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mardi, avril 15, 2025

GETEX compte ouvrir 25 usines en 2025

Toufik Berkani, PDG de GETEX, a tracé un cap ambitieux : sept usines textiles et de cuir sortiront de terre d’ici décembre 2025, promettant 2 000 emplois et une renaissance d’un secteur autrefois glorieux. « Nous ne voulons plus être les spectateurs de notre propre marché », a-t-il lancé, évoquant un plan de reconquête qui mêle modernité et nostalgie.
L’annonce, faite lors d’une émission radiophonique, résonne comme un retour aux sources. Dans les années 1970, l’Algérie comptait parmi les leaders africains du textile, avec des usines comme celle de Ksar Boukhari fournissant jusqu’à 80 % des besoins nationaux. Mais les années 1990 ont vu l’effondrement de cette industrie, concurrencée par les produits asiatiques et minée par des années de gestion chaotique. Aujourd’hui, GETEX ne détient que 5 % du marché – un chiffre que Berkani entend multiplier par quatre.
Les nouvelles unités, implantées de Tizi Ouzou à Adrar, seront des laboratoires de cette renaissance. À Relizane, une usine pilote intégrera des machines allemandes dernier cri, capables de produire 500 pièces par jour. « Chaque métier à tisser sera une aiguille recousant le tissu social », sourit un responsable, rappelant que 60 % des chômeurs algériens ont moins de 30 ans.
Mais le défi dépasse les frontières. En visant les marchés africains, GETEX marche dans les pas des caravaniers qui, jadis, exportaient les étoffes de Tlemcen jusqu’à Tombouctou. « Le continent représente un marché de 1,3 milliard de consommateurs », souligne Berkani, conscient que la concurrence sera rude. D’où la stratégie du « triangle vertueux » : qualité, prix bas, et innovation – comme cette future ligne de prêt-à-porter féminin inspirée des broderies kabyles.
Des défis persistent. Les coûts de l’énergie, la complexité des circuits logistiques, et les mentalités rétives aux produits locaux – « Made in Algeria » reste synonyme de médiocrité pour certains. Pourtant, l’ouverture récente d’un magasin GETEX à Bab-Ezouar, bondé dès le premier jour, laisse entrevoir un changement. « Les Algériens veulent consommer local, mais sans renoncer à l’esthétique », note une
cliente, admirant un manteau en cuir de Relizane.
Alors que les métiers à tisser se remettent en mouvement, l’histoire se répète. En 1830, les ateliers d’Alger fournissaient en tapis les cours d’Europe. Deux siècles plus tard, GETEX rêve de transformer l’essai. Reste à savoir si les fils du passé sauront tisser l’avenir.
Smail M.

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