Investissement du groupe français CMA CGM en Algérie

Le poids de l’économie nationale impose le changement de paradigme

0



Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu, hier, à Alger, le P-DG de la Compagnie maritime d’affrètement-Compagnie générale maritime (CMA CGM), M. Rodolphe Saadé, a indiqué un communiqué de la Présidence de la République. L’audience s’est déroulée en présence du directeur de Cabinet à la Présidence de la République, M. Boualem Boualem, et du ministre des
Transports, M. Saïd Sayoud.
Pour rappel, en date du 15 avril dernier, le Conseil du renouveau économique algérien (CREA) a dû se fendre d’un communiqué en réponse à une décision après que les autorités françaises ont déconseillé fortement à un dirigeant d’une entreprise française de transport maritime (Groupe français CMA CGM) de se rendre en Algérie pour concrétiser un projet d’investissement dans le secteur portuaire. Annulation ou pas du projet, depuis cette fameuse date du 15 avril, le dialogue et la concertation entre les deux parties ont repris le dessus pour faire aboutir « coûte que coûte » cet investissement de plusieurs milliards d’euros. Du coup, faut-il s’attendre à l’ouverture d’une nouvelle page dans les relations entre le groupe français CMA CGM et l’Etat algérien ? Tout porte à croire que c’est le cas de le dire. Néanmoins, jusqu’à l’heure où nous mettons sous presse, aucune information officielle concernant le but de cette visite très discrète du boss de CMA CGM n’a fuité. Dans ce même communiqué, le CREA a tenu à souligner « l’incohérence entre les déclarations officielles de normalisation des relations et les actions qui entravent les investissements privés en Algérie ». Et d’ajouter également que « les mesures prises par la France vont à l’encontre des efforts de réciprocité et de respect mutuel qu’il appelle de ses vœux pour développer des partenariats internationaux. Ce fâcheux événement dont les autorités françaises sont pleinement responsables ne peut que compliquer encore davantage les relations diplomatiques entre les deux pays. Pourtant, la situation avait connu une certaine accalmie à la faveur de la visite du chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, le 6 avril à Alger. Néanmoins cet incident provoqué par Paris n’a fait que ʺjeter de l’huile sur le feu ʺ. Par ailleurs, en réaction à ce ʺcoup torduʺ, des observateurs nationaux ont commenté ce malheureux épisode. Pour certains, « il ne s’agit que d’une tentative pour essayer de freiner, sinon casser le développement commercial de nos entreprises. De son côté, la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF), avait rendu public un communiqué publié en avril dernier, laquelle a réaffirmé « son engagement et sa disponibilité à œuvrer dans l’intérêt des entreprises des deux pays dans le cadre de ses missions », et encourage « les entreprises impactées par cette dégradation du climat des affaires qui depuis la France travaillent avec des partenaires algériens à se manifester auprès de ses services pour réaffirmer leur volonté de pérenniser leurs partenariats qui, ne l’oublions pas, ont également vocation à maintenir des emplois stables en France », a conclu le communiqué.
Vers une réactivation du projet ?
Après avoir été mis en veilleuse pendant plus d’un mois, le projet du groupe français CMA CGM est peut-être en voie d’être réactivé à la faveur de la récente visite de M. Rodolphe Saadé à Alger et surtout grâce à la sagesse du président de la République qui va certainement débloquer la situation. Dans ce cadre, il faut rappeler que le grand groupe français CMA CGM, qui a hérité des actifs de
l’armateur français Bolloré Logistics Africa projetait la réalisation d’infrastructures portuaires très modernes à Oran, considérant que la capitale de l’Ouest algérien représente un carrefour stratégique d’avenir entre l’Afrique et l’Europe. D’après certaines sources, “le groupe français visait à prendre la gestion complète d’un terminal dans ce port, avec l’ambition de renforcer son réseau logistique et
d’augmenter ses investissements dans la région”. Aussi CMA CGM, qui est déjà présent dans neuf ports algériens, notamment Alger, Béjaïa, Annaba, Skikda et Ghazaouet, souhaitait-elle se consolider en Algérie. Il projetait ainsi la  création de terminaux à conteneurs modernes. Il était aussi question d’inaugurer une ligne maritime directe entre Marseille et Oran, avec la création de plus de 2 000
emplois directs dans la région.
Rabah Karali