Dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes, l’Algérie a réagi fermement aux mesures restrictives mises en place par la France en matière de mobilité. Dans un communiqué publié jeudi, le ministère des Affaires étrangères a catégoriquement rejeté tout ultimatum et toute menace, affirmant qu’il appliquerait une réciprocité « stricte et immédiate » à toute restriction française à la mobilité des citoyens algériens. Dans le même communiqué, le ministère a rappelé que « dans la montée en cadence de l’escalade et des tensions que la partie française a imprimées à la relation entre l’Algérie et la France, l’Algérie n’a pris l’initiative d’aucune rupture et a laissé la partie française en assumer seule la responsabilité pleine et entière ». L’Algérie assure s’être « astreinte au calme, à la mesure et à la retenue » et ne cherche qu’à « exercer ses droits et assumer ses devoirs vis-à-vis de ses ressortissants vivant en France ». Dans sa réaction aux décisions unilatérales prises par le gouvernement français, le département d’Ahmed Attaf a insisté sur le respect du droit et des conventions internationales en matière de protection consulaire, rappelant que « le droit français, les conventions bilatérales, le droit européen et le droit international sont tous du côté de l’Algérie ». Le communiqué a dénoncé également des pratiques abusives de la part de Paris. Il affirme que « les manquements constatés aux obligations nationales et internationales sont le fait de la partie française, comme en témoigne le recours abusif et arbitraire aux décisions administratives d’éloignement des
ressortissants algériens, les privant de l’usage des voies de droit que leur garantit la législation française elle-même ». Déterminée à rétablir l’équilibre, Alger prévient que « toute remise en cause de l’Accord de 1968, qui a été au demeurant vidé de toute sa substance, sera suivie de la part de l’Algérie d’une même remise en cause des autres accords et protocoles de même nature, sans préjudice d’autres mesures que ses intérêts nationaux lui dicteraient d’adopter ». Cette crise diplomatique, puisque c’en est vraiment une, s’inscrit dans une détérioration progressive des relations entre les deux pays. Depuis 2021, plusieurs différends ont opposé Alger et Paris, notamment autour de la question des visas, des mémoires historiques conflictuelles et des déclarations du président Emmanuel Macron sur l’histoire de la colonisation. La question migratoire constitue un point de crispation majeur, puisque l’extrême droite
française fait de la question un abcès de fixation. Dans une dernière charge, le ministère des Affaires étrangères met en cause l’influence de l’extrême droite française sur la politique migratoire et diplomatique de Paris. « Ainsi, l’extrême droite française revancharde et haineuse aura réussi son pari. La relation algéro-française qu’elle a prise en otage aura été mise au service de basses
œuvres politiciennes indignes d’elle », conclut le communiqué. Alors que les relations entre Alger et Paris connaissent un nouvel épisode de crispation, l’avenir de la coopération bilatérale s’annonce incertain. L’Algérie affiche une volonté de fermeté, prête à répondre « coup pour coup » aux restrictions françaises. Une posture qui pourrait encore compliquer les négociations entre les deux pays dans un contexte déjà tendu, surtout qu’à l’heure actuelle, Paris a mis le doigt dans l’engrenage sans y être prêt. La fermeté avec laquelle les autorités algériennes ont réagi face au cynisme et autres coups bas inspirés par l’extrême droite française, augure d’une montée au créneau des voix anti-algériennes dans l’Hexagone, ce qui mettra la France davantage dans une situation de plus en plus inconfortable, elle dont les intérêts en Afrique se réduisent comme peau de chagrin depuis quelque temps.
M.M.