La triple région maghrébo-saharo-sahélienne sous la loupe

Le budget de la DGSE franchit le milliard d’euros d’investissements dans le cyber et les écoutes

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Le Maghreb et le Sahel, et de manière plus générale l‘Afrique, ont été de tout temps les espaces que la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) arpente régulièrement.Et même du temps de la défunte SDECE et Jacques Foccart, cette géographie était largement privilégiée par la « Piscine ».

Malgré la révocation de Barkhane du Sahel, les scandales d’espionnage liés à la DGSE n’en finissent pas. Récemment encore, la Radiotélévision du Niger (RTN) a diffusé sur ses antennes un court reportage, repris aussitôt sur les différents réseaux sociaux de l’Alliance des États du Sahel, évoquant « l’implication de la France dans la mise en œuvre des projets subversifs contre le Niger ». Principale cible du Niger : la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Le réseau d’espions français au Niger avait été démasqué et les agents mis dans les geôles, confirmant la présence toujours accrue de la DGSE dans la région.

Alors qu’on annonce – à tort – l’extinction de l’influence de la DGSE de la région maghrébo-sahélienne, celle-ci se redéploie, faisant passer son budget à plus de un milliard d’euros. Objectif : maintenir son influence en Afrique, face à la concurrence d’autres acteurs tels que la Russie et la Chine. L’objectif n’est pas que politique et militaire, il est également économique, et sur ce dossier, la DGSE a sur qui, et surtout sur quoi s’appuyer.

   Ainsi, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) bénéficiera en 2025 d’un budget historique de 1,066 milliard d’euros, ce qui constitue une augmentation de 8 % par rapport à 2024.    

    Selon les informations rapportées par Challenges, cette enveloppe, qui reflète un effort budgétaire inédit, s’inscrit dans une stratégie de renforcement des capacités françaises en matière de cybersécurité, d’intelligence artificielle et de renseignement numérique.

    Depuis 2018, le budget de la DGSE a augmenté de 33 %, suivant la priorité donnée au renseignement par le Livre blanc sur la défense de 2008 et les orientations d’Emmanuel Macron depuis son arrivée à l’Élysée​. Selon le ministère des Armées, ces nouveaux moyens permettront notamment de financer des investissements technologiques majeurs : supercalculateurs, outils de lutte informatique offensive (LIO) et équipements d’interception électromagnétique.

    La DGSE, dirigée par Nicolas Lerner depuis janvier 2024, prévoit également de recruter 170 nouveaux agents, en particulier des spécialistes du cyber. Les effectifs du service devraient atteindre 6 100 agents en 2025, contre 4 400 en 2008​.

     Selon RT, il s’agit d’une stratégie de projection en Afrique puisque cette augmentation de budget soulève également des interrogations sur les priorités géopolitiques de la France. Alors que les troupes françaises se retirent progressivement du Sahel sous la pression des gouvernements locaux, la DGSE se dote de nouveaux outils pour maintenir une influence discrète sur le continent africain.

    À travers des campagnes d’influence numérique sur les réseaux sociaux et des opérations de renseignement, affirme RT, la France semble vouloir se repositionner face à d’autres pays concurrents qui opèrent dans la région.

   Beaucoup d’experts en sécurité affirment que le risque de voir se développer des campagnes de manipulation visant à influencer l’opinion publique locale ou déstabiliser des gouvernements hostiles aux intérêts français est de ce fait, bien réel. ​

Fayçal Oukaci