L’accès au crédit: Une évolution notable dans le secteur privé

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L’accès au crédit est un enjeu crucial pour le développement économique, tant pour les entreprises que pour les ménages et pour les particuliers. Au cours des dernières années, les données montrent une évolution significative des crédits, particulièrement dans le secteur privé. Cette évolution soulève des questions sur les mécanismes de facilitation d’accès au crédit, qui sont devenus essentiels pour soutenir la croissance économique.

Une croissance dynamique du secteur privé

Entre 2018 et janvier 2023, le secteur privé a connu une forte dynamique. Les crédits alloués au secteur privé ont augmenté de manière continue, atteignant un sommet en 2020 avec 5389 milliards DA, soit 42,26 milliards de dollars. Cette dette s’étend aussi bien pour les entreprises privées que pour les ménages, dont l’achat du logement et les biens de consommation. Les chiffres des dernières années, par rapport aux investissements privés, n’ont jamais été égalés dans l’économie nationale. Et c’est ce qui a participé, en 2023, à la hausse significative du PIB. En 2018 et 2019, les crédits alloués au secteur privé n’ont pas participé à l’augmentation du PIB en raison du fait que ces crédits ont été détournés vers une importation improvisée de biens et services, justifiant seulement la fuite des capitaux à l’étranger. Entre 2001 et 2018, les banques ont accordé la bagatelle de 12 milliards de dollars de crédits au secteur privé, contre seulement 120 millions de dollars au profit du secteur public. on a constaté un changement dans le secteur touristique qui justifie tous ces investissements ? Non. Une grande partie de ces crédits ont été détournés et les banques peinent à recouvrer ces créances. Bien que cette somme ait légèrement fluctué par la suite, le secteur privé reste le pilier de l’accès au crédit. Cette tendance indique non seulement une confiance croissante des prêteurs, mais également une demande accrue de la part des entreprises et des ménages. Le programme AADL a lui seul reste un moteur de la croissance de la dette privée.

La réaction du marché aux besoins économiques

Cette évolution n’est pas le fruit du hasard. La croissance des crédits dans le secteur privé peut être attribuée à plusieurs facteurs :

  1. Innovation financière: Les institutions financières ont développé des produits adaptés aux besoins spécifiques des entreprises. Les banques présentent maintenant des produits très bien adaptés aux besoins des consommateurs, rendant le crédit plus accessible.
  2. Digitalisation : L’essor des technologies financières a révolutionné l’accès au crédit. Les plateformes en ligne permettent aux entreprises d’obtenir des prêts rapidement et sans les lourdeurs administratives des institutions traditionnelles. Les banques présentent aujourd’hui des simulateurs en ligne pour les besoins de leurs clients.
  3. Soutien gouvernemental : Des initiatives gouvernementales ont été mises en place pour favoriser l’accès au crédit, notamment des garanties d’emprunt pour les Petites et moyennes entreprises (PME), stimulant ainsi l’investissement et la création d’emplois. Le soutien aux entreprises publiques en difficulté, les programmes ANSEJ, CNAC, ANGEM, start-up ont largement participé à la hausse des chiffres des crédits alloués au secteur privé.

Les impacts positifs sur l’économie

L’augmentation de l’accès au crédit dans le secteur privé a des répercussions positives sur l’économie globale :

  • Création d’emplois : L’accès facilité au crédit permet aux entreprises d’investir et de s’épanouir, conduisant à la création de nouveaux emplois. Les PME, souvent moteurs de l’innovation, bénéficient particulièrement de cette dynamique.
  • Stimulation de l’innovation : Les entreprises disposant de crédits ont les moyens d’innover, de développer de nouveaux produits et d’augmenter leur compétitivité. Cela est essentiel dans un monde économique en constante évolution.
  • Renforcement de la confiance : Une augmentation des crédits dans le secteur privé est également un signe de confiance des investisseurs et des prêteurs, renforçant ainsi la stabilité économique.

Malgré ces avancées, l’accès au crédit dans le secteur privé n’est pas sans défis. Certaines entreprises, notamment les start-up ou celles situées dans des zones moins favorisées, continuent de rencontrer des obstacles pour obtenir des financements. Les critères d’évaluation des risques peuvent parfois être trop stricts, limitant l’accès au crédit pour celles qui en ont le plus besoin.

Vers une meilleure inclusion financière

Pour remédier à cette situation, il est crucial de poursuivre les efforts en matière d’inclusion financière. Cela peut passer par :

  • Des programmes de sensibilisation : Informer les entrepreneurs sur les différentes options de financement et les accompagner dans leurs démarches.
  • Des initiatives de microfinancement : Promouvoir le microcrédit pour les petites entreprises, surtout dans les régions défavorisées. Dans la région des Hauts-Plateaux, le microcrédit a sensiblement aidé des familles et des individus à s’épanouir.
  • Un dialogue renforcé entre les acteurs : Encourager la collaboration entre les institutions financières, les gouvernements et les entreprises pour mieux répondre aux besoins spécifiques des différents secteurs.

Le défi des 400 milliards de dollars de PIB

Quand M. Abdelmadjid Tebboune évoque le chiffre de 400 milliards de dollars de PIB, tous les économistes pensent que cet objectif peut être atteint facilement en adaptant les orientations globales dans l’investissement et la facilitation de l’accès au foncier et aux crédits. Dans ce même tableau publié par la Banque d’Algérie dans sa dernière note, on constate avec amertume les désinvestissements de l’administration publique. Les chiffres de la dette de l’administration n’ont pas changé en six exercices comptables. Avec seulement 0,6 milliard DA de crédit, l’administration est loin de participer à l’émancipation de l’économie nationale. En Chine, par exemple, la municipalité de Shanghai a contracté une dette dépassant 120 milliards de dollars qu’elle a investie dans plusieurs secteurs, même à l’étranger. Mais, en Algérie, les communes les plus riches en rapport avec le nombre d’habitants (Alger, Hassi Messaoud, Hadjret Ennous, etc.) n’ont pas suffisamment investi dans l’économie nationale et notamment dans les activités productives. L’évolution des crédits, en particulier dans le secteur privé, témoigne d’un changement positif dans l’accès au financement. Cette dynamique favorise non seulement la croissance des entreprises et des ménages, mais contribue également à la stabilité économique globale. Toutefois, il est essentiel de continuer à travailler sur les défis d’inclusion financière pour garantir que tous les acteurs de l’économie puissent bénéficier des opportunités offertes par le crédit. En facilitant l’accès au financement, nous pouvons bâtir un avenir économique plus solide et inclusif.

Yacine Merzougui