La dette extérieure et le boom industriel des années 70

Un rapport de cause à effet

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L’évolution de la politique d’endettement de l’Algérie est passée par plusieurs grandes étapes. La première est caractérisée par un recours massif aux capitaux extérieurs destinés à financer les investissements productifs (1973-1980). Selon l’économiste Rabah Abdoun, durant cette période elle a fait progresser rapidement le stock de la dette, passant de 3 à 19 milliards de dollars, augmentant en particulier, entre 1977 et 1978, (74 et 46 %) respectivement. Les emprunts extérieurs ont largement contribué à financer les investissements (30 %) en particulier dans le secteur industriel dans le cadre de la politique d’industrialisation. Bénéficiant d’une amélioration des termes de l’échange (1974-1979), l’Algérie a pu contenir la charge de sa dette dans les limites supportables. La politique d’’industrialisation des années 70 a nécessité la mobilisation de gros emprunts extérieurs Pour mieux comprendre le contexte économique et particulièrement la situation de la dette de l’Algérie entre la période 1976 et 1979, il faut se replonger dans une étape qui a été caractérisée par une transition entre le Plan quinquennal 1974-77 et le Plan de développement suivant (1980-84). Il faut garder à l’esprit que les objectifs fondamentaux de  l’Algérie post indépendance étaient de réaliser à l’horizon 1980 les buts définis en 1966, lesquels ont été affirmés de façon détaillée dans la Charte nationale approuvée par référendum en juin 1976. Ces objectifs peuvent se résumer comme, entre autres, l’élargissement et organisation de la base productive de l’économie nationale afin que puisse être atteint le stade de la croissance auto-entretenue et du plein emploi, l’achèvement de l’indépendance économique tout en élargissant et en diversifiant ses relations économiques internationales. A cette époque sous la présidence de feu Houari Boumediene la stratégie de développement à long terme du pays reste fondée essentiellement sur l’édification d’une industrie diversifiée et intégrée. Ceci nous amène à explorer la stratégie de financement du grand boom de  l’industrialisation de l’Algérie de cette époque, notamment entre 1970 et 1980. Ce modèle dit «d’industrie industrialisante», a nécessité la mobilisation de gros budgets, notamment, des emprunts extérieurs et partant grossir le volume de la dette.   

Le service de la dette extérieure a augmenté fortement, entre 1978 et 1979

Cependant, si l’on se réfère à un rapport de la Banque mondiale datant de l’année d’octobre 1980 consacré à l’évolution et les perspectives de l’économie algérienne, il s’avère que la réalisation du Plan 1974-77 a toutefois faussé quelque les objectifs de départ en créant des déséquilibres entre un volume d’investissements élevé et des ressources financières croissantes, ainsi que dans la répartition de l’investissement entre l’industrie et les autres secteurs. Ceci a abouti à des pressions sur les ressources financières extérieures et intérieures du pays. Pour remédier à cet état de fait défavorable à la bonne exécution des plans tracés, des mesures de stabilisation de l’investissement ont été adoptées par Ie Gouvernement en 1976 pour corriger les déséquilibres sectoriels n’ont pas été poursuivies assez longtemps pour donner leur plein effet. D’ailleurs, les besoins en capitaux extérieurs ont augmenté et les larges emprunts contractés à l’étranger ont entraîné une hausse rapide des obligations au titre du service de la dette. Le solde général des opérations de l’Etat y compris les charges d’investissement et les transferts. Ainsi, profitant d’un accès relativement plus facile aux marchés financiers extérieurs, l’Algérie a continué à emprunter largement, en 1978 et en 1979, pour compléter le financement de son programme d’investissement, en particulier pour Ie développement des hydrocarbures. Le service de la dette extérieure a augmenté fortement, passant de 1,5 milliards de dollars en 1978 a 2,6 milliards en 1979. Cependant, la hausse substantielle des recettes tirées des exportations d’hydrocarbures en 1979 a permis de limiter la hausse du rapport du service de la dette aux exportations, qui est passée de 20% en 1978 a 25% en 1979. Toutefois, s’agissant de la question du volume des dettes entre 1973 et 1980, la période s’est caractérisée par un recours massif aux capitaux extérieurs destinés à financer en priorité les programmes d’investissements réalisés dans le secteur industriel. Durant cet intervalle de temps, le volume de la dette a progressé rapidement, passant de 3 milliards de dollars à 19 milliards de dollars, avec une précision en 1976 ou le montant de la dette était de 13 milliards de dollars équivalent à celui des réserves de change en 1979, c’est-à-dire 13 milliards de dollars, une année après le décès de l’ancien président Boumediene. 

Rabah Karali