C’est hier, au Palais des Nations, que le président Abdelmadjid Tebboune, élu pour un second mandat à l’issue de la présidentielle anticipée du 7 septembre dernier, a prêté serment. En présence des cadres de l’Etat, des ambassadeurs, d’anciens maquisards, d’anciens Premiers ministres, des chefs de partis, d’organisations syndicales, d’organisations de masse et des membres du gouvernement, le président Tebboune a entamé officiellement son second mandat, après avoir prêté serment. Dans son discours, Abdelmadjid Tebboune s’est engagé à lancer «un dialogue avec l’ensemble des forces vives de la nation», et ce, «en consécration de la véritable démocratie». A ce propos, le Président a souligné qu’«au cours du second mandat, nous engagerons des discussions soutenues et des consultations avec l’ensemble des forces vives du pays, politiques, économiques et juvéniles», ajoutant que «ce dialogue nous permettra de baliser ensemble le chemin qu’empruntera notre pays en matière de consécration de la véritable démocratie», estimant qu’il faut rompre avec la «démocratie des slogans». Par ailleurs, le président Tebboune a précisé les grandes lignes de son programme du nouveau quinquennat en reprenant l’essentiel de ses engagements de campagne. Ainsi, il a souligné que son programme sera axé «essentiellement sur l’aspect économique», dont «les contours ont été tracés lors du premier mandat». «Nous avons réalisé de nombreux projets lors du premier mandat et nous allons maintenir la cadence pour ce nouveau quinquennat», a-t-il encore dit, annonçant «la présentation du programme de politique générale devant les deux chambres du Parlement avant la fin de l’année en cours». Dans ce sens, il a précisé que le bilan économique et financier du premier mandat sera également présenté devant les deux chambres.
Un mandat économique
Dans son discours d’investiture, le président Tebboune a souligné que son mandat actuel sera «exclusivement économique». Il a précisé qu’il «poursuivra» les efforts consentis lors du premier quinquennat «pour atteindre les objectifs tracés». «Nous avons pu remettre le pays sur les rails et de ce fait, nous allons continuer sur cette lancée pour engager le pays définitivement sur la voie du développement économique», a-t-il dit, rappelant, dans ce sens, que «le pays recèle d’énormes potentialités que nous avons le devoir d’exploiter». Il a cité, à ce propos, le secteur minier, dont les projets de Gara Djebilet, de Tébessa et de Béjaïa, qui constituent, selon le président, «un atout considérable». «Nous sommes sur la bonne voie», a-t-il encore dit, et d’annoncer : «Je m’engage à renforcer, ou du moins à maintenir le taux de croissance autour de 4 %». Il a également réitéré son engagement à atteindre l’autosuffisance pour certaines cultures stratégiques en 2025 et 2026. «Nous avons réalisé des avancées significatives dans la production agricole, notamment dans les cultures stratégiques, grâce à une carte agricole élaborée selon des critères scientifiques et à la poursuite de l’établissement de partenariats internationaux dans le secteur agricole avec des pays amis et frères, leaders dans les filières stratégiques comme le lait et les céréales», en vue de «réduire les importations», a dit le président de la République. Il a rappelé ses engagements pris lors de la campagne électorale de la présidentielle du 7 septembre concernant le secteur agricole, et a notamment cité celui visant à atteindre une autosuffisance «totale et complète» en blé dur vers la fin 2025 et en orge et en maïs en 2026. Le président de la République s’est également engagé à étendre les surfaces irriguées de près d’un million d’hectares. «Ceci n’est pas un simple engagement de campagne, mais une volonté d’atteindre cet objectif, auquel nous avions déjà mis les moyens nécessaires», a-t-il dit, ajoutant que «pour un pays comme le nôtre, dans un passé pas très lointain, on importait tout». «Le choix de l’import-import n’était pas fortuit», a-t-il estimé, considérant que «ceux qui faisaient cela savaient pertinemment que c’était le seul moyen de dilapider l’argent du peuple et de le transférer à l’étranger». «Maintenant, place au travail et à la production nationale», a-t-il clamé, sous les applaudissements de l’assistance. A propos de l’industrie, le Président a annoncé que 9000 projets industriels sont inscrits à l’Agence nationale de l’investissement, s’engageant, à l’occasion, à encourager la création de 20 000 projets industriels durant son second mandat. «Je suis conscient que certains projets attendent une assiette foncière, d’où notre engagement à assainir le foncier industriel et l’octroyer à ceux qui vont réellement travailler», a-t-il encore dit, rappelant que des avancées et pas des moindres ont été réalisées dans ce domaine, avec la récupération de plusieurs assiettes non exploitées et leur octroi à des industriels qui ont déjà réalisé leurs projets. «Je m’engage à hausser l’apport de l’industrie au PIB à hauteur de 12%», a-t-il encore annoncé, ajoutant que le PIB sera de l’ordre de 400 milliards de dollars durant ce nouveau mandat. «Nos importations hors hydrocarbures atteindront les 15 milliards de dollars très bientôt», a-t-il dit, appelant «à poursuivre les efforts dans la diversification de l’économie».
Le Made in Algeria
Les engagements du président Tebboune, même s’ils ont été présentés succinctement, se concentrent sur le volet économique, à travers lequel, a-t-il dit, «nous allons renforcer le volet social». «Nous aurons 20 000 start-up durant ce second mandat», s’est-il engagé, faisant état de près de 8000 start-up aujourd’hui contre moins de 200 en 2020. Il s’est également engagé à créer
450 000 emplois pour les jeunes durant son second mandat présidentiel. «Nous avons réalisé des stations de dessalement d’eau de mer avec des compétences exclusivement algériennes», a dit le président Abdelmadjid Tebboune, considérant qu’hormis «quelques pièces, tout ce que nous avons fait est algérien». «C’est un exploit et nous en sommes fiers», a-t-il encore dit, ajoutant que sur ce plan, «nous avons enregistré une grande avancée». Concernant toujours le secteur de l’eau, il a annoncé la mise en service prochainement «de cinq stations de dessalement d’eau de mer», avec une production quotidienne de «350 000 millions de m3». «En vertu du Plan national de l’eau, nous allons réaliser d’autres stations», a-t-il encore annoncé, dans le but «de vaincre le stress hydrique». Il a également annoncé «la connexion inter-barrages» pour permettre «la satisfaction de la demande citoyenne en eau potable» et le maintien «des grands transferts».
Fin des zones d’ombre
«Durant ce nouveau mandat, il n’y aura plus de zones d’ombre dans le pays», a dit le Président, estimant qu’avec les projets lancés, «aucun Algérien ne sera oublié». «Nous allons construire 2 millions de logements, toutes formules confondues», a annoncé le président, ajoutant que «des hausses salariales et des revalorisations des retraites et des allocations sont aussi prévues» afin «de renforcer le pouvoir d’achat des citoyens». «Nous allons également plafonner les prix des produits de première nécessité et nous allons encore lutter contre l’inflation pour la maintenir au seuil de 4%», a ajouté M. Tebboune. «Nous allons poursuivre les projets de réalisation de chemin de fer», a-t-il encore annoncé, précisant que «le train atteindra le Grand Sud, notamment Tamanrasset».
Hassani Cherif et Youcef Aouchiche reçus
Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu, hier, au siège de la présidence de la République, les candidats à la présidentielle du 7 septembre, M. Abdelaali Hassani Cherif pour le Mouvement de la société pour la paix (MSP) et M. Youcef Aouchiche pour le Front des forces socialistes (FFS). L’audience s’est déroulée après la prestation de serment par le président de la République au Palais des Nations et sa prise de fonction en tant que président de la République pour un second mandat. «Nous avons fait une campagne électorale propre», empreinte «de respect», a dit le Président, saluant les deux ex-concurrents.
Un mandat «important»
Lors de sa prise de parole, le président Tebboune a indiqué qu’il entame son second mandat dans une conjoncture «sensible». «La situation régionale et internationale est très compliquée», a-t-il dit, estimant que l’Algérie «a déjà tracé son sillon». «La mission est difficile et nous avons tout pour y faire face avec un engagement sincère et sérieux », a encore ajouté le Président.
L. Hichem