Youcef Khatib : un homme de valeur s’en est allé
Le colonel Youcef Khatib, dit Si Hassan, n’est plus. Il a rendu l’âme en ce début de week-end à Alger. Il a été enterré au cimetière d’El Alia, jeudi après-midi. Dernier chef historique de la Wilaya IV, Youcef Khatib était un homme d’une grande valeur. Pétri de valeurs humaines, Si Hassan avait 90 ans. Témoin de plusieurs étapes historiques de notre passé récent, Youcef Khatib a marqué de son empreinte ces épisodes. Qu’elles soient douloureuses ou agréables, Si Hassan a su prendre les positions qu’imposent les différentes situations. Né le 19 novembre 1932 à Chlef, le défunt a suivi son enseignement primaire dans sa ville natale. Il a obtenu le baccalauréat en 1953 et s’est inscrit au Département de médecine à l’université d’Alger. Il a rejoint les cellules du Front de libération nationale (FLN), dirigées par Mohamed Seghir Nekkache en 1955, et dont l’objectif était d’encadrer les étudiants et de les intégrer dans les rangs de la Révolution. Après la grève des étudiants du 19 mai 1956, le défunt a rejoint les rangs de la Révolution à Médéa, où il eut des contacts avec des moudjahidine avant d’adhérer à l’Armée de libération nationale (ALN) en juin 1956 dans la région de Tamezguida. Son rôle consistait à fournir le soutien médical et les premiers soins aux moudjahidine et aux populations civiles rurales, et à former les infirmiers et les cellules médicales dans les régions de la Wilaya IV historique. Il fut nommé commandant de la 3e région de la Wilaya IV historique en 1959, nomination qui coïncida avec le lancement de l’opération militaire «Challe» dans la région qu’il supervisait (Chlef et Ouarsenis). Après le décès de Mohamed Bounaama le 8 août 1961, tombé au champ d’honneur, Si Hassan lui succéda à la tête de la Wilaya IV historique jusqu’à l’indépendance. Après l’indépendance, le défunt occupa plusieurs fonctions et responsabilités, dont membre du bureau politique du parti du Front de libération nationale (FLN) en 1964. Il fut nommé président de la commission du dialogue national en octobre 1993, et président de la Conférence de l’entente nationale en 1994. Le défunt était également président de la fondation de la Mémoire de la wilaya IV historique jusqu’à sa mort. Youcef Khatib insistait sur l’importance de l’écriture de l’Histoire afin de contribuer à la préservation de la mémoire collective du peuple algérien. En 1999, il s’était porté candidat à l’élection présidentielle contre Abdelaziz Bouteflika. Il s’était retiré avec les autres candidats, laissant Bouteflika concourir seul à la magistrature suprême. Il faut rappeler que Youcef Khatib a été emprisonné après l’indépendance. Il avait pris position contre l’armée des frontières qui s’était opposée au GPRA. Dans un message de condoléances adressé à sa famille, le président Abdelmadjid Tebboune a estimé que le défunt est «l’un des révolutionnaires avant-gardistes» pétri des valeurs de «la lutte, du djihad et de l’altruisme». De son côté, le général d’armée, Saïd Chanegriha, a présenté, en son nom et au nom de l’ensemble des personnels de l’ANP, ses sincères condoléances et fait part à la famille du défunt de «sa profonde compassion», priant Allah, Le Tout-Puissant, d’accorder au défunt Sa Sainte Miséricorde et de l’accueillir en Son Vaste Paradis parmi les martyrs et les valeureux saints et d’octroyer à sa famille et ses proches tout le courage et la force en cette dure épreuve. Plusieurs autres hauts responsables au sein de l’Etat ont présenté leurs condoléances à la famille du défunt.
L. Hichem