La campagne d’évaluation halieutique a pris fin

Résultats préliminaires présentés par le ministre, M. Ahmed Badani

0

Entre évaluation des stocks marins et développement de l’aquaculture, le ministère de la Pêche dévoile une stratégie ambitieuse pour répondre aux défis économiques et environnementaux.

Le ministère de la Pêche et des Productions Halieutiques, sous la direction de M. Ahmed Badani, vient de finaliser une vaste opération d’évaluation des ressources halieutiques sur les côtes algériennes. Dans un contexte de baisse des captures et de hausse des prix, le gouvernement envisage une série de mesures pour garantir la durabilité des stocks marins et améliorer la disponibilité des produits de la mer pour les consommateurs algériens.

Durant le mois d’août, une campagne d’évaluation a été menée afin de collecter des données sur la biomasse des espèces démersales et leur structure démographique. M. Badani rapporte que cette campagne a permis de réaliser 90 traites de chalut et plus de 80 prélèvements pour évaluer des paramètres environnementaux tels que la température et la salinité de l’eau. Au total, ce sont plus de 27 000 spécimens, incluant poissons, mollusques et crustacés, qui ont été étudiés.

Les résultats, pour l’heure, sont mitigés. Hormis dans les régions de l’Ouest et de l’Est, les captures moyennes sont en baisse. Ce constat suscite des inquiétudes quant à la santé des stocks marins, amenant le ministère à envisager l’élaboration d’un plan de gestion rigoureux. « Nous analyserons les données en collaboration avec les scientifiques et les professionnels du secteur pour mettre en place des mesures adaptées », a déclaré M. Badani.

La hausse des prix du poisson en Algérie reste une problématique récurrente, exacerbée par des difficultés de distribution et une demande croissante. Le ministre rappelle que bien que l’Algérie dispose de plus de 2 148 km de côtes, la production annuelle moyenne plafonne à 100 000 tonnes depuis les années 1990. La croissance de la population et l’expansion des circuits de distribution vers l’intérieur des terres pèsent également sur la disponibilité du poisson. Cette situation met en lumière la nécessité de diversifier les sources de production et de renforcer la durabilité des ressources marines.

Face à la stagnation de la pêche traditionnelle, le ministère a lancé une stratégie ambitieuse de développement de l’aquaculture, « Strate-Pêche 2030 ». Ce plan, mis à jour depuis deux ans, vise une production de 60 000 tonnes en aquaculture marine et de 40 000 tonnes en eau douce d’ici 2030. Selon M. Badani, l’Algérie possède un potentiel important avec plus de 80 barrages et 100 000 bassins agricoles pouvant être utilisés pour l’aquaculture. Actuellement, 71 projets sont en cours, et environ 200 autres sont en préparation, avec l’espoir d’atteindre une production globale de 200 000 tonnes d’ici la fin de la décennie. « Cette augmentation de l’offre devrait se répercuter favorablement sur les prix pour les consommateurs », a-t-il ajouté.

Pour soutenir les investisseurs, des mesures incitatives, telles que des exonérations douanières et des crédits bonifiés, sont déjà en place pour faciliter les importations de matériel destiné à l’aquaculture. Parallèlement, la modernisation de la flotte de pêche est considérée comme un pilier de la stratégie. La loi de finances 2024 autorise l’importation de moteurs de moins de cinq ans, bénéficiant de réductions sur les droits de douane et la TVA. Des chantiers navals ont également été établis dans 15 ports de pêche pour construire des navires de grande capacité, permettant d’explorer des zones de pêche plus éloignées.

L’Algérie a intensifié ses efforts pour diversifier ses zones de pêche en négociant un accord avec la Mauritanie. Ces discussions visent à réduire les coûts d’accès aux eaux mauritaniennes pour les pêcheurs algériens, augmentant ainsi leurs possibilités d’exploitation. « Nous sommes optimistes quant à l’avancement de cet accord, qui pourrait offrir de nouvelles perspectives aux opérateurs nationaux », a souligné le ministre.

En 2024, l’Algérie a exporté du thon pour une valeur de 27 millions de dollars, grâce à un quota de pêche de 2046 tonnes. Un projet de ferme d’engraissement de thon est actuellement en cours, avec une capacité d’augmentation de 1800 tonnes. Cette initiative vise à renforcer la production nationale et à accroître les revenus d’exportation.

L’opération d’évaluation des stocks marins aura donc servi de signal d’alarme, incitant à une gestion plus proactive et à une planification stratégique qui réponde aux défis économiques et environnementaux du pays.

SoniaH.