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mardi, mars 18, 2025

Emmanuel Macron en Palestine occupée

Une visite jugée «hypocrite» !

Le président français, Emmanuel Macron, a entamé, hier, sa visite dans les territoires palestiniens occupés. Un voyage qu’il veut comme un soutien franc de la France à l’entité sioniste. Mais une visite qui intervient à un moment où la guerre à Ghaza devient de plus en plus brutale et où les crimes génocidaires à l’encontre des Ghazaouis sont commis quotidiennement dans une impunité abjecte et complice de l’Occident.

En Hexagone, les avis sont mitigés et partagés. Certains estiment que ce déplacement arrive trop tard, alors que d’autres affirment qu’il ne servira à rien. Mais tous sont unanimes à dire que «son (Emmanuel Macron, ndlr) voyage va renforcer aux yeux du monde son alignement sur Tel-Aviv, sa voix n’aura aucun effet». Une rencontre avec Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienneà Ramallah était également inscrite dans la feuille de route de ce déplacement.

Macron l’équilibriste

Ce déplacement est perçu comme un jeu d’équilibriste périlleux pour Emmanuel Macron. Il tentera de plaire, une fois de plus, à son allié israélien, d’une part, et d’exprimer une certaine empathie pour les Palestiniens, d’autre part. Ce qui ne peut être possible vu que cette visite est beaucoup plus un geste, rapporte la presse française, de soutien et de reconnaissance à l’entité sioniste. Considéré comme un voyage compliqué, voire très compliqué au vu de la situation dramatique et alarmante à Ghaza, ce déplacement tranche avec les dernières manifestations de la rue française et internationale. Les différentes populations ont occupé la rue pour dénoncer les crimes génocidaires commis par l’indu-occupant sioniste, qui viole ainsi la Convention des droits de l’homme et la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide approuvées en décembre 1948.

Objectifs d’un voyage contesté

Le principal objectif de ce voyage est d’exprimer la «pleine solidarité» de la France avec le génocidaire sioniste. «Je suis là pour vous exprimer mon soutien, ma solidarité, et mon soutien demain dans tous les domaines de cette bataille contre le terrorisme», a déclaré le président français en arrivant en Israël. Et d’ajouter : «Je suis venu exprimer au peuple israélien toutes les condoléances de la France». En s’entretenant avec Isaac Herzog, le président de l’entité sioniste, Emmanuel Macron a déclaré sans ambages : «Nous sommes à vos côtés, épaule contre épaule». Et de poursuivre : «Nous avons encore beaucoup de choses à discuter. Ce qui s’est produit ne sera jamais oublié», estimant que la France est «liée par le deuil» à l’occupant israélien.

L’autre objectif de ce voyage est de contribuer à permettre la libération des otages. Un point prioritaire pour le président français qui souhaite négocier «une pause humanitaire», a annoncé l’Elysée afin «d’ouvrir la porte à un cessez-le-feu». M. Macron profitera de son déplacement pour appeler à la «reprise d’un véritable processus de paix».

Visite à Ramallah

Le président français est arrivé, hier après-midi, à Ramallah, dans les territoires occupés, pour un entretien avec Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne. Cet entretien avait d’abord été annoncé par les Palestiniens, avant que la Présidence française ne le confirme. Les deux dirigeants ont tenu une déclaration commune. Les journalistes n’ont pas été autorisés à poser des questions. Selon l’Elysée, cette rencontre revêt une importance particulière, car le chef de l’Etat français est le premier dirigeant occidental à rencontrer Mahmoud Abbas au siège de l’Autorité palestinienne depuis le début du drame à Ghaza. En tout état de cause, l’Autorité palestinienne demeure une institution légitime et un interlocuteur valable. Emmanuel Macron est plus que convaincu que le dialogue demeure essentiel pour parvenir à une résolution dans ce conflit. Une manifestation dénonçant le deux poids deux mesures de la politique française a eu lieu à Ramallah. Les citoyens ont qualifié cette visite d’«hypocrite».

Un discours de guerre

A son arrivée à Al Qods, le président français a déclaré que la lutte contre le Hamas allait être «sans merci, mais pas sans règles». Pour ce faire, il a suggéré que la coalition internationale qui combat Daech puisse également s’opposer au mouvement palestinien. Une proposition que Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise (LFI) a dénoncée. Il accuse, sur son compte X (ex-Twitter) Emmanuel Macron de «proposer que la France entre en guerre contre le Hamas», critiquant ainsi un possible «retour à la théorie de la ‘‘guerre contre le terrorisme’’» de l’ex-président américain Georges W. Bush, «tout un monde que la diplomatie française récusait», a-t-il déclaré.  

Pour M. Macron, la lutte doit être menée tout en évitant «l’embrasement de toute la région». Et d’avertir : «Je mets ici en garde le Hezbollah, le régime iranien, les Houthis au Yémen et l’ensemble des factions qui dans la région menacent Israël de ne pas prendre le risque inconsidéré d’ouvrir de nouveaux fronts». Les déclarations de Netanyahou rejoignent, dans le fond, celles du président français, mais avec une once supérieure de radicalisme. A l’issue de leur entretien, il a déclaré : «Nous sommes en guerre entre le barbarisme (…) Vous, les Français, vous connaissez l’horreur du terrorisme, vous refusez de tolérer cette menace». Et de poursuivre, en parlant de la résistance palestinienne : «On doit faire tout ce qui est en notre pouvoir pour détruire le Hamas à Ghaza. On va démanteler sa machine terroriste, sa structure politique».

Redorer le blason de la diplomatie française

Beaucoup en France considèrent le voyage du président Macron dans les territoires occupés comme un signe d’alignement de la diplomatie française sur celle de l’occupant israélien. «Cet alignement n’est pas nouveau. Il date de 1967», explique l’historien et universitaire Henry Laurens sur Europe 1. «La victoire d’Israël dans la guerre des 6 jours a alors été vécue comme une revanche sur la Guerre d’Algérie. Cependant, de Charles de Gaulle à Jacques Chirac, la diplomatie française n’était pas perçue comme alignée sur Israël (…)», ajoute l’historien. «Macron va dire qu’Israël a le droit de se défendre, tout en faisant attention à ne pas tuer les civils, et c’est tout. Son voyage va renforcer aux yeux du monde non occidental son alignement sur Tel-Aviv, c’est pourquoi sa voix n’aura aucun effet (…)», résume-t-il de manière lapidaire et concise. De son côté, Dominique Merchet, journaliste au quotidien «L’Opinion», spécialiste des questions militaires, stratégiques et internationales, a déclaré également sur Europe 1 : «Cela fait longtemps qu’Israël ne considère plus la France comme un interlocuteur de premier plan. Les relations avec l’Arabie Saoudite ne sont pas chaleureuses, et la diplomatie française est à la peine au Maghreb (…)».

Avec ce déplacement, le Président français a clairement signifié le soutien de la France à l’occupant israélien. Après ses rencontres avec les responsables de l’entité sioniste et du président de l’Autorité palestinienne, il s’est rendu, hier soir, à Amman (Jordanie) où il s’est entretenu avec le roi Abdallah II sur la situation critique à Ghaza.

A.I.

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