Spectre d’une conflagration plus large à la frontière avec le Liban
L’ampleur de la colère des peuples arabes et musulmans face à l’intensité et la cruauté du bombardement israélien de l’hôpital anglican d’Al Ahly, accompagné du soutien aveugle de l’Occident à l’Etat sioniste, risquent de rajouter un nouvel élément combustible dans la poudrière en Palestine, soulevant le spectre d’une conflagration plus large à la frontière avec le Liban. Cette région pourrait être la rampe de lancement d’une guerre régionale, avec l’implication des Etats-Unis et de l’Iran. Le plateau du Golan, occupé par Israël, est aussi une scène susceptible de confrontations à l’avenir entre la Syrie et l’Etat hébreu. Le ministre des Affaires étrangères et des Expatriés du gouvernement intérimaire libanais, Abdullah Bou Habib, a prévenu hier que la poursuite de l’agression contre Ghaza pourrait conduire à l’embrasement de toute la région. «La communauté internationale a aujourd’hui la grande responsabilité de mettre fin aux politiques de doubles mesures et au soutien aveugle à l’occupant», a soutenu Bou Habib depuis Djeddah, lors de sa participation à la réunion ministérielle extraordinaire de l’Organisation de la coopération islamique. «Le Liban, ce pays épris de paix, lance aujourd’hui un sévère avertissement : la poursuite de l’agression contre Ghaza pourrait allumer un incendie qui pourrait dévorer la région entière», a-t-il ajouté. La veille, le ministre iranien des Affaires étrangères, Amir Abdollahian, a évoqué le spectre d’une extension des combats, soulignant la nécessité de mettre immédiatement fin aux crimes et aux meurtres sionistes à Ghaza et d’envoyer de l’aide humanitaire. Le président iranien, Ibrahim Raïssi a déclaré, quant à lui, que les crimes commis à Ghaza et en Palestine entraîneraient une vengeance par les peuples et la nation islamique. «La libération d’El Qods est plus proche que ne l’imaginent les ennemis», soulignant que l’aide «doit parvenir aux habitants de Ghaza, et nous n’hésiterons pas à œuvrer pour y parvenir». Les inquiétudes sur l’embrasement de la situation au Moyen-Orient sont un scénario très probable, dans un monde arabe et musulman agité, alors que les images de civils palestiniens morts, dont plus de 500 enfants, apparaissent sur les écrans de télévision et sur les réseaux sociaux, reflétant un nombre de morts civils qui augmente rapidement à un rythme sans précédent depuis des décennies. Pendant ce temps, les Etats-Unis ont déployé deux de leurs plus grands porte-avions – dont l’«USS Gerald Ford» à propulsion nucléaire – en Méditerranée orientale.
C’est un signe inquiétant de ce qui pourrait arriver si la situation à la frontière avec le Liban dégénère en une guerre à grande échelle. L’Etat sioniste a transformé la zone de 4 kilomètres près de sa frontière en zone militaire fermée. Il a également évacué les colons de 28 communautés situées dans un rayon de 2 kilomètres de la frontière libanaise. Au Liban, la compagnie aérienne nationale Middle East Airlines a déclaré avoir immobilisé cinq de ses avions à Istanbul par mesure de précaution en raison de la situation sécuritaire. L’aéroport international de Beyrouth est apparemment l’un des premiers endroits qui serait touché par Israël après l’éclatement de la guerre entre les deux pays. Plusieurs ambassades de pays étrangers comme l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis ont émis des recommandations à leurs ressortissants d’être prudents et d’éviter tout déplacement pour le moment. Les Etats-Unis ont autorisé mardi le départ de leur personnel non essentiel de leur ambassade à Beyrouth face à la dégradation des conditions de sécurité au Liban. Dans le même temps, Washington a relevé de 3 à 4 (le plus élevé) le niveau d’alerte de son avis aux voyageurs, déconseillant à tout ressortissant américain de se rendre au Liban. D’autres pays occidentaux, dont la France, ont déconseillé ces derniers jours à leurs ressortissants de se rendre au Liban en raison de la crainte d’un embrasement régional. L’ambassade britannique a, pour sa part, évacué des familles de son personnel. Sur le terrain, les affrontements entre le Hezbollah et l’armée d’occupation se sont multipliés ces derniers jours à la frontière. Hier, le Hezbollah a appelé à observer une «journée de colère» pour condamner l’explosion de l’hôpital à Ghaza. L’appel du Hezbollah a été lancé alors que des centaines de manifestants étaient rassemblés devant l’ambassade des Etats-Unis à Aoukar, dans la banlieue nord de Beyrouth, où ils ont scandé «Mort à l’Amérique !» et «Mort à Israël !». Les forces de police et l’armée libanaises ont dû intervenir pour repousser les manifestants dont certains ont tenté de s’infiltrer à l’intérieur de l’ambassade. Le Hezbollah a annoncé avoir lancer, hier à l’aube, des roquettes et missiles guidés sur un rassemblement de soldats d’occupation de l’autre côté de la frontière libanaise et visé des systèmes de surveillance, affirmant avoir causé des morts et des blessés. L’armée d’occupation a reconnu hier que 4 de ses soldats étaient blessés dans une attaque de missile lancé depuis le Liban. Le Hezbollah a réussi aussi à cibler un char Merkava appartenant à l’armée d’occupation sur un site près de la frontière libanaise, tuant un de ses membres d’équipage.
Israël bombarde des hôpitaux, Biden le finance
Le président américain Joe Biden est arrivé hier en Israël pour une visite de solidarité. Malgré le fait que sa visite intervient au lendemain du bombardement par l’Etat sioniste de l’enceinte d’un hôpital de Ghaza ayant fait des centaines de morts, Biden a défendu les sanguinaires d’Israël, insistant qu’Israël est la victime. «Les Américains sont en deuil» aux côtés des Israéliens», a-t-il lancé, avant d’ajouter qu’il était «fier d’être en Israël pour honorer le courage, l’engagement et la bravoure du peuple juif». Il a mis l’accent sur le fait que «si Israël n’existait pas, nous travaillerions à son existence et nous continuerons de le soutenir», avant d’ajouter : «J’exhorterai le Congrès à augmenter l’armement et l’aide pour soutenir le Dôme de fer et l’Etat d’Israël en général». «Ce qui s’est passé en Israël est 15 fois supérieur à ce qui s’est passé le 11 septembre», a-t-il martelé, soulignant que «les Etats-Unis resteront aux côtés d’Israël en ces jours sombres». Lors d’un appel téléphonique hier avec le ministre de la Défense sioniste Yoav Gallant, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a souligné que le Hezbollah doit «cesser ses attaques contre Israël depuis le Sud-Liban» et l’informer des «prochaines livraisons d’aide à la sécurité à Israël et a réitéré l’engagement des Etats-Unis en faveur du retour en toute sécurité des otages détenus par le Hamas», selon un communiqué de presse américain.
Hamid Mecheri