Djanet la perle de Tassili

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Connue pour ses spécialités culinaires authentiques

Djanet, une contrée attachée à ses traditions

Située dans le sud-est de l’Algérie, Djanet est une région riche en culture et en patrimoine, notamment en ce qui concerne sa gastronomie. La cuisine de Djanet est un véritable voyage à travers les saveurs et les traditions. Chaque plat raconte une histoire et reflète l’hospitalité des habitants. Que ce soit à travers le couscous, le tajine ou les délices sucrés, les plats de cette wilaya méritent d’être découverts et célébrés. La gastronomie de Djanet prend tout son sens lors des événements et des célébrations. Les plats sont préparés en grandes quantités et partagés avec la famille et les amis. Les mariages, par exemple, sont l’occasion de préparer des plats spéciaux, mettant en avant le savoir-faire culinaire de la région. Commençons par le couscous, qui est sans doute le plat emblématique de la cuisine algérienne, et Djanet ne fait pas exception.

Les variantes du couscous

Les variantes du couscous à Djanet montrent la richesse de la tradition culinaire de la région. Chaque recette apporte une touche unique, permettant aux habitants et aux visiteurs de découvrir des saveurs variées et authentiques. Que ce soit pour une occasion spéciale ou le repas quotidien, le couscous reste un plat incontournable qui unit les familles et les communautés. Le couscous traditionnel aux légumes, qui est le plus consommé, est préparé avec de la semoule de blé, des légumes de saison (carottes, courgettes, navets) et des pois chiches. Il est souvent accompagné de viande d’agneau et une délicieuse sauce assaisonnée avec du cumin, du curcuma et du piment doux qui sont ajoutés pour rehausser les saveurs. Le couscous au lait est une variante sucrée, qui est préparé avec de la semoule finement moulue, cuite dans du lait. Il est agrémenté de sucre, de cannelle et parfois de fruits secs, comme les raisins ou les amandes. Cette variante est souvent servie lors des fêtes ou des occasions spéciales. Le couscous avec viande séchée (khlia) est une autre spécialité connue à Djanet. Il se prépare avec de la viande séchée, connue sous le nom de «khlia», qui est réhydratée et cuite avec le couscous. Cela lui donne une saveur intense et unique. Il est souvent servi avec des légumes et une sauce relevée. Le couscous aux fruits secs, une autre variante se prépare avec des fruits secs tels que les abricots, les figues et les dattes. Le mélange sucré-salé, combiné avec des épices comme la cannelle, en fait un plat délicieux et léger. Ce couscous est souvent servi comme dessert. Le couscous à la menthe fraîche est une autre version rafraîchissante et est apprécié pour son côté aromatique. Il est servi avec un bouillon léger et des légumes et est particulièrement apprécié pendant les mois chauds.

Le tajine

Le tajine est un autre plat phare de Djanet. Ce ragoût est préparé dans un plat en terre cuite, ce qui lui donne un goût particulier. Les ingrédients peuvent varier, mais les combinaisons de viande, de légumes et d’épices sont infinies. Le tajine aux pruneaux est particulièrement apprécié, alliant la douceur des fruits secs aux saveurs salées de la viande.

Le pain traditionnel et la taguella

Le pain est un aliment de base dans la cuisine de Djanet. Le khobz, un pain rond et plat, est souvent cuit dans un four traditionnel. Il accompagne presque tous les repas et est parfois farci avec des ingrédients locaux, comme des herbes ou des légumes. La taguella est un incontournable de la cuisine traditionnelle de Djanet, alliant simplicité et richesse des saveurs. Que ce soit pour un repas quotidien ou lors d’une célébration, ce pain cuit dans le sable, accompagné d’une sauce savoureuse, est une véritable expérience culinaire à découvrir. Ce pain emblématique de la cuisine saharienne, particulièrement apprécié dans la wilaya de Djanet, est unique.Non seulement c’est un aliment de base, il est aussi souvent préparé avec une sauce savoureuse qui en fait un repas complet. Ce pain est une galette avec une croûte dorée et croustillante, tandis que l’intérieur est moelleux, dont le goût est légèrement sucré, ce qui en fait un accompagnement idéal pour des plats salés. La particularité de la taguella réside dans la préparation de la pâte et sa cuisson. La pâte est faite à partir de semoule, d’eau et de sel ; une fois la pâte pétrie, elle est divisée en petites boules, puis aplatie en galettes. Ces galettes sont ensuite enfouies dans du sable chaud, souvent près d’un feu. Ce mode de cuisson donne au pain une saveur unique et une texture inimitable. La taguella est souvent servie avec une sauce riche, préparée à base de viande d’agneau cuisiné jusqu’à tendreté, et de légumes (carottes, courgettes et pois chiches), assaisonnée par du cumin, du paprika et du piment pour un goût relevé. La taguella est souvent présentée dans un grand plat, avec la sauce versée généreusement dessus. On peut la déguster en prenant des morceaux de pain pour saucer la viande et les légumes.

Les dattes et les fruits secs

Les dattes, cultivées dans les palmeraies environnantes, sont un ingrédient essentiel dans la cuisine locale. Elles sont consommées telles quelles ou utilisées dans des plats sucrés. Les fruits secs, comme les amandes et les noix, sont également couramment intégrés dans les desserts.

Les boissons du terroir

Les boissons à Djanet comprennent le thé à la menthe, incontournable dans la culture algérienne. Il est souvent servi lors des visites et des repas. Le «lben», un lait fermenté, est également populaire et se consomme frais. Au final, un conseil pour quiconque s’intéresse à la culture algérienne, un passage par Djanet et ses plats traditionnels est incontournable.

LiliaS.s             

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Djanet la perle de Tassili

Un désert féérique unique au monde

Djanet, la perle du désert ou la perle de Tassili, est nouvellement promue au rang de wilaya avec de larges prérogatives réglementaires qui devront booster une nouvelle dynamique pour la relance des divers secteurs d’activités économiques, notamment le tourisme.Située à l’extrême sud-est du pays et distante de quelque 2300 km de la capitale Alger, Djanet a une population de plus de 26500 habitants, éparpillés sur une surface de 84168 km2, réparties notamment à travers deux communes du chef-lieu de la wilaya et de Bordj ElHouas, non loin des frontières libyennes et nigériennes. Des potentiels touristiques considérables que recèle la wilaya de Djanet qui, désormais, constitue un point de convergence des touristes nationaux et étrangers qui viennent découvrir les grands atouts que cache cette vaste région confinée et dévoiler certains volets des mystères de l’art architectural traditionnel marquant les trois vieux ksour d’ElMihane, Azelouaz et Adjahil, classés patrimoine national sauvegardé, conférant à la ville de Djanet, sur fond de couleurs blanche et rouge brique, une image saharienne féerique unique au monde. Dominée par le grand parc national culturel du Tassili n’Ajjer, plus vaste musée à ciel ouvert de 70 000 km2, qui regorge de multiples sites géologiques et gravures rupestres aux valeurs historiques et artistiques. Classée en 1982 sur la liste du patrimoine universel, Djanet abrite en son sein l’oasis d’Ihrir, classée en 2001 zone humide d’importance mondiale au titre de la convention de Ramsar. Cette oasis humide offre une panoplie de facteurs d’attrait touristique, dont les plans d’eau servant de lieu de vie et de prédilection de la richesse floristique et faunistique, avifaune composée d’oiseaux migrateurs.L’oasis de notre somptueux désert est devenue ainsi une des portes d’entrée de trois régions sahariennes différentes, à savoir le Tassili n’Ajjer à l’ouest, la Tadrart Rouge vers le sud et de l’Akakus libyen. Cette région du Sahara est d’une diversité géographique importante qui dispose pratiquement de tous les types de déserts dans un périmètre assez réduit et d’une grande richesse archéologique en raison de ses 5000 gravures rupestres répertoriées, redécouvertes en 1934 et qui seraient datées, pour les plus anciennes, de la période florissante avant que le désert ne s’installe il y a 12 000 ans environ.Le tourisme à Djanet, organisé généralement par les Touareg, s’est particulièrement développé ces dix dernières années et a permis à la ville de profiter de la petite industrie qui l’accompagne et qui se traduit par la présence quelque 41 agences touristiques et quatre (04) structures hôtelières, outre l’industrie manuelle et d’artisanat. Djanet possède un aéroport Inedbirene, avec deux pistes où transitent les touristes et les marchandises à un rythme moyen d’une à deux rotations par semaine selon les saisons. Depuis 2021, un système de délivrance de visas, instauré à l’arrivée à l’aéroport, a été mis en place. Cette initiative a eu pour effet de stimuler le tourisme international, de plus de la mobilité des ressortissants nationaux. Pour rappel, l’oasis du Sahara attire de plus en plus de touristes étrangers, désireux de se ressourcer et de découvrir un paysage désertique unique au monde et vivre des moments de grand bonheur grâce à un splendide coucher de soleil qui coupe le souffle. Plus de 11 000 étrangers de différentes nationalités, en majorité des Occidentaux, ont séjourné à Djanet cette saison touristique 2023-2024, selon les statistiques de la Direction locale du tourisme et de l’artisanat (DTA) de la wilaya de Djanet, outre les 21000 ressortissants nationaux qui ont succombé au charme de cet endroit paradisiaque.

Naima Allouche

D’une oasis à un agropole

Surnommée le royaume du tourisme saharien grâce à son énorme potentiel touristique (matériel et immatériel), Djanet, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, recèle d’autres richesses sur le plan économique  destinées à être développées davantage, allusion faite au secteur de l’agriculture. La région en question est appelée à devenir l’un des plus grands agropoles du pays, et c’est pourquoi on s’attend à l’arrivée de potentiels investisseurs qui pourraient s’intéresser en particulier à la production maraîchère.

Des objectifs et des contraintes à surmonter

Etant un secteur économique prioritaire de la wilaya de Djanet, le premier objectif à atteindre dans ce secteur n’est autre que celui de l’autosuffisance locale en tous genres de produits agricoles, dans un premier temps, et réfléchir à l’exportation du surplus de la production dans un deuxième temps. Pour ce faire, il faut commencer par porter à la connaissancedes agriculteurs les dispositifs d’aide et de soutien mis en place par l’Etat, et les accompagner pour l’accès à ces mesures dans le but d’encourager le développement des cultures maraîchères et le renforcement des capacités des agriculteurs dans les techniques de production et d’amélioration de la productivité des diverses productions. Sur un autre volet, il faut promouvoir la création de coopératives agricoles dans la production maraîchère, le stockage et la commercialisation, avec comme exemples des activités qu’il est possible de proposer, à savoir : soutenir et ou créer de petites unités de production en faveur notamment des familles démunies et des jeunes chômeurs afin d’augmenter la production des légumes frais pour la consommation locale ; mettre en place des moyens pour le conditionnement, le transport, le stockage et l’entreposage des légumes frais. Concernant l’accompagnement technique des acteurs locaux, il est recommandé de renforcer les capacités des agriculteurs dans les techniques (pratiques de l’agriculture oasienne) de production et d’irrigation afin d’améliorer la productivité des cultures maraîchères tout en respectant les spécificités de l’environnement.

Mohamed Debaghi, spécialiste de la culture de la tomate dans le Sud 
En fin connaisseur de la culture de la tomate dans le Sud puisqu’il comptabilise plusieurs décennies d’expériences et de connaissances dans le domaine du développement des filières maraîchères, Mohamed Debaghi estime que «le développement de l’agriculture à Djanet doit être une priorité à l’avenir». «Il faut savoir que les conditions de culture sont idéales car le climat est propice et la qualité du sol est idéale pour recevoir les différentes espèces de productions végétales». Force est de constater que la région de Djanet est loin d’être un désert aride ; en effet, le territoire de la commune de Djanet regorge d’eau et dispose d’un climat exceptionnellement tempéré pour une région saharienne, favorisant l’activité de la production maraîchère et arboricole. Selon notre interlocuteur, la région est idéale pour promouvoir un agriculture maraîchère hautement rentable :«Je sais que la ressource hydrique est disponible, abondante et de bonne qualité dans la région de Djanet, contrairement à d’autres régions sahariennes ; aussi, elle est loin d’être un facteur limitant», dira-t-il. Dans un souci de bonne gestion dans l’exploitation de l’eau d’irrigation, M.Debaghi recommande aux agriculteurs d’adopter le système d’irrigation du «goutte-à-goutte» pour rationaliser l’eau. «Lorsque nous conseillons les exploitants agricoles à mieux généraliser ce système d’irrigation très économiseur d’eau, c’est pour leur permettre de maîtriser les rendements et la production et de mieux faire face aux problèmes des changements climatiques»,  a-t-il expliqué.

Un corridor Jijel-Djanet (2275 km) pour désenclaver la région

La région en question est appelée à devenir l’un des plus grands agropoles du pays grâce à l’essor de nombreuses filières agricoles. Si généralement les investisseurs hésitent à investir dans la wilaya de Djanet pour de multiples raisons, il n’en demeure pas moins qu’il est intéressant de savoir que la région est en passe de sortir de son problème d’enclavement grâce au prochain lancement d’un projet gigantesque qui n’est en réalité qu’une partie d’un très vaste programme visant à mailler tout le Sud algérien par des routes, avec une possible interconnexion avec les pays voisins, notamment la Libye. Le programme est constitué de cinq corridors, parmi lesquels figure celui qui démarrera de l’Est du pays vers le Sud, de Jijel à Djanet (2275 km). Cette ligne contribuera à l’essor économique par le transport des marchandises produites par les nombreux projets, lancés ou en passe de l’être dans divers secteurs, notamment l’agriculture.

L’ambitieux projet «Trassa 2» (Oasis, en targui) de l’association Sonae el hayetDjanetna 

L’un des grands défis auxquels fait face la wilaya de Djanet et ses plus de 26 000 habitants est celui de la disponibilité des produits agricoles frais à des prix abordables. Sans avoir la prétention d’en assurer l’autosuffisance totale, l’association «Sonae el hayetDjanetna» veut y contribuer avec son ambitieux projet «Trassa 2». Dans la continuité de l’initiative «Trassa 1», le projet vise à promouvoir le développement économique local à travers le renforcement des capacités des agriculteurs et des jeunes femmes pour la production et la commercialisation de produits maraîchers. Initialement dédiée au développement humain, l’association présidée par la dynamique HadjerKhellaoui, a dû adapter son mandat pour répondre aux besoins du territoire. Elle a ainsi formulé son projet sur 3 volets : la structuration des agriculteurs au sein de coopératives agricoles ; la valorisation des produits agricoles locaux, notamment les dattes ; et la création d’un marché mobile et d’une unité de stockage (chambres froides) pour leur commercialisation. Les agriculteurs rencontrés dans leurs parcelles situées sur la route de l’aéroport sont enthousiastes à l’idée de créer une coopérative, après la formation et l’accompagnement dont ils ont bénéficié via le projet «Trassa 2». Elle leur permettra d’exploiter mutuellement la chambre froide acquise par le projet pour stocker leur production, en attendant la réception d’un tracteur pour régler la problématique du transport et de la commercialisation de leurs produits, à travers les points de vente mobiles qu’ils comptent créer.

Rabah Karali

La fête est connue depuis des lustres au sud-est du pays

La Sbeiba : un marqueur de l’identité targuie

Inscrite en 2014 par l’Unesco comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité, la fête de laSbeiba est une cérémonie targuie. Elle a lieu chaque début d’année à Djanet. Selon la légende, l’origine de cette fête remonte à plus de 3000 ans, lors d’un conflit fratricide entre deux tribus du Tassili n’Ajjer qui cessa subitement, et c’està partir de là que la fête de la Sbeiba fut instaurée. Symbole de paix et d’union, la fête de la Sbeiba scelle dorénavant l’entente entre les Oraren et les Traor’fitt. Durant 10 jours, le rituel et les cérémonies de laSbeiba sont pratiqués par les habitants d’El Mihân et ceux de Zallouaz, deux quartiers de Djanet. Des joutes oratoires de poésie et de danse qui mettent en «confrontation» des danseurs et des chanteuses lors de la compétition «Timoulawine». Les hommes se jaugent et se provoquent, l’épée dans une main et le foulard dans l’autre pour exprimer l’affrontement et la paix. Les femmes encerclent les guerriers, chantent aux rythmes des gangas (tambourins) et lancent des youyous d’encouragement pour électriser les combattants dont les pas soulèvent des nuages de sable. A la fin de la compétition, les guerriers victorieux participent le lendemain au rituel de la Sbeiba. Transmis pas les générations précédentes, les rites de la Sbeiba sont l’occasion unique d’admirer les parures, les vêtements et les coiffes traditionnelles des femmes et des hommes touareg, mais aussi les armes et les instruments de musiques fabriqués et entretenus par les forgerons et autres artisans locaux. Cette célébration est un marqueur important de l’identité culturelle des Touareg. La fête permet de renforcer la cohésion sociale et de conjurer symboliquement les éventuels actes de violence entre les communautés rivales en simulant et en transposant cette violence dans le domaine de la compétition artistique.

D. Bellahmer