L’Algérie vient de renforcer son dispositif d’encadrement des importations d’ovins destinés à l’abattage, en édictant une série de mesures techniques et sanitaires strictes. Ces restrictions, précisées dans une fiche technique annexée au cahier des charges de la récente consultation internationale lancée par quatre entreprises publiques, démontrent implicitement la volonté des autorités du pays de maîtriser la qualité du cheptel importé tout en protégeant le patrimoine génétique animal national.
La fiche technique stipule clairement que seuls les ovins de race à viande pourront être importés.
Cette spécification, qui peut sembler évidente, traduit en réalité une orientation stratégique visant à optimiser le rendement en viande pour satisfaire une demande intérieure croissante, notamment lors des périodes de forte consommation comme l’Aïd El-Adha.
En matière de catégorisation, les importations sont exclusivement limitées aux ovins de sexe mâle, non castrés. Cette restriction de genre n’est pas anodine : elle vise à éviter l’introduction de femelles qui pourraient être destinées à la reproduction et ainsi perturber les programmes nationaux d’amélioration génétique du cheptel ovin algérien. De plus, les algériens ont pris pour habitude de sacrifier exclusivement les mâles lors du rituel religieux de l’Aïd.
L’état sanitaire des animaux fait l’objet d’une attention particulière. Les ovins à importer doivent être exempts de tout défaut apparent. La réglementation précise minutieusement les critères d’exclusion : animaux visiblement aveugles ou ayant perdu l’usage d’un œil, animaux visiblement malades, animaux boiteux, ou encore animaux brisés ou dont l’un des organes a été sectionné.
Ces exigences traduisent un souci de qualité mais aussi de respect des normes internationales en matière de bien-être animal.
L’âge des ovins constitue également un critère de sélection important : ils doivent avoir au minimum six mois. Cette limite d’âge garantit une certaine maturité physiologique des animaux, permettant ainsi une meilleure appréciation de leur état sanitaire général et de leur conformation.
Quant au poids, les ovins doivent peser entre 35 et 45 kilogrammes. Cette fourchette de poids correspond à des animaux suffisamment développés pour fournir un rendement en viande intéressant, tout en restant dans des normes compatibles avec les habitudes de consommation locales et les capacités logistiques de transport maritime.
L’une des restrictions les plus significatives concerne l’origine géographique des animaux. En effet, la fiche technique précise que « les ovins doivent provenir exclusivement des pays agréés par l’autorité sanitaire pour l’exportation vers l’Algérie ». Cette disposition, soulignée dans le document, traduit la volonté des autorités algériennes de contrôler les flux d’importation et de privilégier les pays dont les systèmes sanitaires offrent des garanties suffisantes.
Sur le plan documentaire, les exigences sont tout aussi rigoureuses. Les ovins importés doivent être accompagnés du certificat sanitaire du pays d’origine et de tous autres documents exigés conformément à la réglementation vétérinaire algérienne en vigueur. Ces documents constituent la pierre angulaire du dispositif de contrôle, permettant d’assurer la traçabilité des animaux depuis leur lieu d’élevage jusqu’à leur destination finale.
Ces restrictions multiples s’inscrivent dans une double logique : d’une part, garantir la sécurité sanitaire du cheptel national en prévenant l’introduction de maladies animales potentiellement dévastatrices ; d’autre part, assurer aux consommateurs algériens l’accès à des produits carnés de qualité, répondant à des standards précis.
Pour les entreprises publiques chargées de ces importations (ALVIAR SPA, GLOBAL AGRI FOOD, SARPA et CETRAD SPA), ces contraintes techniques représentent un défi logistique considérable. Elles doivent identifier des fournisseurs capables de respecter l’ensemble de ces
critères tout en proposant des prix compétitifs, dans un contexte international marqué par des tensions sur les marchés agricoles.
D.K