Xavier Driencourt, l’ancien ambassadeur français à Alger, ne cache désormais plus son animosité à l’égard de l’Algérie. Le ressentiment qu’il éprouve contre le pays qui l’a accueilli à deux reprises comme représentant de son pays n’est finalement pas un positionnement ordinaire d’un homme qui veut, vaille que vaille, être un acteur politique dans l’Hexagone. Cette inimitié grandit depuis que M. Xavier Driencourt a décidé de rejoindre «le comité stratégique» du média d’extrême droite en 2023. Compatibilité idéologique oblige, dirons les plus optimistes quant à la capacité de cet homme à adopter le discours ambiant. Une «captatiobenevolentiae»pour mieux séduire le public français tenu en laisse par le désamour de l’étranger. De l’exorde à la péroraison, le discours adopté par M. Driencourt depuis son départ d’Alger est une copie conforme à celui de Marine Le Pen. M. Driencourt sait que l’extrême droite est un courant qui domine. Cela confirme, si besoin est, cette diligence de l’Hexagone à se recroqueviller sur lui-même à chaque fois que la crise s’intensifie. Un identitarisme basé sur la haine de l’autre. L’autre qui, pourtant, se reconnaît dans la devise de Liberté, Egalité, Fraternité, qui a uni, des décennies durant, ceux qui saluent le drapeau tricolore chaque matin. Il est opportun pour une France en crise de déterrer les démons du passé, cela dit en passant. Un passé pas trop glorieux pour une République bâtie sur et avec le sang et la sueur de l’autre qu’on veut, aujourd’hui, chasser. La haine devenue un axiome et une évidence dans un pays où la Lumière des siècles derniers s’éteint chaque jour un peu plus. M. Xavier Driencourt peut s’enorgueillir d’avoir connu Alger. Il avait sûrement arpenté ses ruelles et connu ses personnalités. Il en soustrayait immanquablement une matière à discourir. Non pas en tant que diplomate, mais en tant que militant de l’extrême droite. Son bagage pris d’Alger ne sert désormais plus comme matière d’analyse des relations entre les deux pays, mais un tas de souvenirs aussi anecdotiques les uns que les autres. M. Driencourt est «spécialiste» de l’Algérie. Son «background» l’aide à détecter jusqu’à la petite inquiétude algérienne face à la dérive raciste en France. Il n’aime pas les incertitudes, mais prend toutefois des risques à chaque fois qu’il s’exprime. Le fil conducteur étant le même. Il s’agit pour lui de taper aussi fort que possible sur l’Algérie, devenue un sujet central dans les débats publics français. L’objectif étant de placer les polémiques sur un terrain où la France n’a pas vraiment d’intérêts. Alimenté par l’invective et l’insulte, un débat interne n’est pas forcément la meilleure manière de chercher des solutions à la crise. C’est «Sisyphe la simplification», tout compte fait. M. Driencourt a bien pris des galons pourtant au sein du Rassemblement national depuis qu’il conseille sur la politique internationale. Une politique internationale qu’il réduit à la fantasmagorique guéguerre «algéro-franco-marocaine». Si aujourd’hui l’Algérie s’inquiète de la dérive raciste en France, c’est qu’elle mesure la gravité de la situation dans un pays qui ne pourra en aucun cas s’en sortir sans y laisser des plumes. Une France gagnée par les idées de l’extrême droite est d’abord un danger pour elle-même et non pour les autres pays souverains. Les pays africains peuvent recevoir leurs ressortissants, mais la France a-t-elle réellement la capacité de recevoir tous «les Français» d’Afrique ? Rien n’est sûr tant et qu’elle doit d’abord assainir ses relations avec les pays d’un continent si riche et prospère contrairement à la vieille Europe !
M. Mouloudj