L’Algérie n’est pas à l’abri

Rapport sur l’état mondial des sols affectés par la salinité

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L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié hier sa première évaluation mondiale majeure des sols affectés par la salinité depuis 50 ans. Le rapport montre que près de 1,4 milliard d’hectares de terres (soit un peu plus de 10 % de la superficie totale des terres émergées de la planète) sont déjà touchés par la salinité, et qu’un milliard d’hectares supplémentaires sont menacés en raison de la crise climatique et de la mauvaise gestion humaine. Concernant l’Algérie, il n’y a aucun doute que le fléau de la salinité menace sérieusement des milliers, voir des millions d’hectares de terres agricoles. Faute de statistiques officielles actualisées, la superficie affectée par la salinisation en 2012 à l’échelle nationale représentée quelques 600.000 hectares (ha) dont 18.000 ha dans la wilaya de Relizane.
Le rapport sur l’état mondial des sols affectés par la salinité a été présenté hier lors du Forum international sur les sols et l’eau 2024 à Bangkok. L’événement, organisé conjointement par la FAO et le ministère thaïlandais de l’Agriculture et des Coopératives, a permis de débattre d’un plan d’action visant à stopper et à inverser la dégradation des sols et la pénurie d’eau. La salinité excessive réduit la fertilité des sols et a de graves répercussions sur la durabilité environnementale. Dans les pays les plus touchés par ce problème, le stress salin peut entraîner des pertes de rendement des cultures comme le riz ou les haricots allant jusqu’à 70 %. Cela survient à un moment où il est urgent d’augmenter la production alimentaire pour nourrir une population mondiale croissante. Le rapport estime que la superficie des sols affectés par la salinité s’élève à 1 381 millions d’hectares (Mha), soit 10,7 % de la superficie totale des terres émergées. Il estime également que 10 % des terres cultivées irriguées et 10 % des terres cultivées pluviales sont touchées par la salinité, bien que l’incertitude demeure élevée en raison de la disponibilité limitée des données. Les modèles de tendances mondiales en matière d’aridité indiquent que, compte tenu de la tendance actuelle à la hausse des températures, la superficie affectée pourrait
atteindre entre 24 et 32 ​​% de la surface totale des terres émergées. La grande majorité de l’aridification devrait se produire dans les pays en développement.
Le cas des terres agricoles salines de la région de Hmadna (Wilaya Relizane) Ces dernières années des experts pédologues algériens ont mis en relief le fléau de la salinisation secondaire des rares terres arables dans le sud combinée à une irrigation intensive et à une très forte évapotranspiration potentielle en milieu désertique ( ETP> 2000 mm/an). S’agissant de la salinisation secondaire des terres par dépôts des sels, ce phénomène n’est pas lié qu’au drainage comme on l’écrit souvent mais à la forte évaporation de l’eau d’irrigation du fait que celle-ci est moyennement chargée en sels 2 à 5 g/l , les sels vont se déposer dans les premiers cm fertiles du sol. R. Lahmar dans une étude de la culture du blé à Gassi Touil a estimé à 20T de dépôt de sel/ha et par an. Par extrapolation dans les mêmes conditions pédoclimatiques que Gassi Touil une culture de la canne à sucre qui consomme en moyenne 12.000 m3 en climat tropical sous nos cieux hyper sec ses besoins sont de 20.000 m3 d’eau /ha. l’eau de la nappe étant chargée au minimum à 2 g de sel/l. un bref calcule vous donne un dépôt de 40 T de sels/ha. En outre, les effets de cette salinisation secondaire sont nettement visibles à Adrar, dans le Touat, la Saouara, les zibans et El oued. Sous nos climats et comme les effets désastreux du changement climatique sont d’ores et déjà mesurables deux principaux indicateurs sont à considérer celui de l’efficience de l’eau et de la salinisation des sols. Présentement, dans notre pays la sonnette d’alarme n’a pas encore été tirée malgré que la menace du phénomène de la salinité des sols est à craindre dans les toutes prochaines années en raison notamment du développement de l’irrigation agricole (3 millions d’hectares de surfaces irriguées d’ici 2028) et la remontée des sels dans les zones steppiques et le sud. Cependant, en Algérie dans le cadre d’un projet Pilote d’Aménagement des terres agricoles salines dans la région de Hmadna (Wilaya Relizane),des rencontres ordinaires sont organisées
entre l’Administration de l’institut et l’Equipes de recherche algéro-chinoise pour mettre en œuvre les dispositions du protocole d’accord afin de concrétiser la deuxième partie du projet. Pour référence, ce protocole expérimental intègre les technologies modernes qui ont été développées en Chine liées à la préparation de ce type de terrain. Le choix de la station de Hmadna n’est pas fortuit dont le sol est
menacé constamment par le phénomène de la salinité puisque 65.42% de ses terres sont salins. Ce projet pilote, dont la première phase a été initiée en 2012 par l’Institut national de la recherche agronomique d’Algérie (INRAA) en coopération avec l’entreprise  China agriculture international development, il s’inscrit dans une démarche ayant recours à la recherche scientifique qui doit identifier
les solutions techniques et les vulgariser ensuite auprès des agriculteurs des zones affectées. Aussi, dans le cadre de la clôture finale du dit projet algéro-chinois relatif à « l’amélioration des terres agricoles salines en Algérie », une deuxième étape du processus de transfert du projet de la partie chinoise à la partie algérienne, après celle qui a concernée la remise des documents techniques et administratifs ( le 17 novembre 2021) a été a concrétisée. Pour cela, le 12 décembre 2021, au siège de l’INRAA, le Directeur général de l’INRAA, ainsi que le coordinateur du projet, Monsieur Cheng Jianzhou, représentant officiel de la Société d’exécution « China Shanxi International Economic and Technical Co., Ltd, », ont procédé à la signature du procès-verbal de remise des rapports technique et administratif
ainsi que celui de la remise du matériel et des équipements.
Rabah Kabah