Élection : le choix d’une reprise

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Edito

Par : M. Mouloudj

Le 12 décembre 2019, M. Abdelmadjid Tebboune a été élu à la magistrature suprême, entamant ainsi son premier quinquennat. Cette élection s’est déroulée dans un contexte particulièrement tendu. Il a été marqué par une profonde crise politique. Le pays vivait alors sous la pression des manifestations de masse, où des millions d’Algériennes et d’Algériens, à travers le hirak, exprimaient leur mécontentement dans les rues. Le régime de Bouteflika, déjà fragilisé par deux décennies de mauvaise gestion, de corruption et de népotisme, était mis à mal. Le départ de Bouteflika et la mise en marche de l’institution judiciaire contre ses proches n’ont cependant pas suffi à apaiser la colère populaire. La rue continuait de réclamer plus de changements, plus de réformes. Si la démission de Bouteflika semblait offrir une ouverture vers un avenir différent, elle a aussi alimenté une série d’exigences nouvelles. En avril et juillet 2019, des tentatives de rétablir le processus électoral se sont heurtées à une opposition populaire farouche, prête à rejeter toute continuité dans le système. Ainsi, l’élection présidentielle, reportée à plusieurs reprises, était perçue par certains comme une tentative de maintenir une forme de stabilité dans un système que la rue accusait, à tort ou à raison, d’avoir échoué à répondre aux attentes du peuple. Cependant, un choix essentiel s’imposait face à la crise. L’embarras du choix n’existait pas. Il suffit de choisir entre opter pour des élections ou prolonger une période de transition. Dans un contexte aussi fragile, une transition prolongée aurait risqué d’entraîner une déflagration sociale et politique, susceptible de déstabiliser davantage le pays. Les exemples sont légion. Le choix d’organiser des élections, bien que contesté par une partie de la population, était donc une option pragmatique pour éviter le vide institutionnel et le chaos. En ce sens, l’élection n’était pas simplement un retour à la normalité, mais un moyen de rétablir la légitimité démocratique et d’amorcer la reprise du dialogue politique, mais aussi la reprise de la décision politique par les autorités. Le défi consistait alors à transformer cette élection en un véritable levier de réformes, pour répondre aux aspirations profondes du peuple sans retomber dans les dérives du passé. Ce choix, après des années, s’est avéré le meilleur. Quoi qu’en dise sur l’issue et le bilan du premier quinquennat, marqué, faut-il le rappeler, par deux années de pandémie du Covid-19, les périodes de transition telles que pensées et conçues par certains de ses adeptes, ni plus, ni moins, qu’un tremplin pour offrir à ceux qui ont échoué dans leur tentative de prendre le pouvoir par la violence. S’y opposer n’est pas une offre de service à quiconque. Mais une façon aussi de redonner à la politique le lustre qui doit être le sien. La lutte politique passe également par les urnes !