Incontestablement, l’Algérie figure parmi les pays qui sont le plus exposés à de sévères stress hydriques durant ces dernières décennies voire dans les années à venir, c’est pourquoi, dans ce domaine les scénarios catastrophes sont de plus en plus fréquents. Peu importe, qu’elle soit météorologique, agricole ou hydrologique, la sécheresse est toujours un malheur socio-économique. Du coup, cette situation de rareté de la ressource est aggravée de manière cyclique par la sécheresse. C’est le cas de le dire, notamment s’agissant de la région Ouest du pays. Nous sources confirment l’installation peu à peu de la sécheresse au niveau de plusieurs contrées au grand dam des exploitants agricoles.
« Évoquer les changements climatiques en Algérie ou dans tout autre pays du monde est devenu une question d’actualité quotidienne, étant étroitement lié à la situation climatique mondiale, fortement affectée par le réchauffement climatique. Le cas de notre pays, des phénomènes naturels exceptionnels, notamment des sécheresses ou encore des orages fréquents sur de courtes périodes, sont susceptibles d’entraîner des calamités aussi dévastatrices qu’exceptionnelles. D’après une source du Centre climatologique national (CCN), il s’avère que « les études réalisées par des spécialistes dans le domaine des changements climatiques indiquaient, qu’au cours des prochaines années et jusqu’en 2030 ou encore en 2050, la pluviométrie saisonnière diminuera à 20%, voire oscillera entre 15 et 30%. » Selon une déclaration du professeur Ahmed Kettab, expert et consultant international en matière de gestion de l’eau, « les précipitations ont diminué de 30% en Algérie ces 20 dernières années, les études ont été faites, depuis pratiquement 20 ans, on est en situation de sécheresse.
A l’Ouest, les précipitations ont diminué en 2023 de 40%
Dans ce même ordre d’idées il faut souligner que selon certaines études, « depuis quelques années l’Algérie a basculé d’un pays pratiquement semi aride à un pays fortement aride singulièrement à l’Ouest où il a été constaté un glissement des étages bioclimatiques d’environ 150 kilomètres au nord, sachant que la rareté des précipitations et le prolongement de la sécheresse ont provoqué un décalage des cycles végétatifs des cultures. Par ailleurs, des études d’impact du changement climatique ont montré
que la pluviométrie concernant notre pays est en baisse, que la température augmente et que les accidents extrêmes se multiplient. Toutes les recherches confirment ainsi que l’Algérie connaîtra un accroissement sévère de l’aridité qui la rendra davantage vulnérable au stress hydrique et à la désertification. Les modèles agro-climatiques prévoient que le changement climatique en Algérie aura pour effet de modifier le cycle de l’eau contribuant à une dégradation des terres agricoles, à la baisse des productions et des rendements agricoles, et à une perte de la biodiversité. Pour en savoir plus sur la situation actuelle des conditions climatiques dans cette région, à l’instar des autres professionnels du secteur, nous avons contacté Hadj Makri Belhocine, ingénieur agronome d’une soixantaine d’années est un exploitant agricole de la wilaya de Sidi Bel Abbés. Ce dernier qui s’est spécialisé en grandes cultures en particulier dans la culture du blé et des fourrages, n’en revient, pas car très déçu de l’état médiocre de la végétation, bref, il n’y a pas photo ! Lors de notre échange de propos sur la question, notre interlocuteur nous déclaré « Dans notre plan de culture, nous avons programmé l’emblavement de plusieurs parcelles en blé et en fourrage durant la campagne labours-semailles de l’année écoulée.
Aussi, nous avons constaté que plus de deux mois après le semis, le taux d’humidité du sol demeuré très faible d’où l’impossibilité de réussir la germination des graines.» Et d’ajouter avec un accent plus optimiste, « Le seul miracle qui peut se produire en ce début d’année 2025, et que le ciel nous apporte une pluie abondante capable de provoquer la renaissance de la végétation afin de donner espoir à tous les agriculteurs de notre région. »
Et si la solution venait des eaux épurées ?
« Il est impératif que l’Algérie prenne des initiatives et des actions proactives afin adapter sa stratégie de gestion de l’eau à la donne climatique », préconise le professeur Ahmed Kettab, expert et consultant international en matière de gestion de l’eau. Selon ses recommandations, « quelque 20 milliards de dollars ont déjà été dépensés par l’Algérie dans le secteur de l’eau ces vingt dernières années, notamment pour la construction de barrages, dont le nombre s’élève aujourd’hui à 85 (…) Il est prévu, qu’à l’horizon 2025-2030, atteigne les 125 à 130 barrages ». « Ce que je peux soulever en premier, c’est que dans notre situation, il faut privilégier des petits barrages de 100 000 à 150 000 m3, mais des barrages en terre pour une durée de vie de 5 à 6 ans, et tous proches des exploitations agricoles », a-t-il suggéré. En second point, il conseille un traitement des eaux usées beaucoup plus conséquent. « Nous
utilisons 1 à 2 milliards de m3, dont 80% sont finalement rejetés en eau usée. Celle-ci doit absolument passer par des traitements, primaire, secondaire et même tertiaire pour être réutilisées par l’agriculture ».
Autres axes évoqués, le développement d’une stratégie d’exploitation des eaux souterraines disponibles et l’élaboration d’une réglementation adaptée. D’après son avis, ce n’est qu’après que vient le dessalement de l’eau de mer « mais pas avec des stations de 300 000 et 500 000 m3. Nous devons aller vers des stations de 100 000 m3 bien maîtrisées ». Des projets dans lesquels il faudra impliquer des entreprises nationales « qui soient en mesure de réaliser des stations de 10 000 à 20 000 m3 en moins d’un an ». Egalement, « Nous devons aussi fournir un plus grand effort pour la formation et la recherche et développer la coopération internationale, etc. »
Rabah Karali
Des agriculteurs de la région ouest du pays tirent la sonnette d’alarme
Il faut un miracle pour ʺfreinerʺ la sécheresse