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mardi, mai 20, 2025

La junte interdit toute activité des partis: dérive totalitaire au Mali

Le Mali s’engouffre dans la crise. La junte militaire au pouvoir vient d’interdire toute activité politique dans le pays. Le Mali replonge dans sa léthargie et sa torpeur, mais sans aucune volonté d’avancer vers le meilleur. «Sont suspendues jusqu’à nouvel ordre pour raisons d’ordre public les activités des partis politiques et les activités à caractère politique des associations sur toute l’étendue du territoire national», indique un décret pris en Conseil des ministres par le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, et lu devant des journalistes par le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement. Elle survient alors que les militaires se sont maintenus à la tête du pays au-delà du 26 mars 2024, date à laquelle ils s’étaient engagés, sous la pression de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), à céder le pouvoir à des civils élus. Ils n’ont pas non plus organisé de présidentielle en février 2024 comme ils en avaient pris l’engagement. Contestée donc de toute part, la junte au pouvoir ne compter pas lâcher prise. Plusieurs mois après la prise du pouvoir, la junte n’a affiché aucune volonté de remettre le pouvoir à qui de droit, à savoir les civils. Cette «tergiversation» a sonné le glas de la patience. C’est ce qui a poussé la classe politique à dénoncer «une transition qui dure». En guise de réponse, la junte a décidé de suspendre les activités des partis politiques et autres associations jusqu’au nouvel ordre. Même les médias n’ont pas été épargnés par la décision. En effet, ils ont été instruits de ne pas donner une quelconque publication sur les activités des partis politiques. Le colonel Maïga a justifié la suspension des partis en invoquant un «dialogue» national initié le 31 décembre par le colonel Goïta. Pourtant, la junte s’est engagée à tenir une élection présidentielle après un dialogue «inclusif» qu’elle devait engager le 26 mars dernier. Cette élection avait pour but de rétablir le processus démocratique dans le pays. Mais rien n’a été fait depuis, la junte ayant choisi de tergiverser. A noter que cette décision a fait réagir plus d’une organisation. Le Haut-commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a vite fait de demander au Mali d’«abroger immédiatement» la suspension des activités des partis politiques. «Nous sommes profondément préoccupés par le décret suspendant les activités des partis politiques et autres associations civiques. Il doit être immédiatement abrogé», a indiqué, en effet, le Haut-commissariat dans un post publié sur les réseaux sociaux. A rappeler que les putschistes maliens ont pris officiellement le pouvoir en décembre 2020. Ils se sont engagés à entamer une période de transition sur trois ans avec, en prime, la tenue d’une élection présidentielle en février 2024, après un dialogue «inclusif» avec toutes les parties maliennes. Une fois installés au pouvoir, les militaires maliens n’ont tenu aucun engagement pris avec les Maliens. Plus grave encore, l’unique issue qui a été saluée par la communauté internationale et les parties maliennes, à savoir les Accords d’Alger, ont été suspendus unilatéralement par la junte. Ce qui a ouvert la voie à tous les dépassements et autres dérives. Plusieurs parties signataires de l’Accord d’Alger issu du processus de paix se sont retrouvées, depuis quelque temps, exclues de toute initiative politique.

 L. H.   

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