Deuxième jour du procès de l’assassinat de Djamel Bensmaïl

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L’ombre du MAK plane sur le tribunal de Dar el Beida

Les auditions des accusés dans l’affaire de l’assassinat de Djamel Bensmaïl se sont poursuivies, hier, au tribunal de Dar El Beïda, où se tient le procès en appel, et ce, pour des raisons pratiques. Hier, comme au premier jour du procès, ce sont les accusés apparus sur les photos et les vidéos du crime qui ont été auditionnés. Les débats étaient houleux entre la juge et le procureur, d’un côté, et les accusés, de l’autre. En effet, les accusés qui font face à de lourdes accusations ont tenté de rejeter les accusations et évoqué des circonstances atténuantes au fait commis ce jour-là. Indépendamment de la responsabilité des uns et des autres dans ce crime abominable qui a coûté la vie au jeune Djamel Bensmaïl, la juge s’est montrée sereine et calme devant le nombre important des accusés et des avocats. Ainsi, elle a tout au long de l’audience confondu, lorsque les preuves existent, certains accusés avec des photos et des vidéos. Un des accusés appelé à la barre, L. Mohamed, a fini par reconnaître «son passage» au sein du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), classé depuis mai 2021 comme «mouvement terroriste», au même titre que le mouvement islamiste Rachad. «J’ai été militant du MAK de 2012 jusqu’à 2016», a-t-il dit, expliquant que son retrait du mouvement était motivé par la ligne politique «choisie par les responsables du mouvement», a-t-il ajouté, insistant sur le fait qu’il est «contre le séparatisme». La juge a insisté sur le fait que l’accusé en question avait dans son téléphone le numéro de Ferhat Mehenni, chef de file des militants du MAK. Pour cet accusé, le fait d’avoir le numéro du premier responsable de ce mouvement «n’est pas une preuve suffisante». «J’ai certes ce numéro, mais je ne l’ai jamais appelé», a-t-il justifié. D’autres accusés appelés à la barre ont tous indiqué qu’ils n’ont jamais été militants de ce mouvement classé terroriste par les autorités du pays. D’autres n’ont pas été interrogés sur leur appartenance politique, mais seulement sur leur responsabilité dans la mort atroce, faut-il le dire, de Djamel Bensmaïl en cette journée du 21 août 2021 à l’entrée du commissariat de police de Larbaâ Nat Iraten, et ensuite sur la place publique de la ville. Un autre accusé auditionné a estimé qu’il s’était rendu sur le lieu du crime par «pure curiosité». «J’étais chez moi et j’ai vu une procession humaine suivre un fourgon de police. Je ne savais pas ce qui s’était passé et je suis venu juste pour voir», a-t-il raconté, ajoutant qu’il n’a pas pu résister devant la foule qui voulait «en découdre» avec «la pauvre victime». Selon des avocats, les accusés auditionnés au premier jour «étaient ceux contre qui des photos et des vidéos de leur implication et leur présence sur le lieu du crime ont été versées dans le dossier». Pour cet avocat, les auditions devraient se terminer d’ici jeudi, pour donner ensuite la parole aux parties civiles, au réquisitoire et enfin aux plaidoiries. «J’estime que le procès ne dépassera pas les dix à quinze jours», a ajouté notre interlocuteur. Il faut rappeler que le tribunal de première instance avait prononcé 49 condamnations à la peine capitale pour crime d’homicide et lynchage de cadavre, 28 autres accusés ont écopé de peines allant de deux (2) à dix (10) ans de prison ferme, ainsi qu’à des amendes allant de 100 000 à
200 000 DA, et 17 acquittements avaient été prononcés. A rappeler également que le procureur général près le tribunal criminel de Dar El Beïda avait requis des peines allant de 10 ans de prison ferme à la peine capitale à l’encontre des accusés. Les accusés sont poursuivis dans cette affaire pour commission d’actes terroristes et subversifs contre l’Etat, l’unité nationale et la stabilité et le fonctionnement normal des institutions, en semant la terreur au sein de la population et en créant un climat d’insécurité en agressant des personnes, en mettant leur vie en danger et en portant atteinte à leurs biens, ainsi que la participation à un homicide volontaire avec préméditation et guet-apens. A noter que le défunt Djamel Bensmaïl a été assassiné le 11 août 2021 à Larbaa Nath Iraten, alors que la région était la cible de feux ravageurs. Les autorités judiciaires ont qualifié ce crime «d’abominable», d’où les lourdes condamnations prononcées. De leur côté, les avocats de la défense ont dénoncé les lourdes condamnations contre certains accusés. A noter que le procès se poursuivra également aujourd’hui au tribunal criminel de Dar El Beïda.

L. Hichem