Les derniers indicateurs publiés par la Banque d’Algérie pour septembre 2024 permettent de dresser un panorama évolutif sur trois mois, révélant une accélération constante des agrégats monétaires. La masse monétaire M2, partie de 7,98% en août, culmine désormais à 10,09%, illustrant une dynamique de croissance soutenue.
Une progression trimestrielle significative
L’analyse comparative des trois derniers mois dessine une courbe ascendante remarquable. La masse monétaire M2 a connu une évolution spectaculaire, gagnant plus de deux points de pourcentage entre août et septembre 2024. Cette progression fulgurante témoigne d’une politique monétaire résolument expansionniste, visant à accompagner la transformation structurelle de l’économie nationale.
La circulation fiduciaire suit une tendance similaire, atteignant 10,58% en septembre contre 9,22% en août. Cette augmentation dépasse les projections des analystes qui anticipaient un seuil de 10% uniquement pour décembre 2024. L’accélération observée traduit une préférence accrue pour la liquidité, phénomène caractéristique des périodes de forte activité économique.
Le crédit à l’économie en progression constante
Les financements bancaires affichent une évolution graduelle mais régulière, passant de 5,16% en août à 5,48% en septembre. Cette progression mesurée reflète la prudence du secteur bancaire, qui maintient un équilibre entre soutien à l’économie réelle et gestion rigoureuse des risques. Les banques algériennes confirment ainsi leur approche conservative tout en accompagnant le développement économique.
La stabilité monétaire comme ancre
Le maintien du taux directeur à 3% constitue un pilier de la politique monétaire algérienne. Cette stabilité, maintenue depuis le début du premier mandat présidentiel de M. Abdelmadjid Tebboune, offre un cadre prévisible aux opérateurs économiques. Dans un contexte international marqué par la volatilité des taux d’intérêt, cette constance représente un atout majeur pour l’investissement massif dans l’économie nationale.
Une balance des paiements résiliente
Les indicateurs externes attestent d’une robustesse remarquable sur la période. Le solde du compte capital, stabilisé à 1,38 milliard de dollars, confirme l’attractivité continue du pays pour les investissements étrangers. Le solde global de 1,03 milliard de dollars illustre une gestion maîtrisée des flux financiers internationaux.
Le déficit du solde extérieur courant, contenu à 349 millions de dollars, reste sous contrôle. Cette performance est d’autant plus notable qu’elle intervient dans un contexte international complexe, marqué par des tensions géopolitiques et des perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales.
Une croissance sous surveillance rapprochée
L’évolution du PIB mérite une analyse détaillée. La croissance de 3,6% au deuxième trimestre 2024, comparée aux 3,8% du premier trimestre, révèle une légère modération. Cette variation, bien que minime, appelle à une vigilance accrue dans le pilotage de l’économie nationale, notamment dans un contexte où l’objectif gouvernemental vise une croissance durable autour de 4%. Le ralentissement de certaines activités en septembre peut également s’expliquer par la prudence observée lors des périodes d’élections présidentielles. Ce phénomène est une constante quasi mondiale.
La maîtrise progressive de l’inflation
Le front des prix connaît une amélioration significative. Le taux d’inflation en glissement annuel est passé de 4,5% en août à 3,8% en septembre, soit une baisse de 0,7 point. Cette décélération notable résulte des mesures de régulation mises en place par les autorités monétaires ainsi que l’actualisation des produits soutenus par le Trésor public et confirme, de facto, l’efficacité des politiques globales anti-inflationnistes.
La progression des indicateurs monétaires accompagne les grands chantiers de transformation économique. Le programme ambitieux de construction de deux millions de logements nécessite une mobilisation importante de ressources financières, justifiant en partie l’expansion monétaire observée.
La modernisation de l’appareil productif industriel et agricole explique également l’augmentation progressive des crédits à l’économie. Ces investissements structurants visent à renforcer la base productive nationale et à réduire la dépendance aux importations.
Impact sur le secteurbancaire
Le système bancaire algérien démontre sa capacité à accompagner cette transformation économique. L’augmentation des crédits, bien que prudente, traduit un engagement croissant dans le financement de l’économie réelle. Les banques publiques, en particulier, jouent un rôle moteur dans le soutien aux secteurs prioritaires. Toutefois, la bureaucratie continue de freiner certains investissements qui ont nécessité l’intervention du président de la République pour imposer des solutions aux blocages des crédits nécessaires à ces investissements.
Perspectives et enjeux futurs
Si la trajectoire globale est encourageante, certains défis persistent. La forte progression de la circulation fiduciaire pourrait signaler une résistance de l’économie informelle, appelant à un renforcement des mesures de bancarisation. La digitalisation des services financiers et l’inclusion bancaire demeurent des priorités pour moderniser les pratiques monétaires.
La légère décélération de la croissance au deuxième trimestre invite à une réflexion sur les leviers à activer pour maintenir le rythme de développement économique. Les autorités disposent de marges de manœuvre pour stimuler l’activité, notamment à travers l’accélération des réformes structurelles et l’amélioration du climat des affaires.
Le pilotage fin de la politique monétaire restera crucial dans les mois à venir. L’enjeu sera de maintenir le soutien à la croissance tout en prévenant les risques inflationnistes, dans un environnement international incertain. La stabilité du dinar et la maîtrise des équilibres externes constitueront également des priorités pour les autorités monétaires.
Yacine Merzougui