Avec les progrès significatifs réalisés par les cinq grandes économies émergentes qui le composent (Russie, Chine, Brésil, Inde et Afrique du Sud), et l’adhésion prochaine de plusieurs autres économies montrant des signes clairs d’intérêt à rejoindre ce bloc, les BRICS révèlent de larges perspectives les qualifiant à émerger comme une superpuissance énergétique, ses pays – membres et candidats – étant les principaux producteurs d’énergie au monde.
Le charbon, le pétrole et le gaz naturel représentent respectivement 71%, 30% et 22% du total mondial produits par les membres actuels, selon les données de l’Economics and Technology Research Institute, dépendant de la société chinoise CNPC (China National Petroleum Corporation).
Ces parts devraient augmenter avec l’adhésion des futurs membres, qui, eux aussi, partagent de larges potentiels en matière d’énergies fossiles et de développement des énergies renouvelables.
Le bloc des BRICS, qui s’impose comme une alternative au groupe du G7 (le groupe des pays émergents avait déjà dépassé en termes de PIB celui des pays les plus industrialisés du monde, respectivement 31,5% contre 30,7%), se réunira au Cap, en Afrique du Sud, les 2 et 3 juin pour discuter de son élargissement.
Selon l’ambassadeur d’Afrique du Sud au sein du groupe BRICS, Anil Sooklal, qui s’est exprimé dans un entretien avec l’agence américaine d’informations économiques Bloomberg, 19 pays ont exprimé leur intérêt à rejoindre les BRICS, dont 13 ont officiellement déposé des demandes d’adhésion au groupe, dont l’Algérie qui a officialisé l’année dernière sa candidature par la voix du président de la République.
Emboîtant le pas à l’Algérie, l’Argentine et l’Iran ont officiellement déposé des demandes d’adhésion au groupe des BRICS, alors que l’Arabie Saoudite, l’Egypte et la Turquie ont également exprimé leur intérêt pour une adhésion au bloc.
Ce qui confère à ce groupe un rôle plus important et plus influent dans le paysage économique et géopolitique mondial.
Alors que les pays les plus industrialisés font face à des perspectives économiques sombres (forte inflation, situation en Ukraine, perturbations du secteur financier), l’Algérie aura beaucoup à gagner en se plaçant dans le bloc des BRICS.
Premier exportateur africain de gaz naturel et 7e mondial, l’Algérie s’impose comme une puissance gazière avec des réserves prouvées de gaz naturel s’élevant à près de 2400 milliards de m3 : elle est l’un des principaux fournisseurs de l’Europe.
Selon plusieurs études, l’Algérie occupe également la 3e place derrière la Chine et l’Argentine en matière de réserves de gaz de schiste : les réserves sont estimées à 20 000 milliards de m3.
L’Algérie a récemment signé plusieurs accords de coopération avec la Chine, puissance économique du groupe des BRICS, notamment dans les domaines miniers et des hydrocarbures.
L’Arabie Saoudite est également considérée comme l’un des plus grands producteurs de pétrole au monde avec des réserves parmi les plus importantes, tandis que l’Iran est classé à la fois comme pays gazier et pétrolier, compte tenu du volume de sa production à partir de ces deux ressources énergétiques.
Récemment, l’Iran a retrouvé ses capacités de production d’avant les sanctions américaines, qui atteignaient environ 3,8 millions de barils par jour.
Lors du premier Forum de coopération énergétique des BRICS qui s’est tenu l’année dernière à Pékin, il a été démontré que les pays membres ont réalisé des progrès substantiels dans le secteur des énergies renouvelables au cours des dernières années.
Selon les données publiées par l’Economics and Technology Research Institute, l’électricité produite par les énergies renouvelables est passée de 19% en 2010 à 37% en 2020.
D’autre part, les BRICS sont également riches en ressources énergétiques, à la fois en combustibles fossiles et en énergies renouvelables.
Dans le secteur des énergies renouvelables, l’énergie solaire d’Afrique du Sud, du Brésil et de l’Inde, l’énergie éolienne de Russie et de la Chine, ainsi que la biomasse du Brésil bénéficient toutes d’avantages substantiels en matière de ressources.
La Chine et l’Inde, qui sont les principaux producteurs de charbon dans le monde, ont produit respectivement 50 et 10% de la production mondiale totale en 2020. La Russie a produit 12% du pétrole mondial et 16% du gaz naturel mondial. Le Brésil est riche en énergie de biomasse et sa production représentait un quart du total mondial en 2020.
Les BRICS, qui sont tous de nouvelles économies confrontées à des objectifs de réduction de carbone, partagent de larges perspectives de coopération énergétique, en particulier dans le secteur des énergies renouvelables. Ils devraient intensifier la coopération énergétique, en particulier dans le secteur de l’énergie propre. Cette complémentarité économique se manifeste notamment à travers l’adoption des monnaies nationales dans les échanges commerciaux.
Dans un article de recherche publié sur internet par les chercheurs Zongyuan Zoe Liu et Mihaela Papa de l’Université américaine de Massachusetts, intitulé «Les BRICS peuvent-ils dédollariser le système financier mondial ?», il est noté que la Russie et la Chine arrivent largement à relever le défi de ne plus dépendre du dollar américain.
La Russie et la Chine se sont lancées dans des politiques claires de promotion de la monnaie locale, invariablement au détriment du dollar, car leurs relations avec les Etats-Unis ont continué de se détériorer. Au premier trimestre 2020, par exemple, la part du dollar dans le commerce bilatéral entre les deux pays est tombée en dessous de 50% pour la première fois, après avoir atteint près de 90% cinq ans plus tôt, d’après la même recherche.
L’un des objectifs les plus importants pour l’Algérie d’adhérer aux BRICS est de trouver un environnement favorable à sa relance économique axée sur la promotion des exportations hors hydrocarbures, tout en préservant sa souveraineté politique et économique, les BRICS étant considérés comme le seul espoir pour améliorer et promouvoir la reprise économique mondiale, alors que les pays occidentaux font face au risque d’une récession des plus désastreuses.
Hamid Mecheri