Dr Belmokhtar à e-Bourse: « La maitrise de la gestion des systèmes d’infrastructures critiques est un impératif !»

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Entretien réalisé par Oukaci Fayçal

    Le Dr Amine Benmokhtar est Maitre de conférences et expert en gestion des risques, diplômé des universités canadiennes en gestion des crises.

    Alors que la gestion des crises est devenue un des volets majeurs de la stratégie, il était impératif d’en savoir plus avec un expert de haut vol sur les capacités de l’Algérie de dépasser un cataclysme majeur. D’où l’intérêt de cet entretien.

    La première question qui s’est imposée d’elle-même était la suivante : où en est-on avec la gestion des crises en Algérie? 

   « La gestion des risques comporte des gestions; les unes physiques, les autres psychologiques, selon l’objet source de tension. Je rappelle que l’affaire de l’airbus français détournée en 1994 par le GIA a été solutionnée ici à Alger à 80%. Cela personne ne le dit. Parce que retenir les terroristes 48 heures avant de leur permettre de décoller c’est déjà gagner la partie et envoyer à Marseille des personnes à bout de forces, psychologiquement éteints. De ce fait, ce n’est pas le GIGN, mais les services de sécurité algériens qui ont gagné la partie. »

    Concernant  le maintien en vie des activités revêtant un caractère stratégique, un Plan national existe et doit être complété.

    « Je rappelle à votre attention qu’un Décret exécutif a fixé la liste des activités revêtant un caractère stratégique et relevant d’un certain nombre de secteurs stratégique (l’énergie, transports et travaux publics et de l’industrie pharmaceutique); l’élaboration de cette liste est faite selon la nomenclature des activités économiques soumises à inscription au registre du commerce.

   « Malheureusement, le projet de décret n’aborde pas la notion d’activités stratégiques dans une perspective de sécurité national; aussi, nous parlerons de notion de continuité d’activité. La question qui se pose, alors, et avec acuité, en est quelles activités devons-nous maintenir en vie en cas de catastrophe ou de risque imminent. Pour pouvoir trouver une réponse à cette question il y’a lieu d’approcher ces activités dans le sens d’essentialité et dans quelle mesures ces dernières peuvent être critique. D’où l’émergence ces deniers année, dans le monde, de la nation de Système d’Infrastructure Critique (SIC) ».

   Et qu’est-ce qu’un système d’infrastructure critique?

   « Un SIC est composé d’un ensemble d’infrastructures (ICs) en relations. Les SICs sont considérés comme étant des réseaux support à la vie (RSV) nous pouvons citer le Réseau de distribution des eaux, Réseau électrique, Réseau ferroviaire, Réseau Téléphonique, etc… répartie dans le milieu urbain.

    « Dans une ville, prenons Alger, par exemple, un réseau transporte un élément qui peut être soit un service (billet d’argent, soins hospitalier, etc…), soit une substance (eau, gaz, etc.). De ce fait, les réseaux sont assimilés donc à un ensemble d’infrastructures reparties sur un environnement urbain ou un territoire donné, avec des liens directs ou indirects, qui assurent le bon fonctionnement d’une société par l’apport des services essentiels aux populations et ce sur le plan de la santé, de la sécurité, et de l’économie.

   « Les réseaux sont en harmonie (liens spatial et fonctionnel) selon un aménagement bien établi, leurs développements et leurs évolutions rapides, la technologie utilisée, et la distribution géographique des populations qu’ils desservent, sont à même de créer des perturbations de plus en plus importantes.

   « La congestion de la circulation routière, les coupures de courant électrique, la disponibilité de liquidités d’argent dans le réseau banquier et les pannes majeures des systèmes de communication provoquent des interruptions des services publics de première nécessité aux conséquences sociales considérables. En somme, les perturbations affectants ces SICs (catastrophes, les pandémies, les accidents), deviennent de plus en plus imprévisibles. Il est inutile de démontrer la gravité induite d’un dysfonctionnement quelconque suite aux perturbations déjà cité.

   Les interdépendances font partie intégrante de la conception et du fonctionnement d’une infrastructure, mais peuvent générer une vulnérabilité d’une ampleur beaucoup plus grande que n’importe quel système isolé : l’interdépendance inter-ICs provoque surtout la propagation des effets des perturbations. En outre, ces interdépendances ne cessent d’augmenter, cet état de fait accroit les risques de défaillance en cascade.

   Les Effets dominos, suite aux liens existants entre les ICs, entraînent des défaillances à répercussions multiples par le biais d’effets dominos. Ces derniers causent une amplification de la vulnérabilité de nos sociétés villes. Les ICs possèdent des liens d’interdépendances de type physiques. Les effets dominos sont une suite d’événements en cascade où les conséquences d’un accident antérieur sont augmentées jusqu’à provoquer un accident encore plus catastrophique ».