La Turquie continue d’intensifier sa présence en Afrique, combinant diplomatie, soft power et accords militaires pour consolider son influence sur le continent. Outre les organisations religieuses et humanitaires, Ankara mise sur la vente d’armes et des accords de coopération sécuritaire pour accroître son rayonnement économique et politique.
La Libye accueillera la 4 e édition du Sommet Afrique-Turquie en 2026, selon une annonce du Conseil présidentiel libyen du mardi 18 février. Cette décision, prise lors du 38 e Sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, illustre la volonté de la Libye de réaffirmer son rôle central en Afrique. Ce sommet constitue une reconnaissance internationale du potentiel libyen et de son importance dans la coopération stratégique entre l’Afrique et la Turquie. Les trois précédentes éditions de cet événement se sont tenues à Istanbul en 2008 et 2021, ainsi qu’à Malabo, en Guinée équatoriale, en 2014. Ces rencontres visent à développer des partenariats stratégiques entre la Turquie et les pays africains dans divers domaines, notamment l’économie, la sécurité et l’éducation. Depuis l’adoption de sa « politique
africaine » en 2023, la Turquie a connu une expansion remarquable sur le continent. Le commerce bilatéral est passé de 3 milliards de dollars en 2003 à près de 41 milliards de dollars en 2022. Par ailleurs, les entreprises turques ont réalisé près de 1 977 projets d’infrastructures en Afrique, pour une valeur totale de 91,6 milliards de dollars à la mi-novembre 2024, selon le vice-
président turc Cevdet Yılmaz. Selon l’Institut international de recherche sur la paix (Sipri), la Turquie est le quatrième exportateur d’armes vers l’Afrique. Ses drones Bayraktar TB2 et ses véhicules blindés Kirpi sont particulièrement prisés. En outre, l’armée turque forme plusieurs forces de sécurité africaines, notamment en Libye et en Somalie, où elle a construit un centre militaire destiné à l’entraînement de l’armée somalienne contre le groupe extrémiste Al- Shebab. Au-delà de l’aspect militaire, la Turquie s’appuie sur des outils de soft power pour renforcer son ancrage en Afrique. La Fondation Maarif, établissement public turc, a ouvert près de 180 écoles dans une trentaine de pays africains. En parallèle, des centaines d’étudiants africains bénéficient chaque année de bourses pour poursuivre leurs études en Turquie. Les organisations religieuses et humanitaires turques participent activement à la construction de mosquées, d’hôpitaux et de centres de soins. La stratégie turque commence à porter ses fruits en termes d’influence politique. Ankara a
récemment joué un rôle de médiateur dans la résolution pacifique du conflit entre l’Éthiopie et la Somalie, renforçant ainsi sa position en tant qu’acteur incontournable sur la scène africaine. En combinant diplomatie, coopération économique et engagement militaire, la Turquie poursuit son ascension en Afrique, affirmant ainsi son ambition de devenir un partenaire de premier plan sur le continent.
R. I.