El Khattabi refuse d’abandonner

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Rect’Angle

Par: Mohamed Mouloudj

Hier, la première session de la Journée du Rif a eu lieu sous le thème évocateur de « la République du Rif et le droit de recouvrer l’indépendance ». Un thème qui ne relève pas de l’anecdote, mais qui plonge ses racines dans une histoire profonde, marquée par les luttes et les sacrifices. Il ne s’agit pas seulement d’une rencontre entre militants, mais bien d’un moment de mémoire et de lutte. Un rappel que la quête de liberté du Rif, et celle de sa République, n’est ni neuve, ni oubliée. Le Rif, cette région montagneuse du nord du Maroc, n’est pas simplement un décor pour les discours politiques. C’est une terre qui a vu la naissance d’un mouvement révolutionnaire sous la houlette de l’emblématique Abdelkrim El Khattabi, figure incontestée du nationalisme rifain. En 1921, El Khattabi fonde la République du Rif, un État laïc et indépendant qui résistera vaillamment contre les forces coloniales espagnoles et françaises, avant d’être écrasé dans une guerre de longue haleine. Ce rêve d’indépendance est devenu, pour les Rifains, un idéal inaltéré, une réminiscence de ce que fut un jour leur liberté. C’est ce rêve qui a été porté par le Parti national rifain hier, lors de cette journée marquante. En réunissant des soutiens venus de toute l’Afrique et au-delà, ce n’est pas simplement un appel à la solidarité internationale que l’on entendait, mais un cri de ralliement autour d’une cause universelle et le droit des peuples à se disposer eux-mêmes. L’Algérie, la RASD, l’Afrique du Sud et le Mozambique, tous ces pays ont connu l’oppression et la lutte pour l’indépendance. En témoignant de leur soutien au peuple rifain, ils rappellent que cette lutte n’est pas un combat isolé, mais un combat global pour la liberté et la justice. La cause rifaine ne se résume pas à un simple rejet de l’autorité du makhzen, mais à une réaffirmation d’une identité amazighe et d’une souveraineté que l’histoire a tenté de bafouer. C’est l’expression d’un rêve nourri par des générations, celui de voir le Rif recouvrer son indépendance et sa dignité. Un rêve qui n’a jamais disparu, malgré les décennies de répression et d’oubli. Le Rif n’est pas qu’une région du Maroc, c’est un symbole de résistance et d’autodétermination. La rencontre d’hier a permis de raviver cette flamme. Mais au-delà des discours et des déclarations, il y a la réalité : le Rif, comme à l’époque d’El Khattabi, continue de se battre pour son indépendance, pour son droit à exister autrement. Cette première session de la Journée du Rif marque ainsi un tournant dans la manière dont la lutte rifaine est perçue, non plus comme un simple combat local, mais comme une cause portée par la communauté internationale. Peut-être que, dans quelques années, nous regarderons cette journée comme un point de bascule, celui où le rêve de la République du Rif a refait surface avec une force nouvelle. Mais pour l’instant, il ne fait aucun doute que, dans les montagnes du Rif, l’esprit d’Abdelkrim El Khattabi continue d’inspirer ceux qui, aujourd’hui encore, refusent d’abandonner la lutte pour leur liberté.