L’Algérie a célébré hier la Journée nationale du Moudjahid, un événement marquant qui commémore deux dates cruciales dans l’histoire de la lutte pour l’indépendance : l’offensive du Nord-Constantinois, le 20 août 1955, et le Congrès de la Soummam, un an plus tard, en 1956. Ces deux événements ont non seulement galvanisé la Révolution algérienne, mais ont également permis de structurer et de renforcer le mouvement de libération, conduisant finalement à l’indépendance du pays en 1962. Le 20 août 1955, Zighoud Youcef, leader charismatique et chef de la Zone II (Nord-Constantinois), lance une offensive d’envergure contre les forces coloniales françaises. Cette attaque, soigneusement coordonnée avec son adjoint Lakhdar Bentobal, mobilise des milliers de paysans aux côtés des combattants de l’Armée de libération nationale (ALN). Ensemble, ils s’en prennent à des cibles stratégiques telles que des postes de police, des casernes de gendarmerie, et des infrastructures coloniales. Cette offensive a eu pour objectif principal de soulager la pression militaire sur les Aurès et d’autres régions assiégées, où la population civile subissait une répression brutale. Près de 12 000 Algériens innocents furent massacrés par les forces coloniales dans cette campagne de répression sanglante. Cependant, loin de décourager le mouvement, ces sacrifices ont renforcé la détermination des Algériens et marqué un tournant décisif dans la lutte pour l’indépendance. L’impact international de cette offensive ne fut pas moindre. La violence de la répression coloniale a mis en lumière la question algérienne sur la scène internationale. En septembre 1955, cette question fut inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations unies, qui la reconnut comme une lutte pour la libération nationale, contredisant ainsi les allégations de la France qui présentait le conflit comme un simple problème interne. Un an après cette offensive, le 20 août 1956, le Congrès de la Soummam se tient dans la clandestinité, marquant une étape fondamentale dans l’organisation et la structuration de la Révolution algérienne. Ce Congrès aboutit à des décisions stratégiques qui allaient façonner le futur de la lutte. Parmi les résolutions adoptées, le remplacement des cinq zones initiales par six Wilayas subdivisées en zones, régions et secteurs, permit une meilleure coordination et efficacité dans la conduite des opérations. Le Congrès de la Soummam a également jeté les bases d’une Armée de libération structurée à l’échelle nationale, avec une hiérarchie militaire claire et une organisation rappelant celle d’une armée régulière. Sur le plan politique, il a consacré la primauté du politique sur le militaire, et de l’intérieur sur l’extérieur, soulignant ainsi l’importance de l’unité nationale et de la direction interne de la lutte. La commémoration de cette Journée nationale du Moudjahid intervient à un moment crucial pour l’Algérie, alors que le pays s’apprête à vivre une élection présidentielle le 7 septembre prochain. Cet événement électoral est vu comme une opportunité pour consolider davantage l’Etat de droit et ancrer les valeurs démocratiques au sein de la société algérienne. Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a souligné l’importance de ce processus, en particulier pour la jeunesse algérienne, qu’il appelle à s’impliquer activement dans la vie politique et à contribuer à la construction de l’avenir du pays. En cette journée du souvenir, les Algériens sont invités à honorer la mémoire des héros de la Révolution, tout en réaffirmant leur engagement à préserver et à renforcer l’unité nationale, la souveraineté du pays, et les valeurs de liberté et de dignité pour lesquelles tant d’Algériennes et d’Algériens ont sacrifié leur vie. La double célébration du 20 août demeure un symbole puissant de la résilience et de la détermination du peuple algérien à prendre en main son destin.
Sonia. H