La frontière libano-israélienne sur le fil du rasoir
Les tirs croisés quasi constants des résistants du Hezbollah et des factions palestiniennes basées au Sud du Liban contre les forces d’occupation israéliennes, et les tentatives d’infiltration vers les colonies de Nord d’Israël se sont multipliés depuis l’opération surprise «Déluge d’Al Aqsa» lancée par le Mouvement Hamas le 7 octobre dernier contre l’Etat sioniste. Ainsi, la situation le long de la frontière libano-israélienne demeure tendue. Hier, le Secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a appelé Pékin, à l’issue d’une conversation téléphonique avec son homologue chinois, à user de son influence auprès de l’Iran pour dissuader le Hezbollah d’agir et le maintenir à l’écart du conflit à Ghaza.
En effet, Washington craint qu’un second front qui éclaterait au nord d’Israël alimenterait le feu qui fait rage dans le conflit actuel entre le Hamas et l’armée sioniste, d’autant que la puissance de feu du Hezbollah est plus puissante que celle de mouvement palestinien. Il s’agit d’une situation très tendue et que ce sont encore plus de menaces et plus de pression sur l’armée israélienne qui veut concentrer ses efforts sur Ghaza assiégée et affamée depuis plusieurs jours afin de lancer une offensive terrestre. Le Hezbollah a soutenu sans ambiguïté le Hamas et a fermement condamné les frappes aériennes israéliennes sur Ghaza, mais jusque-là, il observe une certaine retenue en affirmant qu’il n’attaquerait Israël que lorsque le territoire libanais ou ses combattants seraient visés.
Pendant des jours, des militants palestiniens basés au Liban ont lancé des roquettes sur Israël, entraînant des attaques israéliennes sur le territoire libanais, y compris sur les positions du Hezbollah. Le Hezbollah a riposté sur les positions frontalières israéliennes avec des missiles à guidage de précision. Trois militants du Hezbollah et trois soldats israéliens ont été tués dans un échange de tirs lundi dernier. La région demeure néanmoins sur le fil du rasoir, et plusieurs éléments sur le terrain, dont la récente déclaration du numéro deux du Hezbollah affirmant que le mouvement ne restera pas indifférent, suggérant que la situation est prête à s’envenimer.
La situation à la frontière libano-israélienne reste marquée par les bruits des tirs d’obus et des explosions et par le son des sirènes retentissant dans les colonies israéliennes limitrophes, alors que l’armée sioniste a mobilisé une importante partie de ses troupes dans cette région. Pour la journée d’hier, le Hezbollah a revendiqué une attaque contre cinq sites militaires israéliens dans les fermes de Chebaa, région libanaise occupée par Israël depuis 1967.
Dans un communiqué, le Hezbollah affirme avoir lancé des obus et des missiles guidés antichar sur ces sites. Il a précisé que les bombardements ont touché avec précision et directement les 5 sites ciblés, où se concentrent les soldats israéliens. L’armée sioniste a affirmé avoir riposté, en menant une frappe au drone contre les éléments du Hezbollah.
L’armée d’occupation israélienne a prétendu qu’un commando de combattants du Hezbollah a tenté de pénétrer en territoire israélien à partir du Liban, alors que le Hezbollah n’a rien encore revendiqué. Plus tôt dans la nuit de vendredi à samedi, des affrontements et échanges de tirs ont éclaté près de la frontière entre les deux parties. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des tirs d’obus depuis le Sud Liban vers des radars militaires israéliens installés dans les fermes de Chebaa. Des médias libanais ont également évoqué que de brèves batailles ont éclaté entre des combattants et les forces de l’armée israélienne dans la région de Ruwaisat Al-Alam, frontalière au sud de Liban.
Les mêmes médias ont souligné que le Hezbollah a envoyé des drones au-dessus de la ville de Haïfa, dans le nord d’Israël, et tiré des missiles sol-air contre les avions et hélicoptères israéliens. Selon la chaîne libanaise pro- Hezbollah, Al Manar, l’armée sioniste a bombardé avec plus de 300 obus, pendant 3 heures, la zone s’étendant le long des fermes Chebaa. D’après un responsable local d’un des villages libanais touchés par les attaques israéliennes, a rapporté l’AFP, un homme et sa femme ont été tués dans leur maison par un bombardement israélien.
L’Occident veut maintenant le Hezbollah à l’écart
Signe d’une inquiétude grandissante à Washington d’une éventuelle implication du Hezbollah dans le conflit entre le Hamas et l’armée israélienne, le Secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a appelé hier la Chine, qui entretient de bonnes relations avec l’Iran (principal soutien du Hezbollah), à user de son influence pour apaiser la situation au Moyen Orient. Lors d’un appel téléphonique, le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, lui a répondu que Washington devait «jouer un rôle constructif et responsable en remettant sur la table la question d’un règlement politique dès que possible» dans le conflit entre Israël et le Hamas, selon un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères, allusion à l’attitude de Washington qui encourage la machine de guerre sioniste, tout en demandant aux Palestiniens de ne pas réagir. De son côté, la Présidence française a estimé, via un briefing avec des journalistes, que le Hezbollah et les Libanais doivent «impérativement faire preuve de retenue pour éviter d’ouvrir un deuxième front dans la région, dont la première victime sera le Liban». Elle a ajouté que le Hezbollah et les Libanais doivent «rester à l’écart du conflit» entre Israël et le Hamas, a déclaré samedi la Présidence française, qui juge «très préoccupante» la situation tendue à la frontière entre le Liban et Israël. La Présidence française a invité aussi l’Iran à «s’abstenir d’ajouter aux tensions» et éviter le «soutien opérationnel» au Hamas, tout en précisant «ne pas disposer d’informations spécifiques» sur l’implication de l’Iran dans l’attaque menée contre Israël le 7 octobre.
Hamid Mecheri