
Par Salah Bey
Dans les faits, de la IIIe République à nos jours, les Français commémorent deux 14 juillet. La prise de la Bastille du 14 juillet 1789. Mais, c’est aussi la première fête de la Fédération nationale, le 14 juillet 1790.
C’était comme le décrit les historiens, le dernier saut de joie entre les affres de la «Grande Peur» et la période la plus dure de la Révolution française.
Que l’on pense à 1789 ou à 1790, la date du 14 juillet marque l’adhésion de la République aux Droits de l’homme et le refus de tous les despotismes. « La chute de la Bastille, c’est la chute de toutes les Bastilles […] », s’exclame-t-on à l’Assemblée à la veille du vote de la loi dite de Prosail.
Si le 14 juillet marque, en France, la fin de tous les esclavages, il signa paradoxalement dans les faits le lancement de nouvelles appétits féodaux et de nouveaux esclavages : l’ère du colonialisme !
Et dans chaque village et chaque ville algériens naquit une nouvelle bastille régentée par un gouverneur, un chef militaire et des collaborateurs, gardés par une armée de fer.
L’«l’éveil de la liberté», tel que le décrivait Victor Hugo a mis entre parenthèses la liberté des Algériens et celles de 14 autres pays colonisés, les empêchant de disposer de leurs terres, de leurs richesses et de leur paix.
La peur a changé de camp et s’installa, dans les travées de 1832 pour presque un siècle et demi avec les atrocités qui s’en étaient suivis : ghettoïsation, privations, soumission, agressions et massacres sous un régime militaire le plus barbare que l’histoire a connu.
Après la victoire en ce mars 1962, le 14 juillet peut redevenir une date symbole pour la concorde entre l’Algérie et la France qui refuse aujourd’hui de reconnaitre les abominables crimes contre l’humanité et s’abstient de s’en excuser ou indemniser les survivants qui ont échappé bel aux hordes des tristes généraux.
Si l’Elysée compte sur la foi des Algériens pour réparer nos relations, ces derniers comptent sur la confiance en le président français pour tenir ses promesses et traduire ses intentions de plais par des gestes dans le sens d’apaisement, comme il le souhaite dans sa dernière missive adressée au président Tebboune à l’occasion du soixantenaire de l’Indépendance fêté le 5 juillet 2022.
Il convient de dire que le renforcement de ces relations ne passe pas forcément par l’écriture d’une histoire commune mais peuvent être consolidées par des intérêts communs et le respect mutuel, sachant que la France n’a pas d’amitié durable mais des intérêts constants à défendre.
Et si l’on fructifie nos relations sur le registre économique, locomotive de tous les intérêts communs, par ces temps où l’économie est nerf de la paix.
En fin, aller plus loin via des relations équilibrées et bénéfiques suppose ne pas dicter toujours mais s’écouter surtout.. se parler ouvertement.