« L’Algérie possède de solides cartes pour booster son tourisme »

L’expert en économie et spécialiste du tourisme Rafaa Benzid à e-Bourse :

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Le tourisme méditerranéen est un immense marché de près de 200 milliards d’euros ; les puissants de l’Europe occidental, la France, l’Espagne et l’Italie se partage le pactole, loin devant la Grèce, Malte et la Turquie. Les pays arabes de la berge sud de la Méditerranée, dont principalement l’Egypte, arrivent à grignoter quelques fragments du gâteau.

Qu’en est-il de l’Algérie ? Pourquoi, avec des ressources aussi importantes, notre pays reste à la traine ? Les dernières mesures prises sont-elles suffisantes pour hisser le tourisme algérien vers le haut ?

Rafaa Benzid est expert en économie et spécialiste du tourisme; il est secrétaire général de l’Association nationale du tourisme, des voyages et de l’artisanat. Pour e-Bourse, il donne des points d’appui essentiels pour booster le tourisme en Algérie.

   « Le tourisme porte un petit nom, mais son contenu est vaste, très vaste, et compte des labyrinthes et des codes d’accès.

    « L’Algérie est un pays à l’immensité d’un continent, avec des attraits touristiques que l’on ne retrouve pas dans la plupart des pays du monde, allant des neiges de Chréa aux sables de Timimoun.

    « L’Algérie possède un littoral qui relie 14 wilaya côtières de l’est à Al-Tarf, à l’ouest, à Tlemcen. Pourtant, cet immense littoral manque de moyens auxquels il faudrait réfléchir pour en renforcer l’utilisation, dont des transports adéquats et des outils de villégiature par le biais de navires de transport qui amélioreraient le tourisme, des voyages et des randonnées au fil des quatre saisons, ainsi que des restaurants flottants, outils qui valoriseront grandement le tourisme bleu. Sans parler de doter les villes côtières à vocation touristique de moyens qui redynamisent le tourisme côtier, avec des tarifs adéquats et des prix à la portée des classes modestes.

   « Pour y parvenir à nos objectifs, tous les modes de transport doivent être repensés. Le transport par bus ne satisfait ni ne soutient le tourisme, et c’est le chemin de fer qui peut booster le tourisme et l’aider à progresser.

   « Il nous faut également nous engager à promouvoir le tourisme dans le Sahara, en répondant aux besoins spécifiques de ce type de tourisme à ciel ouvert, dont le camping dans le désert.  C’est là où le tourisme dans le désert s’effectue grâce à des moyens provenant de la région elle-même, en particulier des hébergements nature, tels que les « khaïmas », les tentes du désert, afin d’offrir aux touristes des caractéristiques traditionnelles de la région elle-même, et non pas des hôtels qu’ils ont l’habitude de voir ; l’attrait opéré par des villages sahariens avec des tentes locales, avec de la nourriture populaire, des vêtements traditionnels, et du folklore et des services diversifiés, etc. offrent un confort exotique aux touristes. Introduisant des jeux sportifs tels que les courses de chameaux, l’équitation et les fantasias avec les chevaux, ainsi que du vélo et des voitures conçus pour explorer les déserts.  

« L’Algérie est un pays vaste et étendu, entouré de montagnes et de steppes privilégiées par les amateurs de chasse. Ce secteur est très négligé et n’est pas réglementé, bien que sa régulation fournisse au Trésor public des fonds intéressants et inexploités faute de rationalisation de ce secteur.

« Le tourisme de montagne est un autre segment du tourisme algérien qui doit être renforcé et travaillé ; car le tourisme de montagne est apprécié pour les randonnées, les escalades et autres sports.

« En plus de cela, le tourisme commercial est aujourd’hui, très prisé et favorisé par de nombreux commerçants qui vadrouillent de pays en pays, notamment les wilayas devenus des pôles de fabrication de divers matériaux destinés au commerce, Biskra, pour le commerce des dattes, Bordj Bou Arreridj, Sétif et Oran pour l’électronique, etc.

« Nous pouvons également bénéficier du tourisme thermale, présent dans de nombreuses wilayas, Hammam Righa, à Ain Defla, Hammam Rabi, à Saïda, Hammam Bougrara, à Tlemcen, Hammam Gargour, dans l’est algérien et Hammam as-Salihin, à Biskra. D’autant plus que ces bains sont agrémentés d’un traitement à l’eau minérale.

 «  De même, le traitement à l’eau de mer, en plus d’être bénéfique pour la santé du citoyen, génère également de l’argent pour le Trésor public. De ce fait, il faut ouvrir les portes aux investisseurs et mettre un terme aux lois bureaucratiques qui restreignent les investissements touristiques.

   « Le tourisme est une valeur ajoutée, et par conséquent, le guichet d’obtention des licences pour les investissements touristiques doit être unique et les procédures doivent être facilitées, car les obstacles et l’imposition de conditions incapacitantes ont été la cause du recul à l’investissement dans la plupart des dossiers.

   « Dans tout ce que nous avons dit, il y a un élément propagateur : les médias, qu’ils soient visuels, audio ou papier. Ils ont un grand rôle à jouer et de ce fait, doivent prendre leur part de responsabilité pour promouvoir les destinations touristiques que possède l’Algérie dans les régions côtières, désertiques et montagneuses – ainsi que dans la limitation médiatique de la propagation des informations sur la drogue et le terrorisme, notamment sur les sites officielles parce qu’ils affectent de manière indirecte le tourisme ».

Propos recueillis par Fayçal Oukaci