La frappe meurtrière qui a ciblé l’hôpital Al Ahli Arab au cœur de la bande de Ghaza a créé un choc terrible à travers le monde. Mardi, aux environs de 19h30, une explosion a littéralement soufflé l’enceinte de cet établissement hospitalier. Un bilan provisoire du ministère de la Santé palestinien annonçait le chiffre de 471 morts. Ahsraf Al-Qudra, porte-parole du ministère de la Santé, a déclaré que «200 à 300 martyrs» sont tombés suite à ce bombardement. Une tragédie qui coïncide avec une escalade d’hostilités menée par l’entité sioniste. Par ailleurs, l’agence de presse officielle palestinienne a rapporté que «des avions de l’occupation israélienne ont mené une frappe contre l’hôpital situé dans le quartier de Zaytoun à Ghaza, alors que des milliers de citoyens déplacés s’y étaient réfugiés, après la destruction de leurs maisons, cherchant un endroit sûr». Et d’ajouter : «Des séquences vidéo montraient des ambulances transportant les morts et les blessés, alors qu’un incendie s’est déclaré à la suite du bombardement». Un drame qui a choqué le monde entier. Les images choquantes de cette attaque se sont propagées rapidement sur la Toile.
Mensonges
Réagissant à cette attaque meurtrière, les autorités du Hamas ont accusé l’occupant israélien d’être responsable de ce drame. «L’horrible massacre perpétré par l’occupant sioniste à l’hôpital Al-Ahli au centre de la bande de Ghaza est un génocide qui révèle une fois de plus le vrai visage de cet ennemi, son gouvernement fasciste et son terrorisme, et révèle le soutien américain et occidental à cette entité», a mentionné un communiqué du Hamas, examiné et rapporté par l’agence de presse turque Anadolu. Il a appelé, poursuit le communiqué, les pays arabes et musulmans et la communauté internationale à «assumer leurs responsabilités et à intervenir immédiatement et de toute urgence pour mettre fin à l’arrogance de l’occupation et de son armée fasciste, et à la tenir pour responsable du génocide qu’elle commet depuis onze jours». Réagissant aux accusations du Hamas, le génocidaire sioniste, quant à lui, pointe du doigt l’organisation palestinienne du Jihad islamique, rejetant sur lui toute responsabilité dans ce drame, l’accusant d’avoir envoyé une roquette sur l’hôpital. «D’après des informations des services de renseignement basées sur plusieurs sources que nous avons obtenues, le Jihad islamique est responsable du tir de roquette raté qui a touché l’hôpital», a affirmé de son côté l’armée israélienne dans un communiqué. Des accusations que le Jihad islamique a réfutées, qualifiant l’occupant israélien de menteur.
A rappeler que l’occupant israélien mène, depuis le 7 octobre dernier, des frappes intenses et criminelles contre Ghaza, la privant d’eau, d’électricité, de nourriture et de médicaments, et empêchant les secours d’y accéder. Sans oublier les raids et autres arrestations dans les villes et villages de la région Sud des territoires occupés,et ce, en réponse à l’offensive des unités armées du Hamas, appelée «Déluge d’Al-Aqsa».
Réactions
L’attaque de l’hôpital Al-Ahli Arab a suscité de vives réactions à l’international. La réaction des alliés de l’entité sioniste n’étonne pas. « L’Algérie condamne, dans les termes les plus forts, la frappe délibérée sur un hôpital dans la bande de Ghaza, par les forces d’occupation, faisant des centaines de victimes et plusieurs blessés parmi les enfants du peuple palestinien frère », a déclaré dans un communiqué le chef de l’Etat Abdelmadjid Tebboune. Sur la scène internationale, les réactions sont nombreuses. La Russie et les Emirats arabes unis ont appelé à une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour discuter de cette situation critique. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, ont condamné l’attaque et appelé à l’arrêt immédiat des violences, insistant sur la nécessité de protéger les civils et le personnel médical. Un point fortement souligné par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui condamne fermement l’attaque menée contre l’hôpital Al-Ahli Arab. Un établissement qui, rappelons-le, était en activité. De son côté, la Belgique demande que «toute la clarté soit faite» sur cette attaque. Le ministère jordanien des Affaires étrangères a condamné le tir contre l’hôpital, qu’il a imputé à l’occupant israélien. Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a décrété une journée de «deuil public» mercredi (hier) et a prédit que l’attaque contre l’hôpital allait se retourner contre Israël et son allié américain. En effet, des centaines de manifestants se sont rassemblés devant les ambassades de France et du Royaume-Uni à Téhéran dans la nuit de mardi à mercredi. Plusieurs milliers de personnes s’étaient précédemment réunies sur la place de Palestine, dans le centre de Téhéran, pour crier leur colère.
Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a condamné avec la plus grande fermeté «le bombardement israélien» de l’hôpital, le qualifiant de «délibéré» et de «violation manifeste du droit international». Même son de cloche au niveau de la Ligue arabe. Son chef, Ahmed Aboul Gheit, a appelé mardi «l’Occident à faire cesser immédiatement la tragédie» à Ghaza. Et de prévenir : «Nos mécanismes arabes recensent les crimes de guerre, et leurs auteurs ne pourront pas échapper à la justice». Le président français, Emmanuel Macron, a souligné – sans citer l’occupant sioniste- que «rien ne peut justifier de prendre des civils pour cibles». Et d’ajouter : «La France condamne l’attaque contre l’hôpital Al-Ahli Arabi de Ghaza qui a fait tant de victimes palestiniennes. Nous pensons à elles. Toute la lumière devra être faite». Quant à l’allié inconditionnel de l’entité sioniste, sa réaction était prévisible. Le président américain Joe Biden accuse le Hamas. «J’ai été profondément attristé et choqué par l’explosion dans l’hôpital à Ghaza hier (mardi, ndlr). Et sur la base de ce que j’ai vu, il apparaît que cela a été mené par la partie adverse». Pour lui, le Hamas n’a apporté que «souffrance» aux Palestiniens et que le «monde civilisé» doit s’unir contre lui.
Impacts
Cette frappe sur l’hôpital Al-Ahli Arab aura, sans nul doute, des conséquences lourdes sur la région. Elle a complètement changé la donne dans ce conflit. Les Etats-Unis n’ont plus d’interlocuteur à court terme dans le monde musulman, car la diplomatie américaine semble avoir été piégée. La frappe a eu lieu juste avant que Joe Biden ne quitte le sol américain. Le sommet quadripartite devant réunir, hier, à Amman (Jordanie) le président américain Joe Biden et les dirigeants de Jordanie, d’Egypte et de l’Autorité palestinienne a été reporté sine die. Il se tiendra «lorsque la décision d’arrêter la guerre et de mettre fin à ces massacres sera prise», a déclaré le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi. Des dizaines de manifestants ont par ailleurs tenté mardi soir de pénétrer dans l’enceinte de l’ambassade d’Israël à Amman. Dans les pays arabes, les populations, à travers les diverses marches populaires en solidarité avec le peuple palestinien, mettent la pression sur leurs gouvernants. Ce qui risque de faire basculer les décisions politiques de leurs dirigeants.
Israël/Ghaza/