La 31ème Assemblée annuelle de la Banque africaine d’import-export (African Export Import Bank – Afreximbank) s’est ouverte mercredi 12 juin à Nassau, capitale des Bahamas.Une assemblée générale qui se déroule conjointement avec la tenue du 3ème Forum Afrique-Caraïbes sur le commerce et l’investissement (ACTIF). Deux événements majeurs auxquels participent un nombre important de décideurs politiques et d’acteurs économiques des continents africain américain et dont le slogancette année est « notre destin : la prospérité économique sur la plate-forme de l’Afrique globale ». « Le thème de cette année est un rappel puissant des défis auxquels nous sommes confrontés dans un ordre économique mondial marqué par la démondialisation et la perturbation des chaînes de valeur propices à la croissance », a indiqué Benedict Oramah, président d’Afreximbank lors de la cérémonie d’ouverture. Durant les premières séances plénières, les intervenants ont plaidé pour un renforcement des relations économiques entre l’Afrique et la zone Caraïbes, deux espaces qui sont liés historiquement et culturellement. C’est le cas notamment de Pamela Coke-Hamilton, directrice exécutive du Centre du commerce international, qui a annoncé la nécessité de travailler sur un projet concret d’accord de libre-échange (ALE).« Il est temps que nous commencions à explorer la possibilité d’un tel accord entre l’Afrique et les Caraïbes pour éliminer ces barrières artificielles et créer de nouvelles opportunités », a-t-elle déclaré. Selon Pamela Coke-Hamilton, un tel accord réduirait les barrières aux importations et aux exportations entre les pays des deux espaces en éliminant la totalité ou la plupart des droits de douane, quotas, subventions et interdictions. Un avis partagé également par John A. Rolle gouverneur de labanque central des Bahamas qui a estimé que système innovant de paiement et de règlement panafricain (PAPSS) d’Afreximbank peu profiter aux banques centrales des Etats des Caraïbes. « Ce rassemblement représente une excellente opportunité de tirer parti de l’histoire, des identités et des cultures communes des Nations d’Afrique et des Caraïbes et de forger des liens commerciaux et d’investissement plus solides. L’ordre du jour des trois prochains jours est rempli d’opportunités d’apprentissage, de partage et de réseautage. Si nous perfectionnons les paiements transfrontaliers multilatéraux et les accords de règlement, cela nous aidera également à économiser sur l’utilisation de précieuses réserves internationales, en particulier si nous développons le commerce intra-régional », a souligné John A. Rolle en rappelant que ces rencontres sont une «occasion exceptionnelle car elle interviennent à l’occasion de la célébration du 51e anniversaire de l’indépendance des Bahamas ».
L’esprit de Mandela
Dans son intervention, NomusaDube-Ncube, la première ministre de la province sud-africaine du Kwazulu-Natal a indiqué que le contexte est propice pour insuffler une véritable dynamique de développement en Afrique. «Alors que nous nous trouvons à l’aube d’une nouvelle ère dans l’histoire économique de l’Afrique, saisissons les opportunités qui s’offrent à nous. Exploitons le pouvoir de la coopération régionale, de l’innovation et de l’esprit d’entreprise pour propulser notre continent vers de nouveaux sommets. Ensemble, nous pouvons redéfinir l’histoire de l’Afrique et la faire passer d’une terre au potentiel inexploité à un phare de prospérité et de progrès.Je me souviens de la sagesse durable de Nelson Mandela : ’’Cela semble toujours impossible jusqu’à ce que ce soit fait’’», a-t-elle dit.La première journée de ce double événement politique et économique africain à Nassau, a été également marquée par l’intervention d’AlikoDangote fondateur et président deDangote Group, considéré comme le plus important conglomératindustriel privé d’Afrique. AlikoDangote, qui a créé en 1977 une petite société de commerce au Nigéria, a expliqué que son parcours était«marqué par une longue série de combats ». Il est revenu sur son projet de raffinerie d’hydrocarbures, que seul Afreximbank a accepté de financé, en dénonçant les «maffias du pétrole en Afrique » qu’il considère plus puissantes que «les maffias de la drogue ». «En Afrique, nous avons aujourd’hui besoin de nous rassembler pour pouvoir travailler ensemble. L’avantage d’avoir une banque comme Afrixembank sur notre continent permet justement d’atteindre cet objectif», a indiqué l’homme d’affaires nigérian.AlikoDangote a par ailleurs estimé que la zone Caraïbes offre des opportunités intéressantes pour les investisseurs africains grâce, notamment, au potentiel énergétique qu’elle offre.
Taux de croissance de 3,2%
Notons que la31ème Assemblée annuelle de la Banque africaine d’import-export a été l’occasion de rendre public le Rapport 2024 sue le commerce en Afrique. «Compte tenu de l’environnement opérationnel difficile, l’Afrique a enregistré un taux de croissance de 3,2% en 2023. Ce taux est inférieur à la croissance de 4 % de l’année précédente et des 5 % de croissance moyenne enregistrés entre 2011 et 2019. Cette performance en matière de croissance reflète plusieurs facteurs, notamment les chocs climatiques, le ralentissement économique mondial, les goulets d’étranglement au niveau de l’offre interne, le coût élevé de la vie qui a limité les dépenses de consommation et l’accumulation de la dette. Néanmoins, malgré le ralentissement de la croissance dans la région, en relation directe avec tendances à la baisse de la croissance mondiale, la production sur le continent africain a été supérieure à la moyenne mondiale, reflétant ainsi la résilience continue du continent. Malgré le ralentissement de l’activité économique mondiale, les marchés financiers mondiaux ont connu une reprise en 2023, les valorisations des actions ont atteint les niveaux d’avant la pandémie. Toutefois, les conditions de financement sont restées tendues en 2023, en grande partie par les politiques monétaires restrictives adoptées par la plupart des pays dans le but de lutter contre l’inflation élevée et persistante», note le rapport élaboré par l’Afreximbank.
De notre envoyé spécial à Nassau, Tarek Hafid