter sur les raisons du retard de la saison de la sardine»

Evoquant la cherté de la sardine en pleine haute saison de production, le Directeur de la Chambre de la pêche et des productions halieutiques de la wilaya d’Alger, Yacine Belalia, a justifié cette envolée des prix par les conditions défavorables à la bonne production, ce qui a contribué à la rareté de la sardine. Il a donné plus de détails sur cette situation dans cet entretien express.

Entretien réalisé par Naima Allouche

«e-Bourse» : Pourquoi le prix de la sardine est en hausse en dépit de la haute saison de production ?

Yacine Belalia : Il est vrai que cette période est considérée comme la saison de pêche à la sardine, mais en raison aussi de plusieurs considérations, notamment climatiques. En raison de la spécificité de la question, le ministre de la Pêche et des Productions halieutiques a donné instruction au Centre national de recherche et de développement de pêche d’enquêter sur les raisons du retard de la saison de la sardine, sachant que ce retard ne concerne pas seulement l’Algérie, mais aussi tous les pays du bassin méditerranéen.

Quels sont les raisons qui font que les prix de la sardine demeurent instables ?

Les sardines sont des poissons saisonniers, car elles ont une période ou une saison d’abondance et une saison de rareté, leurs prix sont donc fluctuants et instables.

Les pouvoirs publics ont opté pour l’importation de la sardine pour casser les prix durant le mois de Ramadhan. Pourquoi vous n’avez pas prolongé cette opération cette saison ?

Le processus d’importation de sardines était circonstanciel et limité en quantités pour protéger les producteurs et le produit local. Considérant que nous sommes en pleine saison de la sardine, malgré son retard, il n’était pas nécessaire d’importer.

Pourquoi la production aquacole n’a pas contribué à la maîtrise des prix des poissons en général ?

La stratégie du ministère de la Pêche en matière d’aquaculture marine et d’eau douce vise à équilibrer l’offre avec une demande croissante due au développement et à l’augmentation des réseaux de distribution de froid jusqu’à le ce que le produit atteigne le grand Sahara, ce qui s’accompagne d’une stabilité de la production halieutiques et d’une incitation à l’investissement dans l’aquaculture, et la prime d’incitation pour le poisson tilapia à 50 DA par kilogramme de produit, nous atteindrons l’objectif souhaité, soit 100000 tonnes.

N.A.