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dimanche, mars 23, 2025

Exclusif: La situation de la Banque d’Algérie (Janvier-Juin 2024)

Un premier semestre marqué par des évolutions significatives

Par Yacine Merzougui

La situation financière de la Banque d’Algérie au cours du premier semestre 2024 révèle des tendances importantes dans la gestion monétaire et financière du pays. Une analyse détaillée des bilans mensuels permet de mettre en lumière les principales évolutions et les enjeux majeurs.

Les réserves de change en progression

L’un des indicateurs les plus significatifs concerne les avoirs en devises, qui ont connu une augmentation notable, passant de 807,3 milliards de dinars en janvier à 872,5 milliards de dinars en juin 2024, soit une progression de 8,1%. Cette évolution positive témoigne d’une amélioration de la position extérieure du pays, probablement soutenue par les recettes des hydrocarbures.

Les participations et placements, qui constituent le poste le plus important de l’actif, ont également connu une évolution positive, passant de 7.960 milliards de dinars à 8.015 milliards de dinars sur la période, confirmant une stratégie de diversification des investissements.

La circulation fiduciaire en expansion

La masse monétaire en circulation a connu une augmentation significative, passant de 8.215 milliards de dinars en janvier à 8.722 milliards en juin, soit une progression de 6,2%. Cette expansion reflète une dynamique économique soutenue et potentiellement des pressions inflationnistes qu’il convient de surveiller.

Les opérations de refinancement

Les opérations de pension ont légèrement augmenté, passant de 1.630 milliards de dinars à 1.638 milliards, avec une prédominance marquée des opérations avec le secteur public. Cette stabilité relative suggère une politique de refinancement prudente de la part de la Banque centrale.

La gestion des liquidités

La reprise de liquidité a connu une légère baisse, passant de 618 milliards de dinars en janvier à 606 milliards en juin, témoignant d’un ajustement fin de la politique monétaire pour gérer la liquidité bancaire.

Les relations avec le Trésor

Le compte courant créditeur du Trésor a connu une évolution contrastée, passant de 2.031 milliards de dinars en janvier à 1.133 milliards en juin, soit une baisse significative de 44,2%. Cette variation importante reflète les mouvements de trésorerie de l’État et potentiellement une utilisation accrue des ressources disponibles.

La stabilité des fonds propres

Les fonds propres de la Banque d’Algérie sont restés stables sur la période :

  • Capital : 500 milliards de dinars
  • Réserves : 957,4 milliards de dinars
  • Provisions : 1.500 milliards de dinars

Cette stabilité témoigne d’une solidité financière maintenue de l’institution.

Les droits de tirage spéciaux

Les DTS ont connu une légère baisse, passant de 574,5 milliards de dinars à 569,6 milliards, reflétant probablement des variations de change plus que des mouvements significatifs dans l’utilisation de cet instrument.

La gestion des réserves d’or

Les réserves d’or sont restées parfaitement stables à 1,143 milliard de dinars, confirmant le rôle de réserve stratégique de cet actif dans le bilan de la Banque centrale.

Le système bancaire

Les comptes des banques et établissements financiers ont connu une augmentation significative, passant de 1.433 milliards de dinars à 1.902 milliards, soit une hausse de 32,7%. Cette évolution suggère une amélioration de la liquidité du système bancaire.

Les engagements extérieurs sont restés relativement stables, passant de 501,6 milliards de dinars à 498,7 milliards, témoignant d’une gestion maîtrisée des relations financières internationales.

Les mutations structurelles du premier semestre

L’examen approfondi des bilans de la Banque d’Algérie révèle une transformation subtile mais significative de sa structure financière. Si le total du bilan affiche une progression modeste de 0,6%, atteignant 18.426 milliards de dinars en juin 2024, cette apparente stabilité dissimule des mouvements de fond considérables.

Une recomposition silencieuse de l’actif

La composition de l’actif témoigne d’une stratégie d’investissement affinée. Les participations et placements conservent leur position dominante, tandis que les avoirs en devises poursuivent leur ascension, reflet d’une consolidation de la position extérieure du pays. Les titres émis ou garantis par l’État maintiennent quant à eux leur niveau, soulignant la permanence du soutien à l’économie nationale.

Un passif en pleine mutation

Le passif connaît des bouleversements plus marqués. La circulation fiduciaire s’accroît sensiblement, traduisant une dynamique économique soutenue. Parallèlement, le compte du Trésor enregistre un repli notable, tandis que les comptes bancaires affichent une progression marquée, signes d’une réallocation majeure des ressources financières.

Une politique monétaire en évolution

Ces transformations structurelles dessinent les contours d’une politique monétaire en pleine évolution. La Banque centrale conjugue prudence dans la gestion des liquidités et soutien au système bancaire, tout en portant une attention accrue aux développements de la masse monétaire. Cette approche équilibrée vise à accompagner la croissance économique sans compromettre la stabilité financière.

Les nouveaux horizons de la finance algérienne

Le paysage financier algérien fait face à des enjeux multidimensionnels. La gestion des liquidités dans un contexte d’expansion monétaire requiert une finesse d’exécution accrue. L’équilibre entre soutien économique et maîtrise inflationniste devient un exercice d’une complexité croissante. Par ailleurs, l’optimisation des réserves de change dans un environnement international volatil et la modernisation des instruments de politique monétaire constituent des chantiers prioritaires.

Un semestre charnière

Ce premier semestre 2024 marque ainsi un tournant dans la gestion monétaire algérienne. L’accroissement des avoirs en devises et l’évolution maîtrisée du bilan reflètent une politique monétaire à la fois vigilante et adaptative. La progression de la circulation fiduciaire et la dynamique des comptes bancaires témoignent d’un soutien calibré à l’activité économique.

Les prochains mois s’annoncent déterminants pour la consolidation de ces tendances. La modernisation du système financier algérien se poursuit, avec pour objectif la préservation d’un équilibre délicat entre innovation et stabilité. Dans ce contexte, la Banque d’Algérie apparaît comme le garant d’une transition financière maîtrisée, orchestrant avec précision l’évolution du paysage monétaire national.

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