L’Algérie et le carcan franco-européen

Edito

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Par Mohamed Mouloudj

La récente visite du président en Slovénie aura eu le mérite de rappeler une vérité trop souvent ignorée. L’Europe ne se résume ni à Paris, ni à ses vues diplomatiques. Dans un Vieux continent en mutation, où les lignes bougent face aux conflits internationaux, la Slovénie incarne une voix singulière, libre et courageuse, notamment sur les dossiers brûlants de la Palestine et du Sahara occidental, pour lesquels, la France tente vaille que vaille d’imposer l’omerta, et partant son point de vue, s’il en est un. Alors que la France persiste à imposer une lecture biaisée de ces deux questions, entre silence complice sur la barbarie de la colonisation sioniste et soutien tacite à l’occupation marocaine au Sahara occidental, Ljubljana fait entendre une parole fondée sur le droit international, la justice et la solidarité avec les peuples en lutte. Le soutien slovène à la reconnaissance de l’Etat de Palestine ou sa position critique sur le Sahara occidental viennent rompre avec l’alignement systématique que Paris voudrait voir adopté comme norme européenne. C’est un souffle d’air démocratique dans une Union qui, trop souvent, préfère les logiques de puissance aux principes. Ce contraste diplomatique est d’autant plus marquant que d’autres puissances régionales, comme l’Algérie, multiplient les partenariats internationaux, sans s’enfermer dans le carcan franco-européen.

Qu’il s’agisse de coopérations africaines, asiatiques ou latino-américaines, Alger affirme une volonté souveraine de bâtir un avenir multipolaire. Cette diversification n’est pas seulement économique ou stratégique. Elle est éminemment politique. Elle exprime une exigence d’équilibre, une vision où aucun Etat, fût-il européen, ne dicte sa loi aux autres. Ainsi, la Slovénie et l’Algérie, chacune à sa manière, rappellent qu’il existe une autre façon de concevoir les relations internationales plus juste, plus équitable, plus humaine.
Dans cette dynamique, la France ferait bien d’écouter plutôt que de prétendre diriger. Car l’Europe de demain se construira avec ses marges, avec ses dissidences ou elle ne sera qu’un écho appauvri de ses ambitions passées, notamment celles qu’impose le désidérata de Paris.