Dans une intervention poignante devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, l’ambassadeur Amar Bendjama, représentant permanent de l’Algérie, a lancé un appel pressant à la communauté internationale pour mettre un terme à ce qu’il qualifie d' »agression sioniste » contre Gaza. Cette prise de position, formulée le 16 octobre 2024 lors d’une réunion d’urgence convoquée à l’initiative de l’Algérie, intervient dans un contexte de crise humanitaire aiguë dans l’enclave palestinienne.
L’ambassadeur Bendjama a dressé un tableau sombre de la situation à Gaza, soulignant l’ironie cruelle de la célébration de la Journée mondiale de l’alimentation alors que les Palestiniens de Gaza « souffrent et luttent pour trouver la nourriture dont ils ont été privés ». Cette déclaration met en lumière le contraste frappant entre les valeurs proclamées par la communauté internationale et la réalité vécue par la population gazaouie.
Le diplomate algérien n’a pas mâché ses mots, accusant Israël de violer non seulement le droit humanitaire international, mais aussi « les fondements de l’humanité ». Il a particulièrement insisté sur l’utilisation de la famine comme arme de guerre, une pratique qu’il qualifie de « politique sioniste délibérée » et non de simple conséquence collatérale du conflit.
Bendjama a soulevé des questions pertinentes sur la logistique de l’aide humanitaire, notamment en comparant la récente campagne de vaccination contre la poliomyélite, qui a atteint plus de 157 000 enfants palestiniens, à l’impossibilité apparente d’acheminer de la nourriture. Cette comparaison souligne les incohérences dans la gestion de l’aide humanitaire et renforce l’argument selon lequel les restrictions imposées par Israël sont sélectives et délibérées.
Le Droit international bafoué
L’ambassadeur a également rappelé les décisions récentes de la Cour internationale de Justice (CIJ) et la résolution 2728 du Conseil de sécurité, qui appellent Israël à prendre des mesures immédiates pour fournir des services de base et de l’aide humanitaire à Gaza. Selon Bendjama, ces décisions ont été largement ignorées par Israël, qui a au contraire intensifié les restrictions sur l’acheminement de l’aide.
Les chiffres cités par le diplomate algérien sont alarmants : seulement six camions d’aide par jour ont été autorisés à entrer à Gaza la semaine précédente, contre environ 500 avant la crise. Cette réduction drastique illustre l’ampleur de la crise humanitaire et l’urgence d’une action internationale coordonnée.
L’intervention de Bendjama a également mis en lumière des incidents récents qui témoignent de la gravité de la situation, notamment le bombardement de camps de déplacés palestiniens près de l’hôpital d’Al Aqsa, où au moins quatre Palestiniens auraient été brûlés vifs. Ces actes, selon l’ambassadeur, démontrent « le mépris total de l’entité sioniste pour la vie humaine ».
Une action décisive est nécessaire
Face à cette situation critique, l’Algérie, par la voix de son représentant, exhorte le Conseil de sécurité à prendre une « action décisive ». Bendjama souligne que l’inaction n’est plus une option, car « la vie des civils palestiniens est en péril ». Il rappelle que le Conseil dispose du pouvoir et des moyens nécessaires pour assurer la mise en œuvre de ses propres résolutions.
Cette intervention de l’Algérie s’inscrit dans une longue tradition de soutien à la cause palestinienne, mais elle prend une résonance particulière dans le contexte actuel de crise humanitaire aiguë. En portant cette question devant le Conseil de sécurité, l’Algérie cherche à mobiliser la communauté internationale et à exercer une pression diplomatique sur Israël pour qu’il respecte ses obligations en vertu du droit international.
L’appel de l’ambassadeur Bendjama soulève des questions cruciales sur l’efficacité des mécanismes internationaux de résolution des conflits et de protection des civils. Il met en lumière les limites du système onusien face à des crises humanitaires prolongées et complexes comme celle de Gaza.
Alors que la situation à Gaza continue de se détériorer, l’intervention de l’Algérie au Conseil de sécurité apparaît comme un cri d’alarme. Elle rappelle à la communauté internationale l’urgence d’agir pour prévenir une catastrophe humanitaire encore plus grave et pour œuvrer à une résolution juste et durable du conflit israélo-palestinien.
Le conseil de Sécurité devant une responsabilité historique
La balle est désormais dans le camp du Conseil de sécurité. Sa réponse à cet appel urgent déterminera non seulement le sort immédiat des civils à Gaza, mais aussi la crédibilité des Nations Unies dans leur mission fondamentale de maintien de la paix et de la sécurité internationales.
S.T/APS