L’économie bleue, qui englobe l’ensemble des activités économiques liées aux océans, aux mers et aux zones côtières, représente un potentiel significatif pour l’Algérie. Avec ses 1 600 kilomètres de côtes méditerranéennes, le pays dispose d’atouts naturels pour développer des secteurs tels que la pêche, l’aquaculture, le tourisme côtier, les énergies marines renouvelables et la biotechnologie marine.
Cependant, malgré ces avantages, l’Algérie peine à exploiter pleinement ce potentiel, en raison de défis structurels et de politiques publiques encore insuffisamment orientées vers cette économie.
La façade maritime algérienne offre des ressources halieutiques diversifiées, des sites propices à l’aquaculture et des paysages côtiers attractifs pour le tourisme. Les énergies marines renouvelables, telles que l’énergie éolienne offshore et l’énergie des vagues, constituent également des opportunités pour diversifier le mix énergétique du pays. De plus, la biotechnologie marine pourrait ouvrir de
nouvelles perspectives dans les domaines pharmaceutique et cosmétique.
Reconnaissant l’importance de l’économie bleue, le gouvernement algérien a élaboré en 2021 la Stratégie Nationale pour l’Économie Bleue à l’horizon 2030 (SNEB 2030). Cette stratégie vise à améliorer la résilience et la compétitivité des communautés côtières et des filières stratégiques liées à la mer. Elle identifie les principaux axes d’intervention transversaux et structurants, ainsi que les objectifs du
gouvernement pour la mer et le littoral algérien.
Parallèlement, le programme économie bleue, pêche et aquaculture, financé par l’union européenne sous le tutelle du ministère de l’agriculture du développement rural et de la pêche et mis en œuvre par Expertise France, vise à soutenir le développement durable de l’économie bleue en Algérie. Ce programme se concentre notamment sur la pêche et l’aquaculture, en cohérence avec les actions
prévues par la SNEB 2030.
L’un des axes majeurs du développement de l’économie bleue en Algérie repose sur la promotion de l’innovation et de l’entrepreneuriat, notamment à travers des initiatives favorisant l’inclusion des femmes dans ce secteur en pleine croissance. Dans cette dynamique, le She’BlueHack 2025 s’inscrit comme une initiative clé visant à renforcer l’implication des femmes dans l’économie bleue. Organisé
sous l’égide du Programme Économie Bleue – Pêche et Aquaculture, financé par l’Union européenne et placé sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture, du Développement Rural et de la Pêche (MADRP), cet événement inédit met en avant l’innovation et l’entrepreneuriat féminin dans les secteurs liés aux ressources marines et côtières.
À l’occasion de sa grande finale, qui s’est tenue le 8 mars 2025 à l’Hôtel Mercure Aïn Benian, le She’BlueHack a récompensé cinq projets portés par des entrepreneures issues de différentes régions du pays. Ces initiatives couvrent divers domaines stratégiques tels que la pêche, l’aquaculture, la biotechnologie marine, le génie maritime et la lutte contre la pollution marine. L’engouement suscité
par ce hackathon illustre la volonté grandissante d’intégrer les femmes dans les secteurs d’avenir et de diversifier l’économie nationale en exploitant durablement les ressources marines.
Lancé en décembre 2024, l’appel à candidatures du She’BlueHack a attiré 106 projets, témoignant d’un intérêt croissant pour l’innovation dans l’économie bleue. Après une sélection rigoureuse, 10 finalistes ont été retenues pour bénéficier d’un mentorat personnalisé et d’un Bootcamp intensif leur permettant d’affiner leurs projets et d’acquérir des compétences en structuration, marketing et stratégie financière.
La valorisation de l’économie bleue passe par la création d’un écosystème dynamique et inclusif. Le She’BlueHack s’inscrit pleinement dans cette perspective en favorisant l’émergence de solutions durables adaptées aux réalités des zones côtières algériennes. Par cette initiative, le gouvernement et ses partenaires visent à renforcer l’attractivité du secteur et à encourager l’investissement dans des
projets innovants, capables de contribuer à la transition économique du pays.
Cette approche rejoint les objectifs de la Stratégie Nationale pour l’Économie Bleue à l’horizon 2030 (SNEB 2030), qui ambitionne de structurer et de dynamiser les filières liées aux ressources marines. En complément, le programme Économie Bleue, Pêche et Aquaculture, mis en œuvre par Expertise France, soutient ces efforts en accompagnant les acteurs du secteur dans l’adoption de pratiques durables et performantes.
Dans un contexte mondial où la préservation des ressources maritimes et la transition vers une économie durable sont devenues des enjeux majeurs, l’Algérie se positionne progressivement comme un acteur engagé dans le développement de l’économie bleue. Des initiatives comme le She’BlueHack illustrent cette volonté d’innover tout en intégrant pleinement les femmes dans les secteurs porteurs
d’avenir. Toutefois, pour accélérer cette transition, il est nécessaire d’intensifier les efforts en matière de réglementation, d’investissement et d’accompagnement des entrepreneurs, afin de faire de l’économie bleue un véritable levier de croissance et de diversification économique.
Malgré ces initiatives, l’économie algérienne demeure fortement dépendante des hydrocarbures. Les recettes des exportations de produits non liés aux hydrocarbures ont triplé depuis 2019, atteignant 5 milliards de dollars en 2023. Cependant, ces exportations proviennent majoritairement de produits sidérurgiques et d’engrais à base d’hydrocarbures, reflétant une diversification limitée. Le président Abdelmadjid Tebboune, a exprimé sa volonté de porter le PIB à 400 milliards de dollars d’ici 2026. Pour atteindre cet objectif, une exploitation accrue et durable de l’économie bleue pourrait jouer un rôle important. Cela nécessiterait des investissements dans la pêche durable, le tourisme côtier, la biotechnologie marine et d’autres secteurs liés à la mer, tout en garantissant la protection de
l’écosystème marin.
Pour exploiter pleinement le potentiel de l’économie bleue, il est essentiel que l’Algérie renforce ses infrastructures, améliore la formation dans les métiers liés à la mer, encourage l’innovation et assure une gestion durable des ressources marines. Une collaboration accrue avec les partenaires internationaux et une implication active du secteur privé pourraient également catalyser le développement de ce secteur stratégique.
Sonia.H