Encourager le dialogue interreligieux

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Edito
Par Mohamed Mouloudj

Face à un monde où « la peur se fait doctrine et l’indifférence une règle tacite », certaines voix s’élèvent pour porter un autre discours. Leurs paroles sont un cri de fidélité, de sincérité et d’amour, un rempart contre l’effondrement de notre civilisation, menacée par les assauts répétés de la haine et du repli identitaire. Ces voix doivent être encouragées, protégées et multipliées, car elles incarnent
l’espoir d’un avenir fondé sur la fraternité, l’amitié et la paix. C’est dans cette dynamique que s’inscrit la rencontre entre Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande mosquée de Paris, et le pape François. Elle dépasse largement le cadre d’un simple échange diplomatique. Elle représente un acte fort, une réponse claire et déterminée aux fractures qui gangrènent nos sociétés et des ressentiments qui affectent nos relations. Alors que l’Europe, « bâtie sur le rejet des tragédies passées, vacille sous l’effet d’une montée préoccupante du repli identitaire, la méfiance de l’autre s’installe, nourrie par des discours populistes et l’instrumentalisation des croyances ». Dans ce contexte, le dialogue interreligieux ne doit plus être un simple vœu pieux, mais un impératif moral, social et politique. Chems-Eddine Hafiz, en tant que président de l’Alliance des mosquées, associations et leaders musulmans en Europe (Ammale), porte un message fort.
C’est celui d’une fraternité sincère, dénuée d’artifices et de convenances qu’il tente de répandre et d’opposer avec courage et détermination au discours de la haine. Une fraternité véritable, qui ne se limite pas aux discours mais s’incarne dans l’action, dans la volonté concrète de réapprendre à vivre ensemble au-delà des appartenances et des dogmes. Le pape François, par son engagement
indéfectible envers les plus vulnérables et son appel constant au dialogue, partage cette vision d’une humanité réconciliée. Cette rencontre est un acte de résistance face aux forces de la division et de la haine. C’est aussi un signal d’espoir, une preuve que la paix se construit dans l’échange, dans la reconnaissance mutuelle et dans une volonté commune de bâtir un monde plus juste. Un monde où les voix de la haine s’effacent pour laisser place à la fraternité et au dialogue. À l’heure où les frontières se ferment et où la tentation du rejet s’intensifie, ce rendez-vous nous rappelle une vérité essentielle. C’est celle qui nous dicte que le dialogue est le seul chemin vers une paix durable. Il est urgent de l’emprunter, avec sincérité et détermination.