La Société Saoura Ciment de Béchar vient d’annoncer l’échec retentissant de son appel d’offres national et international restreint pour l’extraction de 250 000 tonnes de schiste. L’absence totale de candidatures pour ce projet d’envergure soulève des interrogations sur l’attractivité du marché industriel dans la région de Béchar. Cette situation inédite place le Groupe Industriel des Ciments d’Algérie dans une position délicate pour assurer la continuité de ses approvisionnements.
L’avis d’infructuosité n°03/DG/SSC/2025, publié par la direction générale de la Société Saoura Ciment, fait état d’une situation exceptionnelle dans le secteur industriel algérien. Aucune entreprise, qu’elle soit nationale ou internationale, n’a manifesté d’intérêt pour ce marché pourtant substantiel portant sur le décapage, l’extraction, le chargement et le transport de schiste depuis la carrière de Benzireg vers la cimenterie bécharoise. Cette absence de candidatures interroge sur les conditions d’exploitation de la carrière de
Benzireg, site stratégique pour l’approvisionnement en matières premières de la cimenterie. Le schiste, roche sédimentaire essentielle dans la fabrication du ciment, constitue un matériau indispensable au processus de production. Son extraction nécessite des compétences techniques spécialisées et des équipements lourds, facteurs qui peuvent expliquer la réticence des entreprises du secteur.
Le volume concerné par cet appel d’offres, 250 000 tonnes, représente une quantité considérable qui montre les besoins importants de la Société Saoura Ciment. Cette usine, intégrée au sein du Groupe Industriel des Ciments d’Algérie, joue un rôle important dans l’approvisionnement du marché national, particulièrement dans les régions du Sud-Ouest algérien où la demande en matériaux de construction reste soutenue grâce aux grands projets en cours de réalisation dans la région. Le Groupe Industriel des Ciments d’Algérie, créé dans le cadre de la restructuration du secteur public industriel, regroupe plusieurs unités de production réparties sur le territoire national, dont la Société Saoura Ciment représente un maillon essentiel. La région de Béchar, riche en ressources minérales, a toujours constitué un bassin d’approvisionnement privilégié pour l’industrie extractive. Les carrières de la région fournissent traditionnellement diverses matières premières aux industries de transformation, notamment dans le secteur du BTP. Cependant, l’évolution du marché et les contraintes réglementaires ont pu modifier la donne concurrentielle.
Cette situation d’échec total d’un appel d’offres soulève également des questions sur les conditions contractuelles proposées par la Société Saoura Ciment. Les entreprises spécialisées dans l’extraction et le transport de matériaux évaluent généralement plusieurs critères avant de répondre à ce type de consultation : rentabilité du projet, accessibilité du site, contraintes environnementales et délais d’exécution. L’absence de réponses peut également refléter une conjoncture difficile pour les entreprises du secteur extractif, confrontées à des défis multiples : hausse des coûts énergétiques, difficultés d’approvisionnement en pièces détachées, contraintes de financement ou encore pénurie de main- d’œuvre qualifiée. Pour la Société Saoura Ciment, cette situation impose une révision de sa stratégie d’approvisionnement. L’entreprise devra probablement reconsidérer les conditions de son appel d’offres, ajuster ses critères techniques ou financiers, voire explorer d’autres sources d’approvisionnement pour maintenir sa production.
Cette infructuosité exceptionnelle montre les défis auxquels fait face l’industrie algérienne dans un contexte économique en mutation, où l’adaptation aux nouvelles réalités du marché devient impérative pour assurer la pérennité des activités industrielles.
Y.M