Lors d’une rencontre avec les militants du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, secrétaire générale du parti, est revenue sur la situation qui prévaut à la fois dans le pays, dans son entourage et surtout au Proche et Moyen-Orient. Pour la première responsable du PT, les révolutions doivent être l’émanation du peuple, considérant que « les révolutions importées ne sont pas la solution », mais plutôt « porteuses de risques majeurs pour les pays ».
Expliquant la position immuable de son parti concernant « les agissements » du couple américano-sioniste au Moyen-Orient, Mme Hanoune n’a pas laissé ses interlocuteurs indifférents, leur indiquant que « la crise du capitalisme a provoqué des guerres et des tensions partout dans le monde ». Elle a précisé que « c’est le fait que l’impérialisme ait atteint ses limites qui provoque, sciemment, des conflits et des crises comme unique solution pour assurer sa pérennité », sans perdre de vue, cela dit en passant, que « le retour de Donald Trump au pouvoir aux USA n’est surtout pas pour atténuer les crises ». Faisant la jonction, naturellement, entre la situation en Syrie et en Palestine, Mme Hanoune a indiqué que « la sauvagerie en Palestine et les développements en Syrie alimentent les incertitudes même dans notre région ». « Les accords d’Abraham, à travers lesquels ils obligent des pays à normaliser leurs relations
avec l’entité sioniste, ne sont pas un vœu pieux du tandem américano-sioniste », mais « le leitmotiv » qui assure « la mainmise sur toute la région », a-t-elle expliqué, rappelant, à ce titre, que l’Arabie Saoudite allait « normaliser » ses relations avec l’entité sioniste, si ce n’était pour le 7 octobre 2023, estimant qu’elle sera le prochain pays à s’engager dans la normalisation dans le cadre des Accords d’Abraham. Abordant la situation en Syrie, Mme Hanoune s’est interrogée sur le fait que « Damas soit devenue, subitement, le centre du monde », dénonçant, au passage, « la valse des forces impérialistes, guidées par les USA dans la région, à la rencontre du pouvoir de fait ». «
L’administration américaine négocie d’un côté et menace de l’autre, en fonction de ses intérêts », a-t-elle dit, ajoutant que « les forces militaires et interventions étrangères ne peuvent en aucun cas enfanter la démocratie et le bien-être social et économique ». « Nous soutenons le peuple syrien qui saura exercer sa souveraineté et décidera de la nature de son régime, et non le FMI ou un autre organisme monétaire international », a-t-elle encore affirmé, estimant que « les Syriens doivent s’assurer que leur pays soit définitivement libéré des tensions internes et de la présence étrangère, et surtout celle de l’entité sioniste ». Elle a souligné, par ailleurs, que « le complot américano- sioniste, soutenu par la Turquie et certains pays de la région, vise à anéantir la cause palestinienne et à venir à bout de la résistance », considérant que « les richesses de la Syrie sont au cœur de ces tiraillements et agissements impérialistes ».
Plaidoyer pour un dialogue national
Abordant la situation du pays, Mme Louisa Hanoune est restée fidèle à son franc-parler. Ainsi, elle n’a pas hésité à fustiger l’Exécutif, qu’elle estime « déphasé » par rapport à la situation réelle du pays. Elle en veut pour preuve le fait que certains départements « ont ouvert » des canaux de discussion avec des partenaires sociaux, comme l’Éducation et l’Enseignement supérieur, contrairement à d’autres qui ont non seulement refusé tout débat, mais s’y opposent. « Le pays a grandement besoin d’un débat national ouvert, inclusif, sans tabou et sans a priori », a-t-elle plaidé, estimant que « c’est le seul rempart contre toute velléité d’intervention dans les affaires internes de notre pays ». « Nous devrions revoir tous les points de faiblesse pour assurer une meilleure défense », a-t-elle encore dit, ajoutant que « les forces impérialistes usent de ces faiblesses pour s’ingérer dans les affaires internes des pays ». Le
plaidoyer de Mme Hanoune pour un débat national ouvert est conditionné par des préalables qu’elle estime « importants et primordiaux ». « Les autorités doivent ouvrir le champ politique, syndical et médiatique », a-t-elle souligné, afin, a-t-elle dit, « de permettre à chacun d’exposer son point de vue ». « Ouvrir un débat national ouvert et sans restriction afin de traiter tous les sujets sans tabou », a-t-elle insisté. Prenant l’exemple du projet de nouveau code de wilaya et de la commune, Mme Hanoune a regretté que le PT n’ait pas pu avoir une copie, estimant que ce projet doit émaner du peuple. « Ces projets sont la prérogative du peuple. Nous devons en débattre au préalable », a-t-elle encore plaidé, considérant que « la fermeture du champ politique et médiatique ne bénéficiera pas au pays ».
Mohamed Mouloudj