La souveraineté algérienne

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Edito

par Yacine Merzougui

Les autorités algériennes ont demandé le rapatriement immédiat d’agents français affectés dans des conditions irrégulières auprès des représentations diplomatiques et consulaires françaises en Algérie. Cette décision ferme intervient après une série de manquements
flagrants et répétés aux procédures diplomatiques établies.
La convocation du Chargé d’affaires de l’Ambassade de France au siège du Ministère des Affaires étrangères marque un nouveau chapitre dans les relations tumultueuses entre Alger et Paris. Au cœur de cette crise, l’affectation de quinze agents français destinés à exercer des fonctions diplomatiques ou consulaires, sans notification officielle préalable ni demandes d’accréditation, comme l’exigent pourtant les conventions internationales et la pratique diplomatique. Le mépris des règles diplomatiques semble avoir atteint son paroxysme lorsque ces agents, initialement détenteurs de passeports de service, se sont vu attribuer des passeports diplomatiques pour faciliter leur entrée en territoire algérien. Fait particulièrement préoccupant, deux de ces agents relèveraient directement du Ministère français de l’Intérieur, destinés manifestement à remplacer ceux récemment déclarés persona non grata par l’Algérie.
L’histoire des relations algéro-françaises est jalonnée de crises diplomatiques, mais celle-ci révèle une tentative à peine voilée de contourner la souveraineté algérienne. En effet, la nomination d’agents sans respect des procédures consacrées rappelle les méthodes coloniales où la France s’arrogeait le droit d’agir unilatéralement sur un territoire qu’elle considérait comme sien.
La fermeté dont fait preuve l’Algérie n’est pas sans rappeler d’autres moments de tension, comme la crise de 2021 liée aux déclarations du président français sur l’existence de la nation algérienne avant la colonisation. L’Algérie avait alors rappelé son ambassadeur à Paris et interdit le survol de son territoire aux avions militaires français. Face à ces provocations, la position algérienne reste constante : le respect scrupuleux de sa souveraineté nationale, chèrement acquise après des années de guerre de libération. La demande de rapatriement immédiat des agents français est ainsi un message clair adressé à Paris : les temps de l’ingérence sont révolus. Cette affaire soulève également la question de la réciprocité dans les relations diplomatiques, principe fondamental du droit international. L’attente interminable imposée aux diplomates algériens contraste avec la légèreté avec laquelle la France tente d’imposer ses agents sur le sol algérien.
L’Algérie, par cette posture de dignité et d’intransigeance sur les questions de souveraineté, rappelle à la France que les relations entre les deux pays ne peuvent être construites que sur le respect mutuel et l’équité, loin des réflexes post-coloniaux qui semblent encore habiter certaines institutions françaises.
Au-delà de l’aspect purement diplomatique, cette situation révèle les tensions persistantes dans la relation complexe entre les deux pays, où la mémoire coloniale et les intérêts géopolitiques s’entremêlent constamment. Dans ce jeu d’équilibriste, l’Algérie démontre une fois de plus sa volonté de maintenir une position souveraine et indépendante face aux pressions extérieures.

Y.M